Au Cap-Vert le rugby est lancé par une femme

Si le ballon rond a envahi depuis bien longtemps les îles du Cap-vert, l'ovale était inexistant jusqu'à encore très récemment. Contre toute attente, c'est une femme, Mareika McLaughlin, Américaine de la côte Est, qui a mis sur pied la première équipe de rugby. 
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Au Cap-Vert le rugby est lancé par une femme
Mareika McLaughlin, en maillot de bain, entourée de ses joueurs à l'occasion d'un tournoi de rugby au Cap-Vert.
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Au Cap-Vert le rugby est lancé par une femme
Mareika McLaughlin et l'équipe d'Assomada qu'elle a créée.
Petit blonde musclée, à peine trentenaire, Mareika McLaughlin ne passe pas inaperçue sur la plage au milieu des colosses capverdiens. Depuis 2011, cette Américaine de Boston, venue enseigner l'anglais sur l'île de Santiago (la principale de l'archipel africain), entraîne l'équipe de rugby d'Assomada. C'est elle qui a introduit ce sport viril au Cap-Vert. Comment ? Par "le plus grand des hasards", répond-t-elle . 

"A l'université de Santiago, alors que l'année scolaire commençait, mon responsable m'a demandé de faire des propositions d'activités culturelles, raconte l'Américaine. Fan de sports, j'ai listé trois sports collectifs : rugby, baseball et football américain. Le rugby m'est venu en premier puisque c'est un sport que j'ai pratiqué pendant quatre ans à l'Université de Boston, puis deux ans au club de la ville de Boston. Quelques semaines plus tard, une journée a été dédiée à la pratique des sports autres que le foot. C'est alors que j'ai envoyé un mail à tout le monde aux Etats-Unis pour obtenir des ballons de rugby. Je pensais que j'aurais dû supplier les gens. Mais non ! Après un seul mail, j'ai reçu 26 ballons !"

C'est ainsi que l'aventure a pu commencer. Premier entrainement, premiers plaisirs. "Après cette journée, mes étudiants ont commencé à me demander quand est-ce qu'on remettait ça. Ils voulaient monter une véritable équipe. Je pensais que c'étaient des paroles jetées en l'air. Je n'y prêtais pas trop attention. Je leur ai dit de faire une liste de noms et qu'on organiserait un nouvel entraînement quand ils en auraient vingt-cinq."

Une semaine plus tard, c'était chose faite. Mareika McLaughlin ne pouvait pas se défiler. Avec l'aide d'un ami suisse, elle a pris en main ses étudiants et en a fait des "drogués du rugby". En moins d'un an, quatre équipes ont été créées sur les différentes îles du Cap-Vert, à Assomada, Tarrafal, Calheta et à Praia, la capitale. "C'était la fièvre du rugby, se souvient la jeune femme. Le projet a pris comme une trainée de poudre. Les gens m'arrêtaient dans la rue pour me demander comme ils pouvaient entrer dans l'équipe."
 

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Au Cap-Vert le rugby est lancé par une femme
La coach Mareika McLaughlin, interviewée par des journalistes du Cap-Vert.
Coach, confidente, maman

Depuis, les rencontres et tournois de rugby se sont multipliés au Cap-Vert, attirant même l'attention des médias locaux. Dans cet archipel où le machisme est fort, Mareika McLaughlin a réussi à se faire accepter comme coach. Son autorité s'est affirmée sans heurt. "Parfois, je joue même le rôle de confidente voire de maman", avoue-t-elle. Comme elle ne fait jamais rien à moitié, Mareika McLaughlin n'enseigne pas uniquement le rugby mais fait aussi passer "des notions de santé, de nutrition, d'engagement et de ponctualité".

Désormais, l'Américaine a des projets à long terme. "D'ici à 5 ans, on veut créer une ligue officielle de rugby au Cap-Vert et d'ici à 10 ans monter des clubs féminins de rugby. Mais déjà, dans chaque ville où il y a un club de rugby, des filles s'entrainent avec les hommes," précise-t-elle. Pour un tel développement, Mareika McLaughlin et ses joueurs ont besoin de soutien : "On a déjà reçu de nombreux dons mais on a encore besoin de protège-dents, de trousses médicales, de maillots, de shorts… On veut aussi créer un site web, lancer des formations d'arbitres et d'entraîneurs et éditer des manuels en portugais et en langue locale. N'hésitez pas à nous aider".

La page de Mareika McLaughlin sur Facebook