Fil d'Ariane
"Stupéfaction, atterrement, compassion", l'artiste Miss Tic, parisienne depuis toujours, se trouve dans le même état de sidération que les Français, les Européens, les terriens de partout, au lendemain des attentats meurtriers du 13 novembre 2015. "Ce que je peux faire, c'est juste continuer."
Ce que je peux faire, c'est juste continuer
Paris est pour elle, en particulier les quartiers du Nord et de l'Est, là même où les terroristes ont frappé, et depuis 30 ans, le terrain d'expression de sa poésie dessinée. L'artiste refuse de réagir à chaud par ses créations : "C'est souvent un peu opportuniste, surtout quand c'est fait individuellement. Eventuellement quand c'est collectif et qu'il n'y a pas de signature, je peux adhérer. Sinon, j'ai des réserves. De se faire connaître au travers des tragédies et des catastrophes. J'ai écrit plusieurs textes qui font référence à l'état du monde, mais je ne le fais pas au moment où quelques chose de tragique arrive. Je ne commente pas l'actualité. Je n'attends pas qu'il y ait une catastrophe pour m'exprimer. Je trouve ça un peu obscène d'utiliser le malheur et la tragédie pour s'exprimer", rappelle-t-elle.
Née en 1956, son enfance et sa jeunesse sont ponctuées de drames - elle se retrouve orpheline à 16 ans, et s'engage dans des études artistiques. Son nom apparaît mystérieusement en 1985 sur les murs de Paris et sous des dessins de femmes, ébauches noires accompagnées de phrases incisives, fantaisistes, drôles, toujours écrites en lettres majuscules. L'artiste affectionne les buttes parisiennes Ménilmontant, Montmartre ou encore au Sud la Butte-aux-Cailles.
Le pochoir, ancêtre du "graph" façon 21ème siècle, est alors considéré comme une agression. En 1997, Miss Tic est arrêtée puis jugée pour détérioration de bien privé "par inscription, signe ou dessin". En janvier 2000, elle est définitivement condamnée par la cour d’appel de Paris à amende de 4 500 €.
Si Miss Tic réaffirme qu'elle n'est pas une politique, elle convient qu'elle combat les stéréotypes qui accompagnent la féminité par l'humour et l'art, en détournant par exemple les clichés de la publicité sur les femmes. « Les images de femmes que je représente sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme non pour la promouvoir mais pour la questionner. Je fais une sorte d’inventaire des positions féminines. Quelles postures choisissons-nous dans l’existence ? » explique-t-elle.
A relire sur le même thème, la culture prise pour cible par les terroristes
> Attentats : détruire la culture, artistes, amateurs et édifices, une haine éternelle