Libération d'Alexandra Skotchilenko, condamnée pour des messages contre la guerre en Ukraine

Arrêtée en avril 2022 pour avoir remplacé les étiquettes dans un supermarché par des messages contre l'invasion russe en Ukraine, Alexandra Skotchilenko était condamnée à sept ans de prison. Elle a été libérée dans le cadre d'un échange de prisonniers.

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Alexandra Skotchilenko

La jeune artiste Alexandra Skotchilenko, condamnée à 7 ans de camp disciplinaire en Russie. 

©Amnesty France
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Un tribunal russe l'avait condamné à "sept ans de colonie" pénitentiaire, la juge Oksana Demiacheva l'estimant coupable de "diffusion de fausses informations" sur l'armée. Un crime passible de quinze ans de prison ferme.

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L'artiste russe Alexandra Skotchilenko fait partie des 16 prisonniers libérés dans le cadre d'un échange de prisonniers négocié par Joe Biden avec Vladimir Poutine avec le truchement de la Turquie.

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Une artiste en rebellion 

Originaire de Saint-Petersbourg, l'artiste et musicienne russe Alexandra Skotchilenko a été arrêtée en avril 2022 pour sa protestation contre la guerre en Ukraine. Pour toucher un large public, elle avait astucieusement remplacé, dans les supermarchés, les étiquettes des produits de grande consommation, machinalement consultées par tout un chacun, par des messages dénonçant l'invasion russe en Ukraine. Ainsi 400 roubles devenaient-ils 400 personnes bombardées à Marioupol, etc...

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Santé fragile

Le procès de Alexandra Skotchilenko s'est ouvert en décembre 2022. Maintenue en détention malgré une santé précaire, la jeune femme de 33 ans a été condamnée le 16 novembre 2023.

Nadejda Skotchilenko se disait inquiète pour la santé de sa fille, qui souffre d'une maladie intestinale chronique et d'un problème cardiaque congénital. "Une peine de prison ferme serait une catastrophe pour Sacha", disait-elle – Sacha étant le diminutif d'Alexandra.

Enfant à la santé fragile, Alexandra a passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, raconte cette femme âgée de 60 ans, qui a arrêté de travailler jusqu'aux 14 ans de sa fille pour s'occuper d'elle et tenter de lui offrir "une vie normale". Depuis son arrestation, la santé de la jeune femme se détériorait rapidement, expliquait-elle.

Alexandra Skotchilenko ne peut pas manger de gluten, mais un régime diététique est difficile, sinon impossible, à suivre en prison, et ses troubles cardiaques se sont aggravés. Elle souffre d'arythmie et de douleurs de poitrine, selon ses proches. "J'ignore combien de temps il lui faudra pour recouvrer la santé", dit sa mère qui, elle, a quitté la Russie.

Audiences pénibles

Toutes les demandes de résidence surveillée ont été rejetées : sa sœur vivant en France, Alexandra Skotchilenko risquerait de s'enfuir pour la rejoindre, estimait la justice russe. Selon Nadejda, sa fille subit une véritable "torture" pendant les audiences de son procès, qui "peuvent durer parfois de six à huit heures", et où "Sacha n'est pas autorisée à prendre de l'eau avec elle".

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"Haine politique"

La jeune femme est inculpée d'avoir répandu de "fausses informations" sur les forces armées russes et d'être animée par une "haine politique". Toute critique de l'invasion de l'Ukraine est illégale en Russie et passible de lourdes peines d'emprisonnement depuis le déclenchement de la guerre en février 2022.

Poutine nous ment depuis vingt ans... La conséquence de ces mensonges est que nous sommes prêts à justifier une guerre et des morts insensées. Alexandra Skotchilenko

En dépit des risques, Alexandra Skotchilenko avait remplacé des étiquettes dans un supermarché par de courtes phrases dénonçant le conflit. A commencer par le siège meurtrier par l'armée russe de Marioupol, qui a fait au moins 20 000 morts dans les premiers mois de la guerre selon les autorités ukrainiennes. "Poutine nous ment depuis vingt ans", lisait-on sur un de ces messages. "La conséquence de ces mensonges est que nous sommes prêts à justifier une guerre et des morts insensées."

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Malade, mais combative 

Malgré tout, Alexandra Skotchilenko est apparue combative pendant les audiences de son procès, et souriante dans la cage réservée aux accusés. Selon sa mère, elle n'a jamais exprimé le moindre regret.

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Dans une lettre depuis sa prison, l'artiste écrivait que son acte n'avait pas été vain, puisqu'il avait montré au monde que des Russes protestaient contre la guerre. Elle décrivait les dures conditions de vie des prisonniers en cellule, expliquant qu'ils n'avaient pas d'eau potable et que la nourriture qu'on leur donnait conviendrait à des "animaux".

Le pire dans les prisons russes est le mépris de tous les besoins humains les plus basiques et les plus élémentaires. Alexandra Skotchilenko

"La chose la plus dégoûtante dans les prisons russes est le mépris de tous les besoins humains les plus basiques et les plus élémentaires", écrivait-elle.

Lev Ponomarev, un défenseur des droits humains âgé de 82 ans exilé en France, exhortait les gouvernements occidentaux à faire des échanges de prisonniers avec la Russie pour qu'Alexandra Skotchilenko et d'autres dissidents emprisonnés, comme le député moscovite Aleksei Gorinov ou l'opposant Vladimir Kara-Mourza puissent sortir de prison. "Ils sont malades", disait-il lors d'une conférence de presse dans les locaux d'Amnesty International à Paris. Nadejda Skotchilenko a toujours assuré que sa fille ne se laisserait pas briser. "Elle survivra, elle est très forte. Mais à quel prix ?"

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