Est-ce parce qu’elle est sortie il y a à peine un mois de la prison de Sousse ? Spontanément, Amina Sboui lie son sort à celui de militants derrière les barreaux, ou en délicatesse avec la police. Elle cite
Jabeur El Mejri , un caricaturiste condamné à 7 ans de détention, les rappeurs Kaffon, Klay BBJ et Aladin Yacoubi dit
Weld el 15. Une
jeune génération révoltée et provocatrice qui teste aujourd’hui les limites de la « démocratie » tunisienne. Elle même se dresse contre le régime issu de la révolution de jasmin, qu'elle accuse d'être pire que celui de Ben Ali. Amina Sboui/Tyler avait 17 ans à la chute de l'ancien dictateur, peut-elle vraiment comparer sans risquer d'être accusée de ne pas savoir de quoi elle parle ? Amina, elle, a accédé à la célébrité du jour au lendemain, en mars dernier, en postant sur les réseaux sociaux une photo où elle est seins nus, à la manière du groupe féministe Femen. Choc et scandale dans toute la Tunisie. Amina doit se cacher, on la dit séquestrée par sa famille. Finalement, en mai, elle sera arrêtée et emprisonnée pour un tag sur le mur d’un cimetière de Kairouan. La jeune femme de 18 ans fait débat. Certaines féministes condamnent sa méthode, d’autres la soutiennent. Les Femen multiplient les actions spectaculaires de solidarité, jusqu'à faire de la prison en Tunisie. Par une simple photo, Amina Sboui a secoué le débat sur les droits des femmes, affronté le tabou de la nudité dans le monde arabe et musulman… Fin août, la militante a annoncé prendre ses distances avec le groupe Femen, qu’elle accuse d’islamophobie et de financements occultes. Aujourd'hui, elle les taxe même de pratiques dictatoriales. De la même façon, elle s'élève contre les féministes tunisiennes "à l'ancienne" qui se battaient pour leur droit de vote ou l'égalité professionnelle, autant de combats "dépassés", selon elle... Elle annonce aussi après son arrivée en France qu'elle a l’intention de reprendre ses études. Dans l’avenir, elle voudrait continuer à se battre pour les femmes. Elle attend aussi son procès pour profanation de sépulture, tout en affirmant de manière tranchante qu’elle ne fait plus confiance à la justice tunisienne. Amina raconte aussi les conditions de détention des Tunisiennes dans la prison de Sousse où elle a été incarcérée deux mois. Indépendante, réservée en apparence, Amina Sboui ne semble pas disposée à se taire.