Des révélations choc
Depuis une semaine, les révélations se succèdent et des femmes connues brisent un silence vieux de décennies pour plusieurs d’entre elles : l’ex journaliste Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil québécois du statut de la femme, Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec, Sue Montgomery, journaliste du quotidien montréalais anglophone The Gazette et Michèle Ouimet, grand reporter au quotidien La Presse.
Sue Montgomery est l’instigatrice d’un mouvement qui a fait tache d’huile dans les réseaux sociaux : elle a lancé sur Twitter le mot-dièse #beenrapedneverreported , qui a suscité un engouement absolument incroyable avec des millions de messages. La
Fédération des Femmes du Québec a par la suite décidé de lancer l’équivalent en français
#AgressionNonDenoncee, qui remporte là aussi un gros succès avec des milliers de messages de femmes qui avouent, elles aussi, avoir subi une ou des agressions sexuelles et ne pas avoir osé porter plainte ou tout simplement en parler.
Toutes sont deux fois victimes : victimes de l’agression et victimes du silence qui a suivi l’agression, du secret lourdement porté pendant des années. Sans oublier le poids de la culpabilité qu’elles vivent après les faits. C’est d’ailleurs pourquoi ces personnalités publiques ont décidé de témoigner : pour inciter d’autres femmes à parler, raconter, dénoncer, porter plainte, se libérer de ce fardeau.
Pour dire, comme l’a écrit Michèle Ouimet, qu’il y a une vie après le viol. "J'ai réfléchi longuement avant d'écrire cette chronique. Avais-je envie de me jeter dans le vide et de parler de ce viol caché dans ma mémoire depuis des années? Non. Mais j'ai plongé parce que je voulais que l'on comprenne le silence des femmes violées.
Et je me suis dit qu'après 40 ans, je pouvais sortir de mon placard au nom de toutes les femmes qui n'osent pas. Et pour leur dire qu'il y a une vie après le viol.”
Deux députés canadiens suspendus
En parallèle à toutes ces révélations, le chef du
Parti Libéral du Canada, Justin Trudeau, a décidé, mercredi 5 novembre, de suspendre du caucus (groupe parlementaire) libéral deux de ses députés après avoir été informé d’allégations d’inconduite et de harcèlement de leur part. Les victimes seraient des députées du
Nouveau Parti Démocratique, l’autre parti de l’opposition (gauche) au Canada. L’une d’elles aurait raconté son histoire à Justin Trudeau qui a donc pris par la suite cette décision plutôt inusitée. Il a aussi demandé une enquête au président de la Chambre des Communes et du Bureau de régie interne.