Au Canada, l'enquête sur les disparitions de femmes autochtones est lancée

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Dès septembre 2016 et pour deux ans, une vaste enquête sera menée sur les centaines de meurtres et disparitions de femmes autochtones enregistrés au Canada au cours des trois dernières décennies. Cette promesse de campagne du Premier ministre Justin Trudeau est suivie de près. 

La mise en place de cette commission d'enquête fait suite à 18 séances de consultations publiques, au cours desquelles plus de 2.000 femmes autochtones ont été entendues depuis décembre 2015, afin d'établir le cadre des travaux des enquêteurs.

L'enquête sera présidée par la juge autochtone Marion Buller, qui sera assistée par quatre autres commissaires, dont un homme.

"Ce que nous avons entendu était sans ambages et très personnel. Il ne fait aucun doute qu'il y a un besoin urgent d'examiner les causes sous-jacentes et profondément systémiques de cette violence, y compris le racisme, le sexisme et l'impact continu du colonialisme", a souligné en préambule la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett.

Réclamée depuis des années par les responsables autochtones, cette investigation avait toujours été refusée par le précédent gouvernement conservateur, voire même décriée par le Premier ministre Stephen Harper. Mais l'actuel Premier ministre Justin Trudeau en avait fait une promesse de campagne. 

1 200 femmes autochtones disparues

Souvent accusée de ne pas enquêter avec le même soin ou la même célérité sur ces disparitions, la police a recensé près de 1.200 femmes autochtones disparues ou assassinées entre 1980 et 2012, soit trois à quatre fois plus en proportion que dans le reste de la population canadienne.

Les Amérindiens, Inuits et Métis représentent 4,3% de la population canadienne, soit 1,4 million de personnes.

L'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées débutera donc ses travaux le 1er septembre 2016 et devra rendre ses conclusions et recommandations le 31 décembre 2018.

Les enquêteurs n'auront pas le pouvoir de déférer d'éventuels suspects devant la justice. Ils auront cependant l'autorité et les moyens pour faire comparaître des témoins et exiger la remise d'éléments de preuve.

Comprendre les causes de ces violences

La commission d'enquête devra "se concentrer sur les causes des taux de violence démesurés contre les femmes et filles autochtones", a déclaré, très émue, la ministre fédérale de la Justice Jody Wilson-Raybould, première Amérindienne à ce poste.

"Nous devons identifier les causes de ces disparités et agir maintenant pour y mettre fin", a-t-elle dit, assurant que "le gouvernement du Canada est engagé à faire mieux".

Pour ce faire, Ottawa a prévu un budget de près de 54 millions de dollars (37 millions d'euros) pour cette commission d'enquête, en complément des 16 millions de dollars pour aider les familles de femmes disparues ou assassinées à rassembler les preuves et organiser leurs démarches pour faire la lumière sur ces affaires non résolues.

"L'enquête ne pourra pas réparer les injustices subies par les peuples indigènes depuis des décennies, mais nous pouvons étudier ce qui s'est passé dans le passé, comment cela se traduit aujourd'hui, et dessiner une voie d'avenir", a estimé la ministre de la Justice.