#Démographie : La population mondiale dépasse mardi les 8 milliards d'habitants, selon les Nations unies, qui y voit un rappel, en pleine COP27, de "notre responsabilité partagée de prendre soin de notre planète".https://t.co/U5xbo0jpvE
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) November 15, 2022
Danica, la 7 milliardième Terrienne, née en 2011

Celle qui nous avait fait passer le cap historique de 7 milliards d'habitants sur Terre, avait fait, en octobre 2011, la Une des journaux. L'annonce de la naissance de Danica, 7 milliardième habitante de la planète, à Manille, aux Philippines, créait alors la liesse dans son pays.
Et pourtant, statistiquement, il eut été plus probable qu’un petit Bayani ou Dakila (prénoms masculins tagalog populaires aux Philippines) ait vu le jour.
Car s’il y a à peu près le même nombre de femmes que d’hommes sur Terre, ces derniers sont un peu plus nombreux : 102 hommes pour 100 femmes en 2020, selon les chiffres de l'ONU. D'autant qu'il naît aujourd'hui de moins en moins de filles...
Chaque seconde, la population mondiale varie de +2,64 humains.
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Plus précisément encore, sur 1000 personnes, 504 sont des hommes (50,4 %) et 496, des femmes (49,6 %). Il naît un peu plus de garçons que de filles : 106 garçons pour 100 filles. Mais la mortalité est supérieure chez les garçons – dans l’enfance, mais aussi à l’âge adulte.
Il arrive donc un âge où les hommes et les femmes sont en nombre égal : dans le monde, c’est entre 50 et 54 ans. Au-delà, les femmes sont plus nombreuses, l’écart se creusant avec l’âge. Ainsi, en 2020, huit centenaires sur dix étaient des femmes.

Vers une carence de femmes ?
Ainsi le monde commence-t-il à faire face à une "carence" de femmes en âge de procréer, qui pourrait conduire à des déséquilibres démographiques lourds de conséquences. D’autant que la population globale vieillit, surtout dans les pays dits développés, tout en continuant à croître – d’ici 2050, la Terre devrait compter 9 milliards d’habitants."Les chiffres en Chine, en Grande-Bretagne ou en France ont tous illustré une chute importante des naissances durant la pandémie. Quand les personnes se sentent en situation d'insécurité face à l'avenir, ils ne font pas d'enfants. Aux Etats-Unis, le Brooking Institution a même estimé à 300 000 le nombre de bébés qui ne sont pas nés du fait du Covid-19. Depuis, on observe une petite remontée de la natalité, mais il est fort probable que le Covid-19 n'a fait qu'accentuer une tendance durable, celle de la baisse des taux de fécondité. Il faut bien avoir conscience que si la population mondiale continue aujourd'hui à croître, ce n'est pas du fait des naissances, mais parce que les humains ne meurent plus aussi vite qu'avant", estime Darrell Bricker, PDG d'Ipsos Public Affairs, dans L'Express.
Dans de nombreuses régions de l’Inde, ce rapport est aussi nettement supérieur à 105, également depuis des décennies. En dépit d’une amélioration dans les États les plus touchés au Nord-Ouest (Pendjab, Haryana, Rajasthan), plusieurs autres États comme l’Uttar Pradesh ou le Maharashtra, autrefois épargnés, accusent aujourd’hui la même évolution démographique.
Dans ces deux pays, qui comptent en tout 2,76 milliards d’habitants, il y a environ 80 millions d’hommes de plus que le nombre jugé souhaitable, et plus de la moitié d’entre eux ont moins de 20 ans. "Rien de tel ne s’est jamais produit dans l’histoire de l’humanité", écrivait le Washington Post dans un article paru en avril 2018.
Dans d’autres pays d’Asie, comme le Vietnam, le Népal ou le Pakistan, le nombre de garçons dépasse aussi celui des filles de plus de 10 %. Les populations asiatiques de la diaspora manifestent la même tendance : en Angleterre, on observe 113 garçons pour 100 filles parmi les troisièmes naissances (probablement après deux filles) chez les populations d’origine indienne ; même phénomène signalé en Italie chez les Chinois, en Norvège chez les Indiens, ainsi qu’en Grèce et en Italie chez les immigrés albanais.
Le taux de naissance masculine en constante croissance
Depuis au moins 20 ans, il y naît bien plus de garçons que de filles en Europe aussi, notamment dans le Caucase et les Balkans, où le sexe-ratio à la naissance se situe entre 110 et 117 pour 100 filles – soit davantage que la moyenne en Inde. L’Azerbaïdjan est le deuxième pays au monde après la Chine en termes de déséquilibre des sexes à la naissance. Durant la décennie 2000, on a même décompté en Arménie jusqu’à 185 garçons pour 100 filles parmi les troisièmes naissances, sans aucun doute un record mondial. En Albanie, au Kosovo, au Monténégro et en Macédoine occidentale, les niveaux avoisinent 110-111 naissances de garçons pour 100 filles, avec une redoutable régularité.Que se passe-t-il ?
En Inde et au Pakistan, où il manque 5 millions de femmes, la pauvreté de nombreuses familles pousse ces dernières à préférer les garçons aux filles ; lors des mariages, la famille de l’épouse doit verser une dot à celle du marié, un coût que tous ne peuvent pas se permettre. Par ailleurs, on estime que les hommes sont plus productifs que les femmes, et en cela plus "rentables" pour les familles les plus démunies.
Il en va de même en Chine. En 1979, l’instauration de la politique de l’enfant unique, en vigueur jusqu’en 2015, ainsi que le développement progressif des techniques d’échographie ont fait beaucoup de tort au genre féminin, les parents préférant bien souvent donner naissance à un fils (les "enfants-empereurs"). Car s’il faut choisir, on garde le garçon qui, dans la tradition confucéenne, peut seul succéder aux parents et perpétuer le culte des ancêtres.
Dans les pays du Golfe (Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Koweït), où une grande partie de la main d’œuvre est d’origine étrangère, les travailleurs migrants n’ont bien souvent pas la possibilité de faire venir leurs familles. D’où d’énormes déséquilibres statistiques, avec parfois plus de 2000 hommes pour 1000 femmes.
Gynécides : des millions de non-nées
À l'occasion de la 5ème édition du festival "Les femmes s'exposent" à Houlgate, rencontre avec la photographe belge @youqinelfvr. D'origine chinoise, elle nous invite en "terre promise", une série intimement liée à son histoire personnelle. pic.twitter.com/QyMEGu38tN
— TERRIENNES (@TERRIENNESTV5) June 30, 2022
Si, un temps, l’infanticide au féminin – la mise à mort des nouveaux-nés filles – était couramment pratiqué dans ces pays, la science a depuis progressé, rendant ce "gynécide" plus facile et contrôlable. Le développement de l’insémination artificielle permet de sélectionner avant la naissance le sexe de l’enfant. Les échographies déterminent de plus en plus tôt si le bébé à naître est un garçon ou une fille, pouvant conduire à l’avortement sélectif. Pour les raisons culturelles et/ou sociales évoquées plus haut, les familles préfèrent avoir un ou plusieurs garçons.
Les dangers du déséquilibre
Des études montrent déjà que 94% des célibataires de 28 à 49 ans en Chine sont des hommes qui, pour la plupart, n’ont pas terminé leurs études secondaires. Or il se peut qu'une masculinisation trop importante de la société chinoise n’entraîne une hausse nette de la violence et du crime.
On assiste aussi à une augmentation des mariages par correspondance, notamment en Chine. Beaucoup de Chinois se tournent vers l'étranger et notamment la Birmanie pour trouver une femme, parfois via un mariage arrangé.
Pour des raisons socio-économiques, il faut aussi s’attendre à un ralentissement du taux de natalité dans les pays concernés d’ici vingt à quarante ans. D’où un vieillissement de la population et, à terme, un net ralentissement de ces économies pour l’instant très dynamiques.

Des solutions à long terme
Des campagnes similaires ont été lancées en Inde : devant le nombre des familles recourant à l’avortement sélectif en fonction du sexe pour choisir les garçons, le gouvernement a adopté une loi interdisant le dépistage du fœtus et ce type d’intervention. En Chine, un assouplissement de la politique de l’enfant unique, notamment dans les campagnes, pourrait amener à rétablir un semblant d’équilibre des sexes dans le pays. Cependant il faudra attendre une vingtaine d’années avant que les premiers effets de ces politiques se fassent sentir. Actuellement, notamment en raison de la crise sanitaire qui a éclaté en 2020, le nombre de naissance ne cesse de diminuer en Chine.
En Europe du Sud et dans le Caucase, de récents efforts de compréhension du phénomène sont plus le fait d’une mobilisation internationale que d’une prise de conscience de la population, et ils n’ont pas encore débouché sur des mesures concrètes. Mais alors, où sont les femmes ? En Europe orientale : les pays de l’ancienne Union soviétique, comme la Russie, la Lituanie ou la Lettonie sont majoritairement féminins, car l’espérance de vie des hommes y est plus faible qu’ailleurs.