Avant midi heure de Paris, ce mardi 27 juin 2017, et alors que la 15ème législature de la Vème République s'apprêtait à inaugurer ses travaux, les agences de presse annonçaient que l'ex écologiste rallié au mouvement d'Emmanuel Macron "En marche" (aussitôt après avoir été éliminé de la primaire de gauche en janvier 2017), restait le seul candidat au perchoir présenté par les député-es de La République en marche, ralliés comme un seul homme derrière leur chef de file Richard Ferrand - fidèle parmi les fidèles du nouveau président de la République française.
Un épilogue qui inspire nombre de twitteurs/twitteuses...
Ça fait 15 jrs que les députés LREM disent que "ce serait formidable une femme au perchoir." Ils viennent de désigner Rugy à + de 150 voix.
— Charlotte Chaffanjon (@CChaffanjon) 27 juin 2017
Alors soit François de Rugy est une femme, soit on nous promène depuis des jours & des jours ac "Ce serait formidable une femme au perchoir"
— thomas snegaroff (@thomassnegaroff) 27 juin 2017
Mais quel est donc ce préjugé de genre qui vous permet d'affirmer que François de Rugy n'est pas une femme?
— Garriberts (@Garriberts) 27 juin 2017
Pas de Première ministre en France
Il le disait et le répétait au plus fort de la campagne présidentielle. Le candidat Emmanuel Macron à la plus haute charge de l’Etat français voulait choisir une femme comme Première ministre. Et pourtant, c’est un homme, Edouard Philippe, qu’il a nommé le 14 mai 2017 à cette fonction. Suivi d'un premier gouvernement qui avait quelque peu douché les espoirs de la parité avant que le tir d'une "vraie" égalité soit rectifié...Le Premier ministre sera choisi sur des critères d’expérience et de compétences. J’aimerais que ce soit une femme. #LaMajoritéEnMarche
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 28 mars 2017
#GouvernementPhilippe : la parité en terme de prestiges et de fonctions est oubliée ! via @TERRIENNESTV5 https://t.co/TDCDnaOIDP
— TV5MONDE (@TV5MONDE) 17 mai 2017
Pas de présidente à l'Assemblée nationale en France
Le président français le laissait à nouveau entendre, il voulait que cette 15ème législature de la Vème République répare ce premier faux pas, cette promesse de campagne non tenue. "Le choix d'une femme pour la présidence serait "un symbole fort", avait jugé le 20 juin 2017 le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, qui décrivait une personnalité "avec une expérience politique" sans être "forcément un vieux routard", et tournée "vers l'international".
Et donc il y aurait une femme au perchoir, c'était sûr et certain. "Caramba encore raté" comme le répète un facétieux perroquet dans "L'homme à l'oreille cassé" album de Tintin.
François de Rugy, un homme à la tête de l'Assemblée après un homme Premier ministre.Premières promesses non tenues de l'ère @EmmanuelMacron pic.twitter.com/ctT8UcLhVc
— Braibant (@Braibant1) 27 juin 2017
Une femme présidente de l’Assemblée nationale, ce serait bien, non ?
Sophie Errante, élue de Loire Atlantique
On repose la question : n'y avait-il donc aucune femme pour postuler à ce qui aurait été la première présidence au féminin dans l'histoire d'un hémicycle jusque là très masculin ? Pourtant si : deux candidates et pas des moindres : Brigitte Bourguignon, 58 ans, élue du Pas-de-Calais depuis 2012 et ancienne adjointe au maire de Boulogne-sur-Mer et Sophie Errante, 45 ans, élue de Loire-Atlantique.
La deuxième fut chef d'entreprise avant d'être élue une première fois en juin 2012. Elle avait lancé en guise de campagne : "Une femme présidente de l’Assemblée nationale, ce serait bien, non ?". La première a battu le Front national dans une circonscription du Pas de Calais, une gageure dans ce département désormais bastion de quatre élus d'extrême droite, ce qui montre sa force et sa détermination. Elle aussi avait relevé le défi : "Emmanuel Macron est pour l’égalité réelle, alors autant commencer par l’Assemblée même si elle s’est bien féminisée avec les dernières législatives."
Deux anciennes militantes socialistes, deux femmes à la solide expérience professionnelle et politique. Pas assez compétentes aux yeux de cette assemblée qui continue à se laisser aller à des pratiques d’un autre âge.
Et c'est un "vieux routard" qui montera au perchoir.
Une Assemblée avec 39% de femmes dominée par les hommes
Cette nouvelle Assemblée nationale où l'on se réjouissait de voir arriver près de 39% de femmes avec 224 élues sera entièrement dominée par les hommes. Les sept groupes constitués à l’Assemblée nationale depuis le scrutin du 18 juin 2017 (il faut 15 députés pour faire un groupe) se sont dotés d’un ou même deux, présidents : Richard Ferrand, (LREM), Christian Jacob (LR), Marc Fesneau (MODEM), Franck Riester et Stéphane Demilly (Républicains constructifs - droite dissidente de LR), Olivier Faure (PS/EELV), Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise). André Chassaigne (PCF). Une représentation féminine jamais atteinte jusque là où leur proportion stagnait à 25 % au plus haut, en presque 60 ans.
Des femmes avaient, certes, occupé des postes de vice-présidentes, 23 très précisément sur les 90 élus qui se sont vus attribuer ces fonctions depuis 1958, soit un quart seulement. Mais le pouvoir appartient d’abord aux présidents, celui de l’Assemblée et celui des groupes politiques : c’est là que se jouent les rapports de force, se nouent les alliances, se donne la parole, etc. Avec tout le décorum qui entoure la fonction, garde républicaine incluse, et fonds publics.
Le site de l'Assemblée nationale nous rappelle les "prés carrés" de ce quatrième personnage de l'Etat français : "Élu-e pour la durée de la législature, il/elle dispose de nombreuses prérogatives dont certaines sont inscrites dans la Constitution. Il/elle est ainsi consulté-e par le Président de la République dans plusieurs cas (dissolution de l’Assemblée, mise en œuvre des pouvoirs spéciaux de l’article 16) et détient un droit de saisine du Conseil constitutionnel, dont il/elle nomme trois des membres. Il/elle a surtout un rôle primordial en matière d’organisation du travail parlementaire et de direction des débats en séance publique."
Il paraît que ce fauteuil de président pourvoyeur de puissance, est aussi fort inconfortable, comme nous l’apprend le quotidien Libération, « parce qu’on est obligés de s’y tenir bien droit, qu’on ne peut pas étendre les jambes. » On ne peut pas tout avoir...
Un fauteuil à bascule aussi peut-être... Puisque nous apprend l'AFP, tous les postes à responsabilités de la République en marche à l'Assemblée, y compris le perchoir, seront remis en jeu à la mi-mandat. Dont acte mais on attend de voir...
À l'Assemblée, le "perchoir" et tous les postes REM seront remis en jeu à mi-mandat (Ferrand) #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) 27 juin 2017
En attendant #yaduboulot comme nous ne cessons de le répéter dans Terriennes
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