Pour marquer le 8 mars, journée de la femme, on aurait pu choisir l'
étude d'Accenture, dévoilée il y a quelques jours par le site web de La Tribune, montrant que les femmes cadres sont, en France, moins fidèles que les hommes à leur entreprise. Dans bien des cas, ce sont les contrats à durée déterminée, plus prévalents chez les femmes, qui biaisent les statistiques, ou des perspectives d'évolution de carrière si décourageantes que les femmes envisagent volontiers de changer d'employeur, dans l'espoir de trouver mieux ailleurs...
On aurait pu aussi prendre
le sondage du Laboratoire de l'Egalité sur les publicités sexistes : si le politiquement correct fait dire aux Français qu'elles sont lamentables, quand on met les sondés devant une publicité clairement sexiste (femme faisant du shopping ou la cuisine, homme accompagné d'une secrétaire) les répondants ne sont que 12% à y voir un stéréotype sexiste. Quand on insiste un peu, le score monte à … 20%.
On aurait pu encore prendre
les statistiques de la Commission Européenne, diffusées il y a peu, sur le fossé salarial en Europe. Un écart de 16,2% en moyenne dans les 27 Etats de l'Union en 2010, et qui représente, selon la Commissaire à la Justice Viviane Reding, deux mois de travail, gratuits, donc, effectués par les femmes !
Ce sont autant de constats accablants. Et ils ne sont pas les seuls, bien entendu...
Education, micro-crédits et stabilité politique, tiercé gagnant pour les femmesMais prenons plutôt un exemple qui nous donnera, en ce jour de la femme, un peu de baume au coeur. Tournons nous vers l'Afrique. Et vers le Ghana. Depuis une vingtaine d'années, les gouvernements successifs ont mis l'accent sur l'éducation, celle des femmes en particulier, et le micro-crédit, pour les aider à prendre leur autonomie. Le résultat est impressionnant : selon une étude de la Barclays Bank of Ghana, le nombre de femmes entrepreneuses dépassent désormais celui des hommes dans le pays ! Et c'est, selon la banque, le seul au monde dans ce cas !
Certes, les Ghanéennes n'ont, dans la plupart, que des micro-entreprises, vendant au marché ou ailleurs, mais il n'empêche. Les statistiques de la Banque Mondiale parlent d'elles-mêmes : 67% d'entre elles participent officiellement au marché du travail en tant que salariées ou entrepreneuses. C'est plus que le Canada, qui affiche un taux de participation des femmes au marché de l'emploi de 62%, plus que la Côte d'Ivoire voisine (52%) ou que le Nigéria (48%).
Le niveau d'éducation des femmes ghanéennes a considérablement augmenté ces dernières années, passant de 16% dans les années 1970 à près de 80% actuellement, selon les chiffres des Nations Unies. C'est nettement plus que le taux actuel du Burkina Fasso (33%), de la Côte d'Ivoire (62%) et du Nigéria (66%).
Si cette évolution favorable aux Ghanéennes n'est pas la seule à avoir dopé l'économie du pays – la stabilité politique, de même que l'envol du prix de certaines matières premières dont le Ghana est producteur (or, pétrole) y ont participé – il n'en reste pas moins que la croissance du PIB, qui s'est inscrite à plus de 14% en 2011, devrait continuer de progresser à un rythme de l'ordre de 8% sur les quatre années à venir, selon les pronostics des autorités ghanéennes.
De quoi, en matière de croissance, placer le pays sur un pied d'égalité avec les plus grands pays émergents. De quoi, aussi, nous permettre de nous réjouir (un peu) en ce 8 mars : l'autonomie financière des femmes a mille vertus, dont celle de pousser la croissance économique d'un pays qui veut bien favoriser l'éclosion de leurs talents.