Fil d'Ariane
Qu'est ce qu'il s'est passé Entre Will Smith et Chris Rock là ? #Oscars pic.twitter.com/lYznPBZyd0
— CANAL+ (@canalplus) March 28, 2022
Cette scène a suscité une vive émotion chez d'autres femmes souffrant elles aussi d'alopécie, qui ont tenu à en parler sur les réseaux sociaux. "Parlons de ce que c'est que de vivre avec l'alopécie", a lancé sur Twitter l'élue démocrate Ayanna Pressley, qui a révélé en 2020 les souffrances et le mal-être que provoquaient chez elle cette affection. Dès l'issue de la cérémonie, la sénatrice avait félicité Will Smith pour son geste sur Twitter, avant d'effacer ensuite son message. "Bravo à tous les maris qui défendent leurs femmes atteintes d'alopécie face à l'ignorance et aux insultes du quotidien", avait-elle écrit.
Let’s talk about what it’s like to live with #alopecia. The deeply vulnerable & difficult moments that our families see. Appreciation post for those who hold us down & support us when we’re at our lowest points. They see us, fully. #IYKYK pic.twitter.com/vITnxgCn9f
— Ayanna Pressley (@AyannaPressley) March 28, 2022
[Parlons de ce que c'est que de vivre avec l'#alopécie. De ces moments de vulnérabilité particulièrement difficiles que traversent nos familles. Message d'amour pour ceux qui nous soutiennent lorsque nous sommes au plus bas. Ils nous voient tels que nous sommes.]
Ces dernières années, plusieurs actrices se sont exprimées sur l'impact causé par la perte de leurs cheveux, qu'elle soit due au stress, à une affection post-partum ou au Covid-19.
Viola Davis, première actrice noire à avoir remporté un Oscar, un Emmy Award et un Tony Award, et célèbre héroïne, entre autres, de la série Murder, elle aussi a révélé avoir souffert d'alopécie pendant une grande partie de sa vie, essayant de le cacher avec des postiches. "J'avais une perruque que je portais à la maison, une autre que je portais lors d'événements, encore une que je portais pour le sport. Je n'ai jamais montré mes cheveux naturels. Je voulais désespérément que les gens pensent que j'étais belle", a-t-elle déclaré dans les médias. C'est ainsi, qu'aux Oscars 2012, elle expose pour la première fois ses "cheveux naturels". Et si aujourd'hui elle porte encore des perruques pour des rôles ou des séances photo, elle ne les porte plus dans sa vie de tous les jours. Ce qui compte, dit-elle dans un entretien à Vulture, c'est que "c'est une option… alors que ce n'était jamais une option. J'avais quelque chose à cacher."
Viola Davis à la cérémonie des #Oscars. pic.twitter.com/7M6jyeo13W
— Infos Séries (@SeriesUpdateFR) April 25, 2021
"J'ai lutté contre la perte de cheveux pendant toute ma vie d'adulte, écrit de son côté l'actrice Ricki Lake sur les réseaux sociaux en montrant ses cheveux rasés. Ça a été gênant, douloureux, déprimant, solitaire. Il y a eu quelques fois où j'ai même eu des envies de suicide".
"Je me suis habituée à porter des extensions, au cours de la dernière décennie. De tous les types, je l'ai tous essayées, celles qui sont collées, les bandes adhésives, les clips, puis un prothèse capillaire que je détestais. (...) J'ai essayé des perruques à quelques reprises mais je n'ai jamais pu m'y habituer. Tout semblait faux et j'étais super gênée et mal à l'aise. J'ai consulté de nombreux médecins, j'ai reçu des injections de stéroïdes dans la tête, j'ai pris toute sorte de nutriments, puis d'autres. Mes cheveux repoussaient puis je les perdais à nouveau. C'était affolant.", précise l'actrice sur son compte instagram.
Récemment, l'actrice Alyssa Milano a dit avoir perdu ses cheveux après avoir contracté le Covid-19 : "C'est difficile, surtout quand on est actrice et qu'une grande partie de son identité tient à des choses comme des cheveux longs et soyeux". "Ce n'est pas glamour, mais c'est la réalité : je dois prendre de longues douches pour ramasser tous les cheveux qui tombent et les jeter pour ne pas boucher la baignoire. Pourquoi les actrices n'en parlent-elles jamais ?", confiait Selma Blair (Sexe Intentions, ndlr) au magazine People en 2011 peu après son accouchement.
"L'alopécie n'est pas une blague", a réagi dans un communiqué la Fondation nationale de l'alopécie aux Etats-Unis, basée en Californie. "Il s'agit d'une maladie auto-immune qui entraîne une perte de pilosité sur le cuir chevelu, le visage et parfois d'autres parties du corps", détaille la Fondation.
"Elle peut avoir un impact émotionnel, psychosocial et mental important... De nombreuses personnes font face à la douleur, et la meilleure chose que nous puissions faire est de les soutenir et de lutter contre la stigmatisation et la discrimination qui persistent", insiste Nicole Friedland, la présidente d'Alopecia fundation .
L’alopécie est légèrement plus fréquente chez l’homme que chez la femme, nous apprend le site de l'Association canadienne de dermatologie. Mais la chute de cheveux peut également survenir pour d’autres raisons, notamment à la suite d’une intervention chirurgicale importante, d’un accouchement ou d’une autre forme de stress physique ou psychologique. Elle peut aussi être causée par une maladie sous-jacente, telle que le lupus, une carence en fer, un dérèglement hormonal ou l’utilisation de certains médicaments. Près de 40 % des femmes de 50 ans montrent des signes de perte de cheveux.
En France, on compte entre 60 000 et 120 000 personnes atteintes. 16% des femmes souffrent d’alopécie, contre 50% des hommes.
Une jeune militante a créé un compte Instagram @paulinealopecia pour parler de cette maladie dont elle souffre depuis l'âge de 7 ans. Un changement qui la bouleverse et qu'elle camoufle sous un bonnet au quotidien à l'école, comme elle le confie dans un entretien à Marie-Claire. Jusqu'au déclic, lors d'un voyage scolaire en première, elle décide de ne plus se cacher :"Ce n'était pas vraiment moi, et le jour où j’ai arrêté je me suis vraiment sentie mieux. En fait, j’en avais juste ras-le-bol de vivre de cette manière, des remarques et de devoir me cacher". Depuis la jeune femme, qui se présente comme militante queer et féministe se montre à crâne découvert et milite, entre autres, contre ce tabou. "J'aimerais rendre cette maladie plus visible, elle est encore trop peu connue ou trop souvent associée à un cancer", explique-t-elle dans un témoignage publié sur aufeminin.com.
Certains pourraient s'étonner que Chris Rock ait moqué les cheveux ras de Jada Pinkett Smith aux Oscars. L'humoriste connait pourtant bien le sujet, sujet "sensible" s'il en est. En 2009, il co-réalisait Good Hair, un documentaire qui abordait la relation complexe entre les femmes noires (mais aussi des hommes, citant l'exemple des "brushings" à répétition du chanteur James Brown, ndlr) et leurs cheveux. Il y dénonçait aussi, démonstration scientifique et expérience chimique à l'appui, le marché des produits capillaires de lissage et de défrisage hautement toxiques destinés aux cheveux crépus. L'idée de ce film lui était venue d'une de ses filles qui lui demandait pourquoi elle n'avait pas de "beaux cheveux".
Une étude publiée en juillet 2019 dans le Journal of the American Academy of Dermatology a révélé que les Afro-Américain-e-s souffraient d’alopécie à un taux plus élevé que d’autres, comme le rapporte le Huffpost. Selon les chercheurs, une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux pourraient être en cause.