Le mouvement a pris une telle ampleur que quelques un(e)s de ses initiateurs ont été reçus, dès le 20 août, par Beatrice Ask, ministre suédoise de la Justice du gouvernement conservateur aux commandes de ce pays du Nord. Elles l'avaient auparavant interpellée dans
une tribune publiée par le très populaire quotidien Aftonbladet, proche des sociaux démocrates. Les initiatrices du #Hijabuppropet pointent l’augmentation des actes islamophobes en Suède : « Dans notre pays le nombre d’agressions contre les musulmans est en augmentation et les femmes musulmanes qui portent des foulards sont obligées de le maintenir de plus en plus serrés afin de ne pas se le faire arracher. La ministre de la Justice et les autres politiciens doivent agir avec fermeté pour garantir que personne ne sera victime d’agressions physiques ou verbales en raison de sa croyance. »
Une menace contre la démocratie en Europe
Les signataires de ce texte font de cette recrudescence "
une menace pour la démocratie suédoise", mais pour d'autres aussi, en rappelant que : "Ce n'est pas seulement un phénomène suédois, et il doit également être placé dans un contexte européen. Dans la banlieue de Paris, une femme musulmane enceinte à été attaquée si violemment qu'elle a perdu son enfant. Et voilà moins d'un mois, en plein Ramadan, qu'une femme a été battue jusqu'au sang dans un quartier huppé de Londres."La ministre leur a répondu également par voie de presse dans
l'Expressen, un autre journal, plus en phase avec la droite au pouvoir : "La police n'a jamais eu autant de ressources qu'aujourd'hui (...) Les délits de haine raciale sont une chose qu'il faut traiter en priorité. Nous savons que les femmes sont victimes de discriminations à bien des égards, et je pense qu'on doit être attentif au fait que les femmes musulmanes se sentent en particulier visées et le prendre très au sérieux".
Mais les protestataires ne se satisfont pas de ces paroles. Jeudi 22 août, ils défileront à Stockholm. Et ils demandent la création d'une commission d'enquête sur les violences à l'égard des musulmanes en Suède.
Ce n'est pas la première fois que le voile est ainsi porté par des femmes qui n'auraient jamais imaginé s'en vêtir. En 1957, à Alger, des militantes indépendantistes et bien peu pratiquantes ou croyantes, défilèrent voilées, contre les autorités de la France coloniale qui arrachaient souvent les haïks des femmes pour mieux les soumettre. Mais ces mêmes combattantes, au lendemain de l'indépendance, pour se rappeler au bon souvenir des nouvelles autorités qui avaient une fâcheuse tendance à les renvoyer vers leurs foyers et leurs prières, marchèrent à nouveau dans les rues de la ville blanche… sans aucun voile sur la tête.