A 5 ans, Amandine Henry ne veut pas jouer à la poupée. Elle veut jouer au football avec ses cousins ; son papa l'encourage et l'inscrit au club du quartier, avec les garçons. Elle est la seule fille et doit gagner sa place parmi les gars, qui ne l'épargnent pas. Mais au fond, dit-elle encore aujourd'hui, "c'est sur le terrain que l'on se fait respecter. En en faisant autant qu'eux, souvent plus qu'eux..." De ses coéquipiers de l'époque, elle est la seule à avoir fait une carrière dans le football. "C'est plus difficile pour les garçons, qui sont si nombreux à vouloir faire du football professionnel," estime-t-elle.
A 15 ans, elle entre au centre de formation du football de Clairefontaine. Une période que la footballeuse considère aujourd'hui comme l'un de ses meilleurs souvenirs. Lorsque les autres vont faire la fête ou les magasins, elle poursuit son objectif, le regard fixé droit devant elle. Dans le football, elle se structure, trouve un sens à sa vie. "Le football a fait de moi une femme. J'ai appris à me battre, à me relever, à trouver mon identité."
Le football a fait de moi une femme.
Amandine Henry
Professionnelle
En 2007, elle signe un contrat professionnel avec l'Olympique Lyonnais. A bientôt 30 ans, elle y est encore, après une brève escapade au PSG et une parenthèse américaine auprès des Thorns de Portland. De cette plongée dans le monde du soccer outre-Atlantique, elle retient une hyperresponsabilisation des joueuses quant à leur hygiène de vie, une attitude positive et un engagement physique qu'elle voudrait désormais transmettre à son équipe.
Aujourd'hui, Amandine Henry perçoit l'un des meilleurs salaires de l'Olympique Lyonnais. L'égalité salariale ? "En France comme aux Etats-Unis, dans le football, on en est loin", dit la championne. Les plus haut salaires du championnat de France féminin tournent autour 15 000 euros brut par mois, mais le salaire moyen d’une footballeuse professionnelle oscille entre 1 500 et 3 000 euros. A titre de comparaison, le salaire moyen chez les hommes en Ligue 1 est de 75 000 euros brut par mois, alors que le Brésilien Thiago Silva empoche 1,1 million d’euros mensuel selon le magazine Capital en 2016. Des écartsqui sont tout aussi astronomiques aux États-Unis.
Numéro 6

Depuis, Amandine Henry a gagné sa place dans l'équipe de France, où elle porte le maillot numéro 6. En 2017, peu après l'arrivée de Corinne Diacre au poste de sélectionneure nationale, elle devient la capitaine des Bleues. Cet été 2019, elle disputera en France la Coupe du monde.
Et maintenant : ballon d'or ?
En janvier 2016, elle était la seule joueuse présente dans la première édition du classement des 30 personnalités les plus influentes du football français du quotidien français L'Equipe. En 25e place en 2019, Amandine Henry émerge comme l'une des figures du football féminin en France. Avec Amel Majri et Wendie Renard, elle est nominée pour le Ballon d'or féminin 2019.
Un modèle pour les footballeuses en herbe
Amandine Henry fait partie de la première génération de footballeuses qui peut vivre de sa passion. "Jamais je n'aurais jamais pensé en arriver là," dit-elle aujourd'hui. Bientôt trentenaire, elle songe désormais à sa reconversion. Elle voudrait devenir entraîneure et continuer à développer le football féminin. "J'ai conscience que dix ans plus tôt, je n'aurais jamais pu devenir professionnelle, tout simplement parce que ça n'existait pas." De fait, en France, le statut de semi-professionnel n'est autorisé pour les joueuses que depuis 2009. L'Olympique Lyonnais a mis sur pied une équipe féminine professionnelle en 2004.De son parcours, elle a fait un roman destinée aux petites filles, pour qu'elles puissent s'identifier. Elle se souvient avoir été refusée dans un club lillois, alors qu'elle avait dix ans. "Ils m'ont répondu qu'ils voulaient préparer l'avenir... A l'époque, l'avenir ne passait pas par les filles. Mais à dix ans, fille ou garçon, on ne fait pas la différence." Dans Croire en ses rêves, qui paraîtra en mai 2019, elle raconte comment le football a donné un sens à sa vie et veut faire passer un message qui s'adresse aussi bien aux petits garçons : "Il ne faut jamais baisser les bras, car tout est possible."
S A V E T H E D A T E
— AMANDINΣ HΣNRY (@amandinehenry6) 18 janvier 2019
Plongez au cœur de mes rêves d’enfant le 15 mai prochain @RageotEditeur pic.twitter.com/CGEeoZS0TL