De la tragédie au succès
Elle est très humble quand elle évoque son passé de cheffe d’entreprise. Pourtant, elle a fait de Thermax (fondée par son père puis dirigée par son époux) l’entreprise leader en Inde des énergies renouvelables, aujourd’hui cotée à 1 milliard de dollars. « Diplômée en sciences économiques et en sciences psychologiques et sociales de l’institut Tata (
très prestigieuse université indienne, ndlr), j’ai été affectée aux Ressources Humaines. Mais à la mort subite de mon mari en 1996, j’ai dû diriger Thermax. J’ai opéré des réformes avec les conseils du cabinet Boston Consulting Group et l’entreprise a décollé ».
Mais l’année suivante, en 1997, la mort tragique de son fils Kurush à l’âge de 25 ans dans un accident de voiture accélère le destin d’Anu. « Mon fils a toujours eu la conviction que la richesse doit servir l’équité et un jour il m’a dit : "Maman, si tu ne donnes pas 80% de ta richesse pour ceux qui en ont besoin, je vais en Angleterre. Tu es humaniste et pas dans la course à la consommation. Alors quand il y a autant de pauvreté, n’aimerais-tu pas donner ?" », se souvient-elle. Anu est partie en retraite de méditation. Une pratique spirituelle qui fait partie intégrante de sa vie. « Cela permet de rester humble sur son ego et de s’ouvrir aux autres. J’ai été convaincue de la nécessité de développer mes valeurs philanthropes. Et j’ai créé le Thermax Social Initiative Funds, un fonds d’actions sociales financé chaque année avec 1% des bénéfices de l’entreprise ». Business woman, dans le top ten des femmes les plus riches de l’Inde, Anu n’a qu’une envie : transmettre le flambeau à sa fille Muher Padumjee, « sa meilleure complice, bras droit et amie » comme elle aime dire, pour se consacrer pleinement à ses actions philanthropiques. Ce qu’elle fait en 2006.
L’éducation des classes défavorisées : son combat de toujours
« Je veux contribuer à un développement plus juste et promouvoir plus d’équité. C’est toujours ce qui m’a guidée quand je dirigeais Thermax. Et j’ai toujours été très engagée dans le social, l’éducation, l’environnement … J’ai créé ce fonds à Thermax dans cette optique ». Ce fonds finance aujourd’hui 9 écoles primaires sur Bombay et Pune, en partenariat avec la Fondation Akanksha qui scolarise 4500 enfants des rues et bidonvilles. Anu est également présidente de deux autres ONG dans l’éducation Teach For India et Give India.
Ce combat pour l’éducation des classes défavorisées lui tient à cœur depuis son adolescence. « De mes frères et soeurs, j’étais la seule à avoir cette vocation. A 15 ans, j’ai adhéré à une organisation volontaire dans mon collège qui organisait chaque année des camps de 15 jours dans des bidonvilles. Là, j’ai su qu’un jour je me consacrerai à l’éducation des enfants défavorisés ». Et pas seulement.