Assassinat de Freshta Kohistani : encore une militante tuée en Afghanistan

Après Malalai Maiwand, assassinée en pleine rue par des tireurs non identifiés, c'est la jeune militante Freshta Kohistani qui vient s'ajouter à la triste liste des civil.es tué.es dans ces mêmes circonstances. Elle venait de recevoir des menaces de mort après avoir dénoncé les meurtres d'autres militante.es et journalistes.
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Freshta

Image publié par @GhulamKhashi, chef de bureau du gouverneur de Kapisa, en Afghanistan.

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Des assaillants circulant à moto qui ouvrent le feu sur des militant.es ou journalistes et tuent, en pleine rue, en plein jour, leur cible et ceux qui l'accompagnent - ce scénario revient tristement à la une de l'actualité en Afghanistan. Ce jeudi 24 décembre 2020, il a eu raison d'une militante des droits de la femme, assassinée avec son frère au nord de Kaboul - dernier en date d'une série de meurtres ciblés de personnalités de la société civile du pays. 

Freshta Kohistani, 29 ans, a été "assassinée par des tireurs inconnus à moto dans le district de Kohistan dans la province de Kapisa", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Tariq Arian. Selon le gouverneur de la province de Kapisa, Abdul Latif Murad, l'assassinat a eu lieu près du domicile de Freshta Kohistani et son frère a également été tué.

Un meurtre sans revendication

Ex-conseillère provinciale, Freshta Kohistani avait fait campagne pour l'ancien dirigeant afghan Abdullah Abdullah lors de la dernière élection présidentielle. Elle avait une assez large audience sur les réseaux sociaux et organisait régulièrement des événements rassemblant la société civile à Kaboul, mettant l'accent sur les droits des femmes et s'efforçant de sensibiliser la population à la violence contre les femmes en Afghanistan.

Abdullah Abdullah, actuellement le négociateur en chef du gouvernement dans le cadre du processus de paix en Afghanistan, a publié son indignation sur Facebook. Il dénonce le meurtre de Freshta Kohistani, une militante "courageuse", dans une "attaque terroriste". "La poursuite de tels assassinats est inacceptable", ajoute-t-il.

Plusieurs jours avant son décès, Freshta Kohistani, qui laisse un veuf et un enfant, avait indiqué sur Facebook avoir demandé protection aux autorités : elle avait reçu des menaces et dénoncé les assassinats de journalistes, personnalités politiques et défenseurs des droits humains qui se multiplient en Afghanistan. 

Le meurtre de Freshta Kohistani n'est toujours pas revendiqué, mais le mouvement Etat islamique a fini par se déclarer à l'origine de plusieurs attaques terroristes perpétrées selon le même mode opératoire à Kaboul ces derniers mois, alors même que les négociateurs taliban et du gouvernement afghan pourquivent, au Qatar, des négociations de paix. 

L'Union européenne, de son côté, condamne le climat de peur provoqué par les meurtres ciblés de représentants de la société civile en Afghanistan et la volonté de déstabilisation du pays en plein processus de paix.

8 meurtres en 5 jours

Le 23 décembre, Mohammad Yousuf Rasheed, le directeur exécutif du Forum afghan pour des élections libres et équitables (Fefa), une organisation indépendante, est tué à Kaboul dans une embuscade tendue par des hommes armés. La veille, cinq personnes dont deux médecins travaillant pour l'administration pénitentiaire afghane, trouvent la mort à Kaboul, dans l'explosion d'une voiture piégée. Le 21 décembre, un journaliste, Rahmatullah Nekzad, est tué en se rendant à la mosquée par des hommes armés à Ghazni (est). C'est le quatrième journaliste assassiné en deux mois en Afghanistan et le septième cette année.