Elle avait rejoint la très petite cohorte de femmes ayant accédé à de hautes fonctions publiques, dans le monde entier, et plus particulièrement en Afrique : la remarquable Aminata Touré était nommée cheffe de gouvernement au Sénégal en septembre 2013. Elle n'aura pu conduire la politique de ce pays que pendant dix mois,
tout comme Edith Cresson en son temps (15 mai 1991 - 2 avril 1992), en France, sous la présidence de François Mitterrand. Le président sénégalais Macky Sall a limogé vendredi 4 juillet 2014 Mme Aminata Touré, sans aucune explication sur cette décision. "Il est mis fin aux fonctions de Madame Aminata Touré, Premier ministre de la République du Sénégal", indique un décret signé du président Sall. Aminata Touré, 51 ans, responsable de l'Alliance pour la République (APR, parti du président Macky Sall), avait été nommée Premier ministre le 1er septembre 2013 en remplacement d'Abdoul Mbaye, dont elle était la ministre de la Justice. Son départ du gouvernement intervient moins d'une semaine après les élections municipales et départementales du 29 juin. A Grand-Yoff, commune de la capitale, la liste dirigée par Mme Touré a été devancée par une coalition dissidente emmenée par le maire sortant de Dakar Khalifa Sall. Mais son sort était sellé avant le scrutin, semble-t-il... On lui a reproché sa gouvernance "à la baguette" et de vouloir concentrer les pouvoirs entre ses mains. Une source proche du pouvoir et
citée par Carine Frenk, la correspondante de Radio France internationale explique : «
Certes elle est combative, mais elle se fâche avec tout le monde.
A force de jouer d’autorité, elle finit par faire de l’ombre au président qui sait se montrer plus souple. » Etre une femme politique ce n'est pas si facile... Née le 12 octobre 1962 à Dakar, Aminata Touré, surnommée par la presse locale Mimi Touré, est diplômée en économie et en gestion. Formée au Sénégal, en France et aux Etats-Unis, elle fut experte des Nations unies dans plusieurs pays. Elle était la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre dans le pays après Mme Madior Boye, cheffe de gouvernement de mars 2001 à novembre 2002. Militante des droits humains, classée à gauche, dans sa déclaration de politique générale en octobre 2013, elle s'était engagée à répondre aux demandes sociales urgentes de la population et relancer l'économie au Sénégal. Dix petits mois, c'est bien peu pour mettre en oeuvre une politique...