"Les révélations récentes d'agressions sexuelles subies par plusieurs jeunes sportifs font trembler le système et réveillent notre colère", écrivent dans Le Parisien les membres de la Commission des athlètes de haut niveau du CNOSF (le Comité olympique français), parmi lesquels figurent la star du judo Teddy Riner, la danseuse sur glace Nathalie Péchalat ou la joueuse de tennis Tatiana Golovin. "Nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec les victimes (...) Nous ne pouvons plus nous taire ! Il est temps d'agir collectivement et de prendre conscience que briser le silence, c'est aussi servir le sport", ont poursuivi la cinquantaine de signataires.
"Ça peut arriver dans toutes les fédérations", la championne d'escrime Astrid Guyart réagit au témoignage de Sarah Abitbol. Avec 53 athlètes olympiques elle signe une tribune pour dire stop aux violences sexuelles dans le sport :https://t.co/wRpIfop9Wo pic.twitter.com/eOZb8sO23p
— franceinfo (@franceinfo) February 5, 2020
Dysfonctionnement général
Ce 31 janvier, Gilles Beyer, 62 ans, a reconnu "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, lui présentant des "excuses" que cette dernière a refusées.D'autres anciennes patineuses ont émis des accusations contre Gilles Beyer et d'autres entraîneurs.
Abus sexuels dans le sport : Catherine Moyon de Baecque, la première sportive à avoir brisé l'omerta - Institut National de l'Audiovisuel https://t.co/ArC6grNByG #metoo pic.twitter.com/RmzoASI7h9
— SexualAbuseWatch (@sex_abuse_news) February 5, 2020
Mis en cause pour sa passivité, le président de la Fédération des sports de glace Didier Gailhaguet a été appelé lundi à la démission par la ministre des Sports Roxana Maracineanu. Il contre-attaque en accusant la prédécesseure de Maracineanu à l'époque, Marie-George Buffet, d'avoir permis à Gilles Beyer de rester dans le circuit au début des années 2000, malgré une enquête administrative soulignant des attitudes inappropriées avec de jeunes patineuses : "Elle lui a retiré son statut et elle nous l'a renvoyé", affirme-t-il.
Violences sexuelles dans le patinage : "Il y a un silence institutionnalisé", a expliqué la ministre des Sports Roxana Maracineanu pic.twitter.com/YVXbQBQ3jm
— franceinfo (@franceinfo) February 4, 2020
D'autres responsables de la Fédération, eux, ont choisi de se retirer :
#sports Violences sexuelles dans le patinage français : démission d’un quart du bureau exécutif de la @ffsportsdeglace #Patinage@Sports_gouv @Egal_FH @INSEP_paris @thepatinage @colossepiedsdar@Fond_Scelles @Fondationfemmes @ap @memoiretrauma #metoohttps://t.co/WZLWJkWQq0
— Jean-Philippe Calmus (@CalmusJP) February 5, 2020
Le président de la Fédération sous pression
Dans le bras de fer engagé entre Roxana Maracineanu et Didier Gailhaguet, le dirigeant ne peut en tout cas pas dire qu'il ignorait les problèmes posés par Beyer au tournant des années 2000, puisqu'il était précisément le destinataire du courrier de parents qui a donné la première alerte, comme le montre le rapport issu de l'enquête administrative.Didier Gailhaguet doit s'exprimer ce mercredi lors d'une conférence de presse, mais il a déjà fait savoir que la question de sa démission ne serait pas tranchée avant la fin de l'inspection diligentée par le ministère.

Sous pression, Didier Gailhaguet trouvera-t-il une nouvelle fois la parade ? Ce n'est pas la première fois qu'il est dans le collimateur. Eclaboussé par une affaire de tricherie aux JO de Salt Lake City en 2002, il avait été interdit de toute fonction dans le patinage international pendant trois ans. Il avait également dû démissionner en 2004 de la présidence de la FFSG, après un rapport de la Cour des comptes dénonçant des dérives de gestion, mais il avait retrouvé la tête de la fédération en 2007.
Cellule d'écoute
Les signataires de la tribune plaident pour "la création d'une cellule d'écoute des victimes, indépendante des fédérations", ainsi qu'un contrôle systématique des casiers et antécédents judiciaires "des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations". Ils ont aussi appelé à mettre en place des "actions de formation, de sensibilisation et de prévention" et des "mesures législatives" pour les personnes impliquées dans des affaires de violences sexuelles.
A lire aussi dans Terriennes :
► #MeToo du patinage français : ouverture d'une enquête après les révélations de Sarah Abitbol, violée par son entraîneur à 15 ans
► Coupe du monde de football : en direct ou non, les journalistes sportives n'ont pas à subir de harcèlement
► Au Canada, des skieuses agressées par leur entraîneur réclament des changements majeurs dans le sport
► "Elle l’a bien cherché" : le film qui suit le parcours judiciaire des femmes violées en France
► Au Chili, les manifestantes accusent les forces de police de violences et d'abus sexuels
► #NousToutes : marée violette en France contre les violences faites aux femmes
► Japon : #flowerdemo, protéger les victimes, pas les violeurs