"Une déferlante pour l'égalité ", voilà le cri de ralliement de ce 8 mars 2022 en France.
"Nous voulons être reconnues dans nos métiers, bien payées, à égalité avec les hommes au travail !", écrit le collectif à l'origine de cet appel, inédit en France, estimant que
"la prise de conscience et les mobilisations féministes grandissent et font bouger les lignes partout dans le monde". Au total ce sont près d'une quarantaine d'associations qui s'unissent pour signer cet appel à la grève lors de la Journée internationale des droits des femmes : associations féministes bien sûr, mais aussi, des collectifs de défense des droits humains, comme le droit au logement, ou encore des syndicats de travailleur-euse-s.
Car il est question aussi de précarité, accentuée par la crise sanitaire depuis deux ans :
"les femmes sont toujours en première ligne, mal payées, majoritaires dans des métiers essentiels (soins, santé, services publics). Nous sommes touchées de plein fouet par la précarité, les bas salaires et le temps partiel subi". Aides à domicile, assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH), enseignantes, soignantes, travailleuses sociales, elles sont les premières touchées par les conséquences économiques du Covid. Mais pas seulement à cause de la crise et en temps de crise. Les militantes s'insurgent contre l'invisibilisation et la déconsidération de ces femmes à leur travail. L'occasion de lancer un appel à la convergence des luttes, "Les femmes immigrées ou sans papiers sont surexploitées, peu reconnues socialement et peu susceptibles d’évoluer dans leurs emplois. Nous voulons qu’elles soient régularisées !", écrit le collectif.
Rencontre avec l'une des employées d'Ibis qui se sont battues pour leurs droits et qui ont gagné ►Stop aux violences sexistes et sexuelles
En ligne de mire également, les violences sexistes et sexuelles. Les militantes mettent en avant toutes les mobilisations mondiales autour du mot dièse MeToo, et dans tous les secteurs de la société :
"Nous refusons les violences sexistes et sexuelles que ce soit dans les bars (#BalanceTonBar), dans nos couples ou nos familles (#MeTooInceste), dans la santé (#StopVog, Stop violences obstetricales et gynécologiques), dans notre travail, les lieux scolaires universitaires (#metoofac), dans les fédérations sportives, la culture (#metootheatre), le journalisme, la politique (#metoopolitique)".Il s'agit aussi à travers cette mobilisation de dénoncer pour ce collectif toute forme de discrimination à l'égard des femmes, et notamment le classisme qui vise les femmes handicapées,
"pénalisées par le manque de soins et freinées dans leur choix d’autodétermination de leur sexualité ou dans la possibilité de mettre au monde des enfants". L’occasion aussi de dénoncer les stéréotypes sexistes qui persistent encore aujourd'hui dans l'éducation en premier lieu dans les manuels scolaires,
"L’orientation ne doit plus être genrée, personne ne doit contrôler nos corps et la façon dont nous nous habillons !", en référence aux polémiques récentes dans les écoles sur le port de crop top (hauts ou tee shirts montrant le nombril, ndlr) ou de jupes trop courtes ou trop longues, mais aussi au port du foulard...
A quand la fin de la charge mentale ?
"Parce que c’est l’égalité et que nous le valons bien !", cet appel reprend aussi les mots d'une publicité bien connue d'une marque de cosmétiques pour dénoncer la charge mentale.
"Nous refusons d’être les variables d’ajustement, celles qui sacrifient leur travail, qui enchaînent les doubles journées avec le ménage, les courses, la cuisine, etc. pour pallier les déficits de services publics et prendre soin des enfants ou des personnes dépendantes".Là aussi, la crise du Covid a fait des dégâts, en encourageant le télétravail, on en oublie qu'il est impossible d'assurer sa journée tout en gardant les enfants, privés d'école pour cause de cas contact ou de test positif ...
Quant au congé parental, les militantes réclament son allongement et une meilleure rémunération,
"pour qu’il soit plus partagé". Solidarité avec les femmes afghanes
Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, les associations féministes se mobilisent pour soutenir leurs soeurs afghanes. Ce 8 mars sera aussi donc un jour de soutien à toutes les femmes prises au piège de conflits dans le monde.
Un appel sur fond de campagne présidentielle
Le communiqué rappelle que
"pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sachant que pour les seules violences conjugales, le Conseil Economique Social et Environnemental estime à 1 milliard l’investissement nécessaire."
Ce sont donc les candidat-e-s qui sont visé-e-s par les réclamations des féministes, mobilisées pour revendiquer une égalité salariale et
"dénoncer le fait que les femmes sont toujours payées un quart en moins. En France, c’est comme si nous arrêtions d’être payées chaque jour à partir de 15h40", tout en remettant sur la table la question des retraites,
"inférieures de 40% à celles des hommes".
"Ce 8 mars, nous serons à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement et le patronat bloquent toute avancée et multiplient le féminisme washing. Pire, la réaction masculiniste s’organise relayée par l’extrême droite qui revendique un discours sexiste, raciste et LGBTophobe. Partout dans le monde, la première chose que font ces partis réactionnaires quand ils arrivent au pouvoir, c’est de remettre en cause les droits fondamentaux des femmes.", lit-on encore.
L'appel se conclut par une sévère critique du mandat d'Emmanuel Macron, qui a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat, opération qualifiée "d’enfumage", par les militantes du collectif qui appellent toutes les femmes à faire grève le 8 mars, sur ces mots
"Plus de bla bla, plus de promesses sans lendemain, des actes. Ne nous libérez pas, on s’en charge !". Appel lancé par : Action Aid Peuples Solidaires, Assemblée des Femmes, Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF), APEL-Égalité, ATTAC, Chiennes de garde, CGT, CNT-SO, Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), collectif Tenon, Collectif bas les masques, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir – FDFA, Fffrac, FIDL, Fondation Copernic, FSU, Héro.ïnes95, Las Rojas, Les Ateliers du Travail, Les Rosies, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes de Paris, Marche mondiale des femmes France, Mémoire Traumatique et Victimologie, Mouvement Femen, Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F), Nous Toutes, On Arrête Toutes, Osez le féminisme, RajFire, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Stop Violences Obstetricales et Gynécologiques, SKB, UNEF, Women Safe and Children…
Soutien des partis politiques : EELV, Ensemble !, France Insoumise, Génération.s, NPA, Parti de Gauche, PCF, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti Socialiste, Place Publique, Union des Communistes Libertaires
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