Angélica Rivera, itinéraire d’une actrice devenue Première dame du Mexique
Le 1er décembre 2012, Enrique Peña Nieto, élu six mois plus tôt, prenait les rênes d’un pays en pleine croissance, mais gangréné par la violence. A ses côtés ? Angélica Rivera, la nouvelle première dame qui est passée du petit écran au palais présidentiel. Le chef d’Etat lui doit en partie sa victoire.
Angélica Rivera lors de la campagne des primaires du Parti révolutionnaire institutionnel dans le Sinaloa, le 29 janvier 2012. Les deux photos de l'article ont été prises de “l'album officiel“ mis à disposition par Angélica Rivera elle-même...
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Lors de la campagne présidentielle américaine, le match Anne Romney VS Michelle Obama a été aussi suivi que celui de leurs conjoints. Leurs styles (politiques) ont été scrutés à la loupe et le rôle qu’elles ont joué dans la campagne amplement analysé. De l’autre côté de la frontière, au même moment, une autre femme mettait tout en œuvre pour que son compagnon soit élu : Angélica Rivera Peña. La Carla Bruni Sarkozy mexicaine, comme la presse internationale l’a surnommée. Selon les commentateurs politiques, sa participation plus qu’appuyée à la campagne présidentielle a amplement contribué à la victoire d’Enrique Peña Nieto. Plus que sa présence, c’est ce qu’elle représente qui a conquis le public populaire. Car dans le cas de ces élections, il est préférable de parler de public que d’électorat. Quand la fiction et la réalité se confondent Angélica Rivera et son président de mari sont tous les deux des produits cathodiques de Televisa, le groupe audiovisuel le plus puissant d’Amérique latine. Avant de rendre leur relation publique et de se marier, Angélica Rivera devient en 2008 l’égérie de l’Etat de Mexico. Dans plusieurs spots publicitaires, elle vante les mérites de l’action de Peña Nieto, alors gouverneur. La stratégie pour 2012 se met ostensiblement en place. Si Angélica Rivera tourne dans ces spots c’est parce qu’elle est une des actrices de Télénovelas les plus en vue. Ces longs feuilletons plébiscités par les Mexicains, mettant en scène une société idéalisée et des histoires d’amour impossible. Qui de mieux pour représenter l’Etat de Mexico et jouer le rôle de la femme du candidat ? Ses origines modestes et sa vie passée dans les studios de Televisa ne sont que bénéfiques pour la carrière politique de son futur époux. Adolescente, elle débute dans le petit écran et à 19 ans elle épouse un des grands producteurs de la même chaîne. Elle le quittera, pour se marier avec le futur président du Mexique, en 2010.
“En distillant l'amour“, l'un des rôles phares de Angélica Rivera
L’habit fait le moine Une fois la bague au doigt, commence un processus de transformation. L’actrice ne se fait plus photographier en petite tenue. Au grand dam des garagistes qui, tapissaient leurs murs de ses clichés. Exit les mini-jupes, les décolletés, les paillettes. Les petits tailleurs de créateur viennent les remplacer. Sa tenue doit être digne d’une première dame et sa conduite irréprochable. Dans une société ultra-conservatrice, son divorce, la famille recomposée et toutes ces bizarreries de stars décadentes sont mal vus. De son look de vedette, il ne lui reste que son brushing parfait qui s’accorde avec la coupe également parfaite de son candidat à l’allure de latin lover. Dès que l’occasion se présente, le couple au plastique idéal s’affiche avec les enfants de leurs précédents mariages. Lors d’une course politique la photo de famille est essentielle tout comme aux Etats-Unis. Présente sur tous les fronts En mars 2012, la campagne officielle est lancée. Enrique Peña Nieto enchaîne meetings, interviews, bains de foule. Ni sa femme, ni Televisa le quittent d’une semelle. La reine de la télé, abreuve les réseaux sociaux de photos des coulisses. Elle s’improvise même réalisatrice d’une série diffusée sur YouTube, où elle raconte la campagne de son point de vue : « Ce que mes yeux voient, ce que mon coeur ressent ». Une nouvelle tentative d’humaniser le candidat qui traîne plus d’une casserole (il est accusé d’avoir tué sa première femme, entre autres - rien que ça, sic). Le marketing à l’américaine agrémenté de salsa mexicaine, ça marche.
Le clip de soutien à son mari d'Angélica Rivera
Télévisa, pour sa part, fournit une artillerie médiatique pour favoriser l’élection du jeune candidat. Le 1er juillet 2012, Enrique Peña Nieto est élu dans un climat électrique. Le 2 décembre 2012, Barbie et Ken, comme on les surnomme, s’installent au palais présidentiel, malgré les accusations de fraude électorale. Le site Internet de la présidence communique immédiatement la biographie officielle d’Angélica Rivera : « la Première dame a déclaré à multiples reprises que servir le Mexique en soutenant le travail de l’homme qu’elle admire est tout un honneur et un grand défi. » Sera-t-elle à la hauteur ? Sur le plan médiatique, elle peut certainement rivaliser avec sa voisine Michelle Obama, mais la comparaison s’arrête là. Habitués à des premières dames diplômées et issues de la haute bourgeoisie, la plupart des Mexicains ne la voient pas d’un bon oeil. Contrairement à sa prédécesseure, Margarita Calderon Zavala, l’actrice n’a pas fait d’études et elle n’a aucune assise politique. La femme de l’ancien président Calderon a été la première Première dame à siéger au congrès. Madame Calderon est également à l’origine d’un ambitieux programme contre l’obésité infantile et d’un autre pour renforcer les droits des femmes. Comme le veut la tradition, la première dame gère une institution nationale qui coordonne l’action sociale dans le pays. Les Mexicains doutent des capacités de l’actrice-présidente à la gérer. Si l’Amérique latine connaît de nombreuses femmes de président ayant un sens aigu de la politique (Cristina Kirchener), ce n’est pas jouer les pythonisses de dire qu’Angélica Rivera aura du mal à leur emboîter le pas.
Enrique Peña Nieto, Angélica Rivera et leur famille dans le Guanajuato, le 12 mars 2012.