Fil d'Ariane
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Au Parlement de Canberra, Christine Harms, 60 ans, montre une photo de son fils Kenneth, handicapé, qui lui a été enlevé à la naissance, alors qu'elle n'avait que 15 ans. En mars 2013, la PM australienne, Julia Gillard, était la première au monde à présenter ses excuses aux milliers de mères célibataires forcées par les politiques gouvernementales à donner leurs bébés en adoption. Le gouvernement britannique, lui, ne l'a pas encore fait...
Like I said previously, I defo think we can build an #AdopteeRights movement in the UK because though today’s @HumanRightsCtte JCHR report on forced adoption is jst an acknowledgment, it’s a start to getting what adopted people need. #ForcedAdoption #AdoptionUK #AdopteeVoices https://t.co/VFbkNfwpnM
— Annalisa S. Toccara (@AnnaToccara) July 15, 2022
"I loved her so much, I still love her"
— BBC News (UK) (@BBCNews) May 25, 2021
Hundreds of women in the UK, forced into giving up their babies for adoption in the 1950s, 60s and 70s, call on the prime minister to issue a government apologyhttps://t.co/dxFUaNYsLL pic.twitter.com/frmieVB3by
Sarah, originaire d'Ecosse, a perdu définitivement la garde de sa fille en s'extirpant d'une relation abusive. "J'ai fait trois tentatives de suicide, je ne voulais simplement plus être de ce monde", raconte-t-elle. De son enfant, il ne lui reste plus que des photos. "Je suis déprimée. Je suis en deuil. C'est ce besoin de la serrer dans mes bras, d'être une mère, et tu ne peux pas. C'est le pire sentiment du monde. C'est comme si j'étais punie pour avoir été maltraitée." Pour Anna Neale, le risque que leurs enfants puissent leur être définitivement retirés et adoptés empêche certaines mères de demander de l'aide.
La loi britannique se focalise sur le bien-être de l'enfant, le juge devant être convaincu de l'existence d'un risque de préjudice futur pour approuver le retrait d'un enfant, plutôt que de se voir présenter des preuves d'abus ou de négligence.
Beckie, qui vit près de Birmingham dans le centre de l'Angleterre, a déjà vu deux de ses enfants lui être retirés pour être adoptés et se bat pour que ce ne soit pas le cas de deux de ses autres enfants qui ont été placés. Elle raconte avoir fui le Royaume-Uni pour se rendre en Allemagne, où elle est tombée enceinte de son cinquième enfant, mais les services sociaux britanniques ont contacté les autorités allemandes et sa fille lui a été retirée. "Je rêve d'eux", raconte cette femme qui a passé une grande partie de sa jeunesse dans le système d'aide à l'enfance.
A l'origine, en Angleterre, au pays de Galles et en Ecosse, l'adoption se concentrait sur les besoins des adultes plutôt que sur ceux des enfants. Il faut attendre 1976 pour que les procédures d'adoption intègrent le système de protection de l'enfance, permettant aux tribunaux d'autoriser des adoptions sans l'accord parental.
Les pays européens autorisent tous l'adoption sans consentement parental, mais peu – voire aucun – n'exerce ce pouvoir autant que ne le font les tribunaux britanniques, selon un rapport de l'Union européenne. Selon ses données, les adoptions, avec ou sans le consentement des parents, étaient au nombre de 5 050 en 2013 en Angleterre et au Pays de Galles, contre 3 293 en Allemagne et 730 en France. Par ailleurs ces quatre dernières années, en moyenne 1 500 enfants placés au Royaume-Uni ont été adoptés chaque année contre le gré des parents biologiques, selon des chiffres du gouvernement.
Le système d'adoption anglais est à l'origine de tensions avec certains autres pays européens, en particulier la Lettonie, la Slovaquie et la Bulgarie. Le Parlement letton s'est formellement plaint auprès de la Chambre des communes que des enfants originaires du pays soient adoptés par des familles britanniques sans consentement parental.
Dans l'une des affaires d'adoption, l'ambassade de Bulgarie a suggéré plusieurs alternatives pour la prise en charge d'un enfant bulgare, plutôt que son adoption en Angleterre. En 2012, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l'ambassade à Bratislava pour protester contre l'adoption d'enfants au Royaume-Uni.