Fil d'Ariane
"J’écrivais pour venger ma race... (...) Ainsi, dans ce premier livre, publié en 1974 (Les armoire vides), sans que j’en sois alors consciente, se trouvait définie l’aire dans laquelle je placerais mon travail d’écriture, une aire à la fois sociale et féministe. Venger ma race et venger mon sexe ne feraient qu’un désormais." Ces mots sont ceux d'Annie Ernaux, lors de son discours de présentation à la tribune de l'illustre institution des Nobel, à Stockholm.
"Fondée sur l'exclusion des étrangers et des immigrés, l'abandon des économiquement faibles, sur la surveillance du corps des femmes, elle m'impose, à moi, comme à tous ceux pour qui la valeur d'un être humain est la même, toujours et partout, un devoir de vigilance", ajoute la Prix Nobel de littérature.
Le discours d'Annie Ernaux, dans son intégralité, le 8 décembre 2022 à Stockholm ►
L'écrivaine a aussi évoqué les protestations en Iran qui ont éclaté à la mi-septembre après la mort de Mahsa Amini, arrêtée à Téhéran par la police des mœurs, insistant sur l'importance des mots :"On le voit aujourd'hui avec la révolte de ces femmes qui ont trouvé les mots pour bouleverser le pouvoir masculin et se sont élevées comme en Iran, contre sa forme la plus violente et la plus archaïque".
Retrouvez notre article ►#MahsaAmini, le nom de la révolte contre les diktats imposés aux femmes en Iran
Pour conclure, l'autrice a tenu à défendre la place des femmes dans la littérature, dénonçant leur invisibilisation : "Écrivant dans un pays démocratique, je continue de m’interroger cependant sur la place des femmes y compris dans le champ littéraire. Leur légitimité à produire des œuvres n’est pas encore acquise. Il y a en France et partout dans le monde des intellectuels masculins pour qui les livres écrits par les femmes n’existent tout simplement pas. Ils ne les citent jamais. La récompense de mon travail par le jury du Nobel constitue un signal de justice et d’espérance pour toutes les écrivaines."
"I continue to wonder about the place women occupy in the literary field."
— The Nobel Prize (@NobelPrize) December 7, 2022
In her #NobelPrize lecture, 2022 literature laureate Annie Ernaux discussed her writing, the impact of lived experience and women's literature.
Watch and read the lecture here: https://t.co/E0ncY9d1Bd pic.twitter.com/lMW4gJduKx
Let the celebrations begin!
— The Nobel Prize (@NobelPrize) December 6, 2022
Today we welcomed our #NobelPrize laureates to Stockholm for Nobel Week. As well as our 2022 laureates, we are also thrilled to be joined by many of our 2020 and 2021 laureates for an exciting week of celebrations. pic.twitter.com/m0LYzujMvK
Watch the very moment literature laureate Nelly Sachs received her #NobelPrize on her birthday, 10 December, in 1966.
— The Nobel Prize (@NobelPrize) December 6, 2022
Stay tuned for this year's award ceremonies on 10 December which we'll be bringing to you online.
Learn more: https://t.co/wKFi744ATz pic.twitter.com/U6chYsyE4B
"His greatest satisfaction, possibly even the raison d’être of his existence, was the fact that I belonged to the world which had scorned him."
— The Nobel Prize (@NobelPrize) November 6, 2022
In her novel, 'La place,' 2022 literature laureate Annie Ernaux uses plain language to reveal the agony and shame her father felt. pic.twitter.com/GgnOYw9gPX