Ahed Tamimi, jeune icône palestinienne, arrêtée pour "incitation au terrorisme"

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Ahed Tamimi, icône palestinienne

Une fresque représentant la militante palestinienne Ahed Tamimi sur la barrière de séparation controversée d'Israël dans la ville de Bethléem en Cisjordanie, le dimanche 19 juin 2022.

©AP Photo/Maya Alleruzzo
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Ahed Tamimi a été arrêtée pour une publication Instagram "incitant au terrorisme" selon l'armée israélienne. Depuis plusieurs vidéos devenues virales, cette militante palestinienne est devenue pour les Palestiniens et leurs soutiens à travers le monde une icône de la lutte contre l'occupation israélienne.

Les images d'Ahed Tamimi aujourd'hui âgée de 22 ans ont fait le tour du monde : à 11 ans, on la voit sur ces clichés brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens; à 14 ans, au milieu d'autres femmes, elle tente de faire lâcher prise un soldat plaquant contre un rocher un enfant au bras dans le plâtre; puis, à 16 ans, elle apparaît en tenue de détenue entourée de policiers israéliens.

La maison familiale des Tamimi, comme leur village de Nabi Saleh, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, est devenue au fil des ans le point de rencontre des militants palestiniens -et étrangers- contre le mur israélien de séparation, contre les colons et les raids israéliens dans les territoires occupés et pour le soutien à la cause palestinienne.

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"Arrêtée pour une publication sur instagram" 

Ahed Tamimi vient d'être une nouvelle fois arrêtée par l'armée israélienne. Dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza et de flambée de violences en Cisjordanie, elle la "soupçonne d'incitation à la violence et à des activités terroristes", selon un porte-parole.

Ahed Tamimi subit actuellement "un interrogatoire plus approfondi" selon l'armée, une source des services de sécurité évoquant une publication Instagram attribuée à la jeune militante qui promet de "massacrer" des Israéliens "dans toutes les villes de Cisjordanie" et fait référence à Hitler.

Quand Ahed essaye d'ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, il est aussitôt bloqué. Narimane Tamimi, mère d'Ahed

Pour sa mère Narimane Tamimi -dont l'époux Bassem Tamimi est depuis plus de deux semaines dans une prison israélienne-, c'est impossible : car "quand Ahed essaye d'ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, il est aussitôt bloqué".

La jeune femme est cependant régulièrement citée sur les réseaux sociaux. Le Real Madrid la reçoit en 2018. La presse israélienne se déchaîne contre une "provocatrice qui sait médiatiser ses actes".

Ahed et Bassem Tamimi

Ahed Tamimi, à gauche, marche avec son père Bassem à son arrivée dans leur village natal de Nebi Saleh, en Cisjordanie, près de Ramallah, le dimanche 29 juillet 2018.

©AP Photo/Nasser Nasser

Des mots perçus comme une "provocation"

Lorsqu'elle témoigne à travers le monde de ses huit mois passés dans une prison israélienne, de nouveau, ressortent les accusations en Israël d'une famille qui "exploite" ses enfants à des fins politiques.

Chaque mot que je dis, c'est un poids, une responsabilité, et donc c'est quelque chose de lourd que je porte. Ahed Tamimi, (AFP, 2018)

"Chaque mot que je dis, c'est un poids, une responsabilité, et donc c'est quelque chose de lourd que je porte", admettait-elle à l'AFP en France en 2018.

Chaque mot, mais aussi chaque image.

Dans une vidéo filmée au téléphone en décembre 2017, on la voit s'approcher avec sa cousine de deux soldats appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison selon sa famille, puis leur donner des coups de pied et de poing et des gifles.

En 2012 déjà, la fillette s'était distinguée en brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens, des images qui avaient fait le tour du monde et qui lui avaient valu d'être reçue par Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc.

Trois ans plus tard, à l'été 2015, elle était sur des images également remarquées, parmi des femmes qui tentaient de faire lâcher prise à un soldat plaquant contre un rocher un enfant au bras dans le plâtre. Son petit frère.

Ahed Tamimi, son procès en 2028

Ahed Tamimi est amenée dans une salle d'audience à l'intérieur de la prison militaire d'Ofer, près de Jérusalem, le lundi 15 janvier 2018.

©Photo AP/Mahmoud Illéan

Celle qui rêvait de football

Née en 2001 à Nabi Saleh, la jeune femme qui rêvait de devenir footballeuse a grandi avec l'étau se resserrant sur la Cisjordanie: elle a vu le mur de séparation israélien grignoter des terres, de nouvelles colonies pousser alentours et surtout entendu les récits familiaux. 

Son père Bassem, souvent à la tête de manifestations contre les colons israéliens, a été emprisonné plusieurs années par Israël. Il raconte que sa fille a été marquée par les récits d'incursions et d'arrestations des forces israéliennes, et affirme que la famille compte plusieurs "martyrs", dont l'oncle et la tante d'Ahed. 

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