Fil d'Ariane
Après la liberté, l'exil.
Selon son avocat, Saif Ul Malook, Asia Bibi a quitté le Pakistan pour le Canada, où ses filles ont déjà obtenu l’asile politique. Epilogue d'une longue saga judiciaire, à l'origine de violents affrontements interreligieux et suscitant une immense vague de solidarité internationale.
Showing a big thumb to all the hate mongers & religious fundamentalists in #Pakistan, #AsiaBibi, the #Christian woman who had spent 8 precious years of her life on death row in prison for the so-called #blasphemy, has finally left #Pakistan & flown to #Canada today. pic.twitter.com/C944XFeB70
— Neelu Mishra (@NeelaKandanS1) 8 mai 2019
(Elle a enfin quitté le #Pakistan, le pouce en l'air en signe de victoire face à toute la haine et aux intégristes religieux du #Pakistan, #AsiaBibi, cette chrétienne qui avait passé 8 précieuses années dans le couloir de la mort, a atterri au #Canada aujourd'hui, traduction)
Le quotidien pakistanais Dawn News titre qu’Asia Bibi avait « quitté le pays », en citant une source anonyme au ministère des Affaires étrangères pakistanais. Geo News, une des plus grandes chaînes de télévision du pays, a également fait état de son départ, citant des sources "proches d’Asia Bibi".
آسیہ بی بی کو 9 سال قید میں رہنے کے بعد سپریم کورٹ نے
— DawnNews (@Dawn_News) 8 mai 2019
گزشتہ سال توہینِ مذہب کے مقدمے میں بری کیا تھاhttps://t.co/kOJmuq7Bmk#dawnnews #pakistan #asiabibi pic.twitter.com/SAcwXYikzo
(Asia Bibi a vécu en prison pendant 9 ans, la Cour suprême l'avait acquitté l’année dernière dans un procès pour blasphème, traduction)
Les autorités pakistanaises ne se sont pas encore prononcées sur sa destination ni les conditions de son départ, si celui-ci est confirmé. Ses filles ont fui il y a plusieurs mois au Canada.
De son côté, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, invoquant des "raisons de sécurité", n'a pas confirmé.
Asia Bibi avait été condamnée à mort pour blasphème en 2010, après avoir été accusée par deux villageoises musulmanes avec qui elle travaillait d’avoir "insulté le prophète" lors d’une querelle autour d’un verre d’eau.
Son cas était devenu emblématique des dérives de la loi sur le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée, selon ses détracteurs, pour régler des conflits personnels, via la diffusion de fausses accusations.
Cette quinquagénaire avait fini par être acquittée en octobre 2018 par la Cour suprême pakistanaise, la plus haute instance judiciaire du pays, après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort.
Pakistan : la Cour suprême acquitte la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème https://t.co/esMzml0IJ6 pic.twitter.com/tN02c5KUR2
— Lesinfos.online (@Infosonline) 31 octobre 2018
"Justice a été rendue, c'est une victoire pour Asia Bibi. Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts", s'était félicité son avocat, "Je suis très heureux. Ceci est le jour le plus important et le plus heureux de ma vie".
"Elle a été acquittée de toutes les accusations", déclarait le juge Saqib Nisar lors de l'énoncé du verdict mercredi 31 octobre 2018. "Justice vient d'être rendue" se félicitaient alors les chrétiens du Pakistan. Mais c'était sans compter sur les réactions des intégristes musulmans. Des milliers d'entre eux avaient manifesté leur colère, bloquant trois jours durant le pays, jusqu'à ce qu'un accord soit conclu avec le gouvernement.
En novembre 2018, la Cour suprême du Pakistan s'était opposée à une procédure en appel contre l'acquittement d'Asia Bibi : "Ce recours est rejeté", avait alors déclaré le juge Asif Saeed Khosa devant la plus haute instance judiciaire pakistanaise.
Pour les intégristes musulmans, "cette décision envers une blasphématrice n'est pas de bon augure pour le pays", selon Maulana Abdul Aziz, imam de la Mosquée rouge, haut lieu de l'islam radical à Islamabad, "c'est une décision extrêmement injuste, cruelle, totalement détestable contre la charia".
Un ancien gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, qui avait pris la défense d'Asia Bibi, avait été abattu en plein coeur d'Islamabad en 2011 par son propre garde du corps. Son assassin, Mumtaz Qadri, a été exécuté par pendaison début 2016.
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan, durant la dernière campagne électorale, avait déclaré soutenir inconditionnellement la loi.
Le sort d’Asia Bibi a eu un retentissement international, attirant successivement l’attention des papes Benoît XVI et François. Une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.
Sur les réseaux sociaux, outre les messages saluant l'annulation de la condamnation à mort d'Asia Bibi, puis sa libération, beaucoup s'inquiétaient de possibles représailles de la part des extrêmistes musulmans à l'encontre de la communauté chrétienne.
#Protest for #AsiaBiBi straight from Shakhupura Road, Pray for pakistani Christians. #HTB #HallelujahTheBand #asiabibifree @ Kot Abdulmalik, Punjab, Pakistan https://t.co/632ZkwafbI
— H A L L E L U J A H (@BandHallelujah) October 31, 2018
Asia Bibi Set free, the Most daring Decision by the Supreme Court of Pakistan. https://t.co/HYLZzQAPc1 pic.twitter.com/upeJGtrPE1
— Emergency Rescue Committee (@CommitteeRescue) October 31, 2018