Affaire Rubiales : les championnes du monde espagnoles trouvent un accord

La majorité des internationales espagnoles, en grève depuis l'affaire Rubiales, ont accepté de réintégrer la sélection pour affronter la Suède en Ligue des Nations, à la suite d'un accord avec la Fédération et le gouvernement. Les joueuses s'étaient mises en grève pour réclamer une refonte en profondeur des instances du football national. 

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EQUIPE ESPAGNOLE

Le Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sanchez se tient aux côtés de l'équipe espagnole de football féminin après sa victoire en Coupe du monde, au palais de La Moncloa à Madrid, Espagne, mardi 22 août 2023

AP / Manu Fernandez
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Coup de sifflet final pour le #MeToo du foot espagnol ?

"Nous sommes parvenus à une série d'accords qui seront rédigés et signés demain par la Fédération et le Conseil supérieur des Sports", a déclaré à la presse le secrétaire d'État aux Sports, Victor Francos, après des négociations qui se sont prolongées jusqu'aux petites heures du matin.

Les joueuses nous ont fait part de leur inquiétude quant à la nécessité de procéder à de profonds changements au sein de la RFEF. Victor Francos, secrétaire d'État aux Sports

"Sur les 23 joueuses convoquées, deux ont demandé la possibilité de quitter le camp d'entraînement pour des raisons (...) d'inconfort personnel", a-t-il sans révéler leurs noms, précisant qu'elles ne seraient pas soumises à des sanctions, contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment.

"Les joueuses nous ont fait part de leur inquiétude quant à la nécessité de procéder à de profonds changements au sein de la RFEF (la fédération espagnole de football, NDLR) et la fédération a promis que ces changements interviendraient immédiatement", ajoute le ministre.

L'accord prévoit de développer la loi espagnole sur "les politiques de genre, les progrès en matière d'égalité salariale, dans les structures pour le sport et spécifiquement pour le football féminin".

Selon la presse espagnole, l'un de ces changements immédiats pourrait être le départ du secrétaire général de la RFEF Andreu Camps.

 

À quand un vrai changement ?  

La nouvelle sélectionneuse de l'Espagne, Montse Tomé, avait créé la surprise en convoquant pour les matches contre la Suède et la Suisse une quinzaine de championnes du monde et d'autres joueuses qui avaient demandé à ne pas être sélectionnées jusqu'à ce qu'il y ait des changements profonds au sein de la fédération de football.

Suite au scandale du baiser forcé de l'ancien président Luis Rubiales imposé à la footballeuse Jenni Hermoso lors de la Coupe du monde en Australie, ces footballeuses estimaient que la démission de Luis Rubiales et le licenciement du sélectionneur Jorge Vilda étaient insuffisants.

"Les changements qui ont eu lieu ne sont pas suffisants pour que les joueuses se sentent dans un endroit sûr, où on respecte les femmes, où on parie sur le football féminin et où nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes", ont écrit 21 des 23 championnes du monde dans un communiqué diffusé notamment par la Ballon d'Or, Alexia Putellas, sur les réseaux sociaux.

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Nous pensons que c'est le moment de lutter pour montrer que ces pratiques n'ont pas leur place dans notre football et dans notre société Sélection nationale espagnole 

"Ce qui nous rend le plus fières est de porter le maillot de notre sélection" mais "nous pensons que c'est le moment de lutter pour montrer que ces pratiques n'ont pas leur place dans notre football et dans notre société" et "que la structure actuelle a besoin de changement", ont-elles ajouté dans ce texte signé au total par 39 joueuses.

Les changements demandés à la RFEF sont basés sur la tolérance zéro à l'égard des personnes qui, au sein de la RFEF, ont eu, incité, caché ou applaudi des attitudes qui vont à l'encontre de la dignité des femmes Sélection nationale espagnole 

"Nous le faisons pour que les générations futures puissent connaître un football beaucoup plus égalitaire et à la hauteur de ce que nous méritons", disent-elles encore.

(Re)voir → Agression de Jennifer Hermoso : Luis Rubiales refuse de démissionner

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"Les changements demandés à la RFEF sont basés sur la tolérance zéro à l'égard des personnes qui, au sein de la RFEF, ont eu, incité, caché ou applaudi des attitudes qui vont à l'encontre de la dignité des femmes", insistent-elles.

Éclipsant le sacre mondial de la Roja féminine à Sydney le 20 août, le baiser forcé du président de la fédération Luis Rubiales à la N.10 Jennifer Hermoso, lors de la remise des médailles, a plongé le football espagnol dans le chaos et déclenché une vague d'indignation internationale.

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Suite à l'agression en direct de Jenni Hermoso par Luis Rubiales, un vaste mouvement de soutien à la joueuse a vu le jour en Espagne, dénonçant les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du sport. Ce mouvement s'est notamment fédéré autour du #SeAcabo, "ça suffit" en espagnol.

AP / Emilio Morenatti

(Re)lire → Le foot espagnol en crise après le maintien de son patron

L'annonce des championnes du monde intervient alors que la fédération avait convoqué à 16H00 (14H00 GMT) la presse pour la présentation par la nouvelle sélectionneuse Montse Tomé de sa liste de joueuses pour les deux matches de fin septembre en Ligue des nations.

Les instances du foot espagnol avaient pourtant affiché leur optimisme ces derniers jours vis-à-vis d'un retour des championnes du monde, en mettant en avant la démission dimanche de Luis Rubiales et le limogeage la semaine dernière du sélectionneur de l'équipe féminine, Jorge Vilda, proche de Rubiales et dont les méthodes étaient contestées.