Fil d'Ariane
Les revendications sont nombreuses afin de permettre au plus grand nombre de se les approprier. On y retrouve, entre autres, l’égalité salariale entre femmes et hommes et les conditions de travail au sens large. Mais cela va plus loin nous dit Roxanne Chinikar, membre du collectif : « Cela concerne aussi le travail non ou faiblement rémunéré, entendez les soins, l’éducation, le nettoyage, des services que l’on sait plutôt féminisés et où les femmes sont dans des situations de grande précarité […] On veut vraiment un changement de focalisation par une revalorisation de tout ce travail qui est à la base de l’humanité. »
Toujours dans les revendications, on retrouve l’écologie, la question des frontières, du racisme, des sexualités, des identités de genre, de l’emprise et du contrôle du corps des femmes. Sans oublier la lutte contre les violences faites aux femmes. « C’est ce qui maintient ce système de domination et d’exploitation des femmes. »
Une grande manifestation est d’ores et déjà annoncée le 8 mars à Bruxelles. Les étudiantes sont appelées à sécher les cours et les femmes à ne pas s’occuper de la maison, ni des enfants, ce jour-là, et le collectif encourage les initiatives des femmes dans tout le pays.
Et les hommes dans tout ça ? « Ils peuvent nous apporter du soutien », répond Pauline Forges, membre, elle aussi, de ce collectif. « Ça peut être en s’occupant des enfants, en assumant toutes les tâches ménagères ou encore en remplaçant les femmes qui ne seraient pas rendues au travail ce jour-là. » Bref en assurant les rôles qu’elles n’assumeront pas le 8 mars.
Mais qu’en est-il des syndicats ? Soutiennent-ils l’appel à la grève ? Le son de cloche est différent en fonction du syndicat, même si tous affirment l’importance du mouvement.
Le mot d’ordre à la FGTB, la Fédération générale du travail de Belgique, est la mobilisation et le soutien massif. Le président du syndicat socialiste, Robert Vertenueil explique : "C’est une journée importante, nous étions parmi les premiers à dénoncer les inégalités entre hommes et femmes. Les femmes sont les premières victimes de ce gouvernement donc évidemment nous soutenons le mouvement ". Si la FGTB n’a pas officiellement déposé de préavis de grève, certaines centrales l'ont fait : la Centrale Générale, la CGSP (Centrale générale des services publics) enseignement, la CGSP Bruxelles et la MWB FGTB (métallos) ont lancé un préavis.
Car cette journée du 8 mars est aussi pour la FGTB l’occasion de rappeler les revendications "Nous réclamons une individualisation des droits. Les femmes sont plus pénalisées que les hommes dans leurs carrières. Ce n’est pas normal, les femmes ont des carrières différentes des hommes parce que ce sont encore elles qui sont en charge des enfants notamment, explique Robert Vertenueil. C’est un combat social mais aussi sociétal ! Vous avez beaucoup de beaux discours sur l’égalité homme-femme mais finalement les vieux réflexes machistes ; discriminatoires sont encore là," ajoute-t-il.
Marche des femmes à Barcelone, le 8 mars 2018.
La CSC (Confédération des syndicats chrétiens) appelle également ses affiliés à rejoindre les actions. Là aussi, le syndicat en profite pour sortir quelques chiffres : en 2017, l’écart salarial homme-femme était de 21% en Belgique et l'écart de pension de 28%. Gaëlle Demez est responsable nationale des femmes CSC : "Le mouvement est né en Espagne l'année dernière, puis a pris de l'ampleur chez nous. Au départ, certains avaient décidé d'y prendre part de manière individuelle, puis le collectif 8 mars nous a contacté. Alors nous avons décidé de couvrir toutes nos affiliées qui voudraient rejoindre le mouvement".
Il est injustifiable que les travailleuses, parce que nées femmes, subissent des conditions de travail, de rémunération et des pensions inférieures aux hommes.
Confédération des syndicats chrétiens
La CSC participera donc également à la marche à 17 heures à la gare centrale de Bruxelles, et mènera des actions dans plusieurs provinces. "En 2019, en Belgique, il est injustifiable que les travailleuses, parce que nées femmes, subissent des conditions de travail, de rémunération et des pensions inférieures aux hommes," expliquent les syndicats dans un communiqué commun. De son côté la CNE (Centrale nationale des employés) avait annoncé le dépôt d'un préavis de grève fin janvier en vue de cette action.
On nous l’assure au syndicat libéral CGSLB, la question du genre et de l’égalité est un sujet sur lequel on travaille depuis des décennies. Mais on n’appelle pas ses affilié.e.s à faire grève pour autant : "Cela ne veut absolument pas dire que l’on est pas concerné par la problématique, qu’on agit pas pour l’égalité homme-femme. Mais après réflexion, nous avons estimé que faire grève le 8 mars n’était pas une réponse adéquate au problème" nous explique Olivier Valentin, le secrétaire national de la CGSLB. "Nous penchons pour une sensibilisation et une action constante. Ce que les collectifs font est très important, il faut continuer, car on voit qu’il y a encore des soucis. En matière d’écart salarial mais aussi de plafond de verre notamment," ajoute-t-il.
Retrouvez dans la vidéo qui suit, le débat entre Olivier Valentin, secrétaire national du syndicat libéral, et Ruth Paluku-Atoka, membre du collectif "8 Mars" dans Soir Première, au micro de Nicolas Vandenschrick.
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