Fil d'Ariane
La mobilisation réunit un large éventail d’associations (dont Osez le féminisme, Les Effronté-es, Le Planning familial…), de syndicats (CGT, FSU, Solidaires, UNEF…) et de partis politiques (PCF, France insoumise, Générations, EELV, NPA…)
Un appel à la grève CGT, FSU et Solidaires a été lancé. Dans la fonction publique, des préavis ont été déposés dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’énergie, du rail ou à La Poste. Avec ou sans préavis de grève, selon le statut de leur entreprise, les femmes sont appelées à cesser le travail, soit toute la journée du 8 mars, soit en débrayant pendant deux heures, à 15h40 par exemple - il suffira pour cela d'en informer leur direction.
En France, aujourd'hui, l’écart de rémunération persiste à 25 % entre les femmes et les hommes, selon la moyenne présentée par le collectif, "C’est comme si chaque jour à partir de 15h40, les femmes travaillaient gratuitement... Ce sont les métiers dits féminisés qui sont les moins rémunérés. C'est le cas notamment dans la fonction publique d'Etat où, en moyenne, une femme gagne 400 euros de moins qu'un homme", précise Sigrid Gérardin de la FSU.
Le monde du travail reste le théâtre non seulement d'inégalités persistantes dans le domaine des salaires, mais aussi de violences et de discriminations visant les femmes. Sur ce point, une avancée a été enregistrée, comme l'annonce Sophie Binet, de la CGT, qui parle même de "bonne nouvelle" : "Grâce à MeToo, les syndicats ont réussi à gagner une loi mondiale contre le harcèlement et les violences dans le monde du travail, la Convention 190 de l'Organisation internationale du Travail... Il reste maintenant aux Etats à la ratifier, comme l'ont déjà fait la Namibie, l'Italie, l'Uruguay, l'Argentine, les Îles Fidji", relève néammoins la syndicaliste. Les autorités françaises ont annoncé, à la suite de la mobilisation du 25 novembre dernier, la ratification de cette Convention, "mais cela implique la création de nouveaux droits pour protéger les victimes et améliorer les politiques de prévention, c'est ce qui sera au coeur de notre grève féministe".
Plus d'un quart des femmes déclarent avoir été victimes de violences sexistes au travail, 80% des entreprises n'ont pas de plan de prévention, alors que c'est une obligation "en théorie", comme le précise encore Sophie Binet. Jusqu'ici, le non-respect de cette convention ne fait pas l'objet de sanction, ajoute-t-elle, "et avec le télétravail, les violences conjugales se déroulent désormais sur le lieu de travail, elles ne peuvent plus rester en dehors des radars des employeurs".
#8marstouslesjours instantanés de manif pour la Journée internationale des droits des femmes à Paris pic.twitter.com/M30LL0Xf7m
— isabelle mourgere (@IMourgere) March 8, 2021
Parmi les 37 associations du collectif de la grève féministe figure aussi un groupe de sans-papiers, d’aides à domicile, d’employées de McDonald’s, ainsi que de femmes ouïgoures. Toutes dénoncent "discriminations et harcèlement".
Ana Azania, de Femmes égalité, porte la parole des aides à domicile, invisibles s'il en est, "Si elles ne s'étaient pas battues en organisant des pétitions, elles n'auraient pas eu la promesse du président Macron d'obtenir la prime de 400 euros. Mais de la promesse à la réalité"... Beaucoup de ces aides à domicile n'ont encore rien touché, en particulier celles du secteur privé. (...) Et puis, il y a aussi une catégorie qui fait partie des plus invisibles parmi les invisibles, ce sont les travailleuses sans-papier, qui sont très nombreuses dans ce secteur".
"Si les femmes sans-papier s'arrêtent de travailler, beaucoup de secteurs dits essentiels s'arrêtent" , indique Bchira de la Marche des Solidarités, "Nous voulons lancer un cri de SOS, car nous payons très cher le prix de la crise sanitaire. Sans travail, sans ressources, nous nous retrouvons livrées à la plus grande précarité. Le 8 mars, nous voulons briser le silence et dénoncer la double violence, patriarcale et économique, que nous subissons ajoute la militante. Privées de titre de séjour, nous sommes livrées à l'esclavage moderne... Jusque-là, aucune régularisation massive n'a vu le jour, contrairement à d'autres pays d'Europe, le 8 mars, nous serons là pour appeller à la sororité féminine, pour dire que la femme sans-papier, c'est la voisine, la maman des copains de vos enfants à l'école, c'est la femme qui contribue à l'économie comme consommatrice, comme travailleuse", dit-elle encore, des larmes dans la voix.
"La crise sanitaire a mis en lumière le rôle fondamental des femmes dans la société, mais les premières de corvée ne sont toujours pas reconnues", appuie Anne Leclerc de On arrête toutes. Cette association, créée en 2019, a décidé de lancer le mouvement dès le dimanche 7 mars. Un rassemblement festif et revendicatif a été organisé Place de la République, à Paris. Ce rassemblement avait pour but de rendre visibles les mobilisations des femmes pour dire stop aux inégalités salariales et professionnelles et à la surexploitation, stop aux violences sexistes et sexuelles, aux discriminations et au racisme.
#8marstouslesjours les Rosies en tête de la manif à Paris pic.twitter.com/zy6UIrAqc7
— isabelle mourgere (@IMourgere) March 8, 2021