Affaire Amy Ndiaye : les deux députés qui ont frappé la députée condamnés

La scène a choqué bien au delà des frontières du Sénégal. C'était le 1er décembre dernier : une députée est frappée, en pleine séance parlementaire à Dakar, une séance retransmise en direct à la télévision. Recherchés et finalement interpellés, les deux agresseurs ont été condamnés à une peine de six mois de prison ferme.
Image
scène sénégal
Le 1er décembre 2022, Amy Ndiaye (en jaune) se fait frapper par deux autres députés. Ces derniers ont été placés en garde à vue à Dakar. 
©capture d ecran/television senegalaise
Partager4 minutes de lecture
Massata Samb et Mamadou Niang, ces deux députés qui ont frappé la parlementaire Amy Ndiaye, filmés en direct à la télévision, vont passer les six prochains mois en prison. Ainsi en a décidé la justice sénégalaise au terme de leur procès. 
 

Le premier cité a giflé la députée, et le second lui a donné un coup de pied au ventre le 1er décembre 2022 au cours du vote du budget du ministère de la Justice. Des coups assénés, selon Massata Samb après qu'elle eut tenu des "propos irrespectueux" contre leur chef religieux dirigeant leur parti.

Le tribunal les a aussi condamnés à payer chacun une amende de 100.000 francs CFA (150 euros), et "solidairement" des dommages et intérêts de cinq millions de FCFA (7.625 euros) pour "coups et blessures volontaires". Le parquet avait requis deux ans ferme.

Les deux députés sont membres du Parti de l'Unité et du rassemblement (PUR), une composante de la principale coalition de l'opposition, dont le chef est Serigne Moustapha Sy, un guide religieux qui n'est pas député mais est très influent au Sénégal.

Selon Seneplus.com qui cite une source proche du dossier, "les députés ont refusé de répondre aux questions des enquêteurs. Pour justifier leur comportement, les parlementaires renseignent qu’ils sont couverts par l’immunité parlementaire. S’ils ont répondu présents, soutiennent les députés, c’est parce qu’ils respectent l’instruction du dossier". Toujours selon le même site d'information sénégalais, "les deux députés mis en cause ont produit deux certificats médicaux d’arrêt de travail et leurs plaintes ont été déposées au niveau du parquet, de la Dic (Division d'investigation criminelle, ndlr) et de la gendarmerie".

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Violence anti-femme en direct

Amy Ndiaye, maire de la commune de Gniby (centre), est enceinte. Après avoir subi ces violences, elle a dû être admise dans un établissement hospitalier. 

La police a été saisie par le Parquet à la suite d'un courrier du président de l'Assemblée nationale exigeant des poursuites contre les deux députés, avait indiqué l'avocat de la députée violentée.

L'opposition a accusé Amy Ndiaye d'avoir manqué de respect à Serigne Moustapha Sy lors d'une intervention à l'Assemblée où elle affirmait qu'il ne tenait pas sa parole et manquait de respect au président Macky Sall, selon des propos diffusés par les médias.

Éradiquer les violences d'ici 2030

La scène de violence a été largement condamnée au Sénégal, et ailleurs, d'autant qu'elle est survenue pendant la campagne annuelle internationale "Seize Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles", soutenue par l'ONU, campagne qui avait démarré le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Chaque année, les agences des Nations Unies soutiennent cette initiative et lancent un appel à la mobilisation internationale pour mettre fin à la violence contre les femmes d’ici 2030. A travers la Campagne Tous Unis, le système des Nations Unies appelle à une mobilisation mondiale pour renforcer les efforts de sensibilisation, plaidoyer, partage des connaissances et innovations.

16 jours
Lancement de la campagne "16 jours" en 2021.
©DR

En 2021, le Sénégal avait à cette occasion mis un accent particulier sur la vulgarisation de "la loi du 10 janvier 2020 modifiant la loi de juillet 1965 portant Code pénal", criminalisant les actes de viol et de pédophilie. Le pays est signataire des principaux instruments juridiques internationaux et régionaux  relatifs aux droits fondamentaux de la femme et de la fille tels que la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF), la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant, la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples et son Protocole additionnel relatif aux droits de la femme, les Objectifs du Développement Durable, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing en 2000.