Mais aujourd’hui, les Saoudiennes au volant bénéficient d’un soutien populaire certain en Arabie Saoudite, en particulier chez les hommes. Pour les Saoudiens aux revenus modestes l’interdiction faite aux femmes de conduire pèse sur leur budget. Selon, Olivier Da Lage, journaliste, auteur de la Géopolitique de l’Arabie Saoudite, « cette interdiction rend la vie plus compliquée pour ces hommes qui n’ont pas les moyens de payer un chauffeur pour leur femme. Cela induit aussi une contradiction qui les gêne. Leur femme se trouverait seule avec un conducteur pakistanais ». D’ailleurs les Saoudiens n’hésitent pas à enfreindre les règles. Ils enseignent à leur femme, fille ou sœur, qui n’ont pas voyagé à l’étranger, la conduite, mais en dehors des villes.
L’époque semble donc propice pour ces militantes saoudiennes. La monarchie a montré récemment des signes de bonne volonté. Le roi Abdallah a déclaré que l’interdiction de prendre le volant « ne trouve des justifications que dans les traditions de la société saoudienne ».
Un premier soutien public faisant suite à plusieurs mesures royales en faveur des droits des femmes, comme la nomination au Majlis al Shura, l'Assemblée consultative, ou encore le droit de vote aux élections municipales… auxquelles elles ne peuvent toujours pas se présenter. Un appui royal limité donc.
Les conductrices saoudiennes : « un terrain facile et médiatique pour la monarchie »
Pour Adam Coogle, chercheur, spécialiste du Moyen-Orient pour Human Rights Watch, « une étape est franchie, mais elle reste très petite. Ils subsistent encore beaucoup de discriminations dans la société saoudienne, dont celles faites aux femmes » insiste-t-il.
Ces dernières années,
Amnesty Internationale n’aurait observé aucune amélioration dans les droits humains en Arabie Saoudite. Pire encore, la répression des opposants se serait nettement accrue dans le royaume depuis le printemps arabe, selon l’organisation. Principales cibles de la monarchie wahhabite : les défenseurs des droits humains et surtout la minorité chiite. De quoi occuper le royaume et laisser faire ces militantes saoudiennes, qui a priori ne remettent pas en cause la monarchie wahhabite et bénéficient en plus du soutien populaire, celui-là même dont a besoin le régime pour survivre.
Safa Ben Saad,
enseignante de droit à l’université Toulouse Le Capitole et spécialiste des droits de l’Homme dans les pays musulmans, explique les raisons de ce soutien affiché par le roi Abdallah. La question des droits des Saoudiennes, illustrée par le désir de ces dernières de conduire en toute légalité est « un terrain facile et médiatique pour la monarchie, beaucoup plus que ceux plus larges des droits de l’Homme. Il confère au roi une bonne image sur le plan international » déclare-t-elle.
« Des avancées sont possibles mais elles doivent s’arrêter à la limite des lois islamiques ».