Affaire Depardieu : mobilisation féministe pour "un monde sans violences sexistes"

Gérard Depardieu placé en garde à vue dans un commissariat à Paris... Depuis l'automne dernier, les accusations portées contre l'acteur sont venues alimenter le mouvement #MeToo en France, en particulier dans le monde du cinéma. En janvier dernier, un collectif d'associations féministes lançait un appel national pour "un monde sans violences sexistes et sexuelles".

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Gérard Depardieu

L'acteur français Gérard Depardieu lors d'une conférence de presse, en Serbie, le jeudi 4 septembre 2014.

©AP Photo/Darko Vojinovic
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Lundi 29 janvier 2024, nouvelle étape dans ce qu'on désigne désormais comme "l'affaire Depardieu", nouvelle épisode du mouvement #MeToo en France. L'acteur Gérard Depardieu a été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire parisienne. Il doit être entendu sur des accusations portées par deux femmes. La première est une décoratrice qui travaillait dans l'équipe du film Les Volets Verts et accuse l'acteur de l'avoir agressée sexuellement en 2021. La seconde plaignante l'accuse de même faits en 2014. 

La diffusion sur France 2 d'un reportage au cours duquel on voit l'acteur multipliant les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, avait choqué les associations féministes, mais aussi bien au-delà du cercle militantiste, secouant la sphère politique et suscitant de vives réactions au sein d'une partie de la population. 

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La fin "du vieux monde sexiste" ?

En janvier, alors que l'affaire Depardieu était au coeur de la polémique, le collectif Grève féministe avait appelé à manifester : "Nous appelons toutes celles et ceux qui défendent les droits des femmes, des enfants et des minorités de genres, et qui refusent les violences sexistes et sexuelles à des rassemblements", écrit le collectif Grève féministe dans son communiqué.

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"Depuis #metoo, des progrès étaient accomplis. Ne laissons pas anéantir ces progrès par des propos irresponsables, graves et sexistes du président de la République qui a porté atteinte aux droits des victimes et aux droits de toutes les femmes et enfants", estime le collectif.

Des rassemblements ont eu lieu dans une trentaine de villes, dont Lille, Marseille, Lyon... Ils ont réuni chacun quelques dizaines de personnes, davantage à Paris avec 300 à 400 personnes. "Un violeur est un violeur, halte à l’impunité, qu'il soit acteur, PDG ou M. Tout le monde", "victimes, on vous croit, violeurs on vous voit", scandaient des manifestants rassemblés non loin du siège de la présidence, l'Elysée. Trois membres des Femen ont brandi, seins nus, des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Brisons le silence et le vieux monde !" "Patriarcat tu es foutu, #Metoo est dans la rue !"

Le président est en totale contradiction avec ses promesses faisant des violences faites aux femmes sa priorité.Annick Karsenty

A Lille, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dans le centre. "Avec MeToo, en 2017, on disait aux femmes de parler. Là, elles parlent, mais elles ne sont pas crues", déplore Amy Bah, 26 ans, représentante du collectif Nous toutes. A Marseille, le rassemblement a réuni quelque 80 personnes, en grande majorité des femmes. 

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Affaire Depardieu

Parmi les manifestant.e.s, la comédienne Charlotte Arnould, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu, conduisant en 2020 à son inculpation pour viol et agression sexuelle, ou encore l'actrice Anna Mouglalis. "Il y a un décalage entre ce que pense le président de la République et ce qui se passe activement dans la société française", déclare-t-elle, se disant "archi-choquée" par les propos du président de la République Emmanuel Macron.

Le 20 décembre 2023 à la télévision, Emmanuel Macron a apporté son soutien à Gérard Depardieu - mis en examen pour viols et visé par trois plaintes pour agression sexuelle ou viol qu'il réfute -, le qualifiant d'"immense acteur" qui rend "fière la France" et dénonçant une "chasse à l'homme".

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Le président du MoDem François Bayrou a de son côté pris ses distances avec la position de l'Elysée, déclarant n'avoir "aucune indulgence" pour l'acteur.

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De nombreuses personnalités du monde du cinéma se sont opposées à coup de tribunes dans la presse. Les unes défendant l'acteur, les autres le mettant en cause. Des actrices, comme Laure Calamy, ou Anouk Grinberg, ont dénoncé le silence du milieu du cinéma sur les agissements dont est suspecté l'acteur.

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Lutte contre les violences, grande cause du quinquennat

"Autoproclamé champion de la lutte contre les violences faites aux femmes, le président Macron s'avère ni plus ni moins un défenseur des agresseurs présumés", estime Grève féministe, déplorant que le chef de l'Etat n'ait pas "eu un mot de solidarité à l'égard des victimes présumées".

Les manifestations étaient organisées par le Collectif féministe contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, la Ligue des droits de l'Homme, le Planning familial et Osez le féminisme.

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