Terriennes

Au coeur de la Tunisie, les joueuses du Majd sportif ont la gagne

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A Sidi Bouzid, l'une des régions les plus pauvres de Tunisie, un club de football a fait bouger les lignes. En dix ans, le club amateur féminin de la ville, parti de rien, a grimpé dans le classement. Le Majd sportif est aujourd’hui parmi les meilleures équipes de la 1ère division féminine. Une dizaine de joueuses ont même été recrutées au Qatar et en Arabie Saoudite. Rencontre avec des filles au mental gagnant. Reportage Karine Henry, Guillaume Gouet et Christophe Harnoy.

"Les rêves sont faits de cela, de joies et de victoires. Elles n’en sont que plus belles quand elles se jouent du destin." C’est l’histoire d’une équipe de football, celle de Sidi Bouzid. C'est l'histoire de vingt jeunes filles qui se sont fait une place. Ce jour-là, la capitaine et la deuxième gardienne s’entraînent avec les garçons. Depuis des années, Imed Brami voyait passer des jeunes pépites.

En 2011, il saisit l’occasion : "Avant, pour créer un club, il fallait beaucoup de papier, il y avait des obstacles. Après la révolution, on a simplifié les tâches", confie celui qui a fondé le club féminin Majd sportif, dont il est aujourd'hui le président. Un club, une équipe, un esprit. Tout est à construire.

Les joueuses du Madj sportif s'emparent du terrain

Sur le terrain, les joueuses du Madj vont surprendre tout le monde, même leur famille, pas toujours ravies de les voir le ballon au pied. Les voilà aujourd’hui troisièmes au championnat féminin. Il y a deux ans, elles remportaient la Coupe de la Ligue. Une fierté pour Nada, la capitaine.
 
J’aime le football et ce groupe. Malgré les difficultés, je continuerai à tenir mon rôle de capitaine.
Nada Abdouli, capitaine du Majd sportif
"Mes parents m’encouragent à persévérer. J’aime le football et ce groupe. Malgré les difficultés, je continuerai à tenir mon rôle de capitaine", assure Nada Abdouli, attaquante et capitaine du Majd sportif.

Les joueuses, étudiantes pour la plupart, ne s’entraînent ensemble qu’une fois par semaine. Budget du club : 30 000 dinars, soit 10 000 euros les bonnes années – le président y met souvent de sa poche. Une équipe amateur, sans sponsor, mais avec des liens solides.

Cette saison, Sameh ne portera pas le maillot bleu. Elle a dû faire passer le travail avant le football. "C’est comme une rupture pour moi. Notre relation est comme une famille solidaire", explique la joueuse, ancienne arrière-droit du Majd sportif.

Le football, la conquête vers l'émancipation

Dans la région de Sidi Bouzid, une région pauvre de Tunisie, le club féminin est une chance d’émancipation. Les joueuses y puisent force et réconfort.  
 
Ma maman est morte il y a plusieurs années. Le football m’a aidé à surmonter les difficultés et surtout la tristesse. Il est ce qui m’est arrivé de plus beau dans la vie.
Yasmine Kadri, gardienne de but
"Ma maman est morte il y a plusieurs années. Le football m’a aidé à surmonter les difficultés et surtout la tristesse. Il est ce qui m’est arrivé de plus beau dans la vie", Yasmine Kadri, deuxième gardienne du Majd sportif.

Certaines espèrent poursuivre une carrière dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite ou au Qatar. A Sidi Bouzid, il n’y a pas d’équipe masculine de football, les filles sont les seules à jouer en championnat national. A leur manière, elles ont fait une révolution.