Identifications
Toutes de noir et rouge vêtues, pieds nus, foulards sombres, elles racontent leurs vies, échos contemporains au destin tragique d'Antigone, fille incestueuse d'Oedipe, roi de Thèbes et de la reine Jocaste (qui est donc aussi sa grand-mère), de ses frères et de Créon, son oncle Roi dictateur. Antigone affronte ce dernier pour pouvoir enterrer l'un de ses frères contre la volonté de la toute puissance royale.
Entre histoires personnelles et morceaux de la pièce originelle, Mona, 28 ans, fait office de narratrice. La Damascène raconte comment une compagnie d'art vivant est venue trouver ces femmes pour un projet « d'aide par le théâtre ». Les laissant circonspectes de prime abord. Mais au fil des semaines (plus de deux mois), la confiance s'est installée avec Hal Scardino et Itab Azzam, les producteurs (
Aperta productions ) du projet.
Mona vit depuis deux ans dans le camp palestinien, tristement célèbre, de Chatila. Dans la pièce, elle raconte comment elle a dû enterrer son petit garçon mort de leucémie, quasiment seule, sous les bombardements à Damas. « L'histoire en elle-même d'Antigone parle de la Syrie. Des gens sont ou bien Antigone, ou bien sa sœur Ismène qui est dans le déni. Moi je suis tombée amoureuse d'Antigone. J'ai l'impression que n'importe quelle femme syrienne peut s'identifier à elle. »
Dans la tragédie grecque, Antigone s'écrie : « N'oublie pas que nous sommes femmes et que nous n'aurons jamais raison contre des hommes. »