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Près de 200 Kényanes ont été tuées dans des violences contre les femmes en 2024, presque le double de l'année précédente, selon un rapport. Les violences conjugales sont endémiques dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Manifestante arrêtée par la police lors d'une marche contre la hausse des féminicides, à Nairobi, au Kenya, le 10 décembre 2024.
C'était en décembre 2024. La police dispersait à coup de gaz lacrymogènes une manifestation pacifique de femmes qui appelaient à la fin des féminicides à Nairobi, dispersant de manière musclée le rassemblement. Plusieurs manifestantes étaient arrêtées.
2024 a été l'année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les femmes kényanes, et malheureusement, il n'y a aucun signe que cela ralentisse. Patricia Andago
Selon le deuxième rapport du projet Faire taire les femmes – une collaboration annuelle entre la société d'analyses de données Odipo Dev et le média Africa Uncensored –, 170 femmes ont été tuées au Kenya l'année dernière, contre 95 en 2023. "2024 a été l'année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les femmes kényanes, et malheureusement, il n'y a aucun signe que cela ralentisse", confirme Patricia Andago, chercheuse principale. Le plus grand nombre de décès a été recensé dans la capitale kenyane : 28 selon le rapport qui a analysé 930 meurtres de femmes depuis 2016 à partir d'informations judiciaires et médiatiques.
Près de 70% des meurtres ont été commis par des partenaires intimes des victimes, et 61% ont eu lieu dans des espaces privés ou "domestiques". "Les femmes doivent se sentir en sécurité partout où elles se trouvent", pour Felix Kiprono, responsable médias chez Odipo Dev. Les femmes âgées de 18 à 35 ans représentaient la moitié des victimes, avec des hommes du même groupe d'âge représentant 66% des auteurs des faits. Le rapport intervient une semaine seulement après l'arrestation à Nairobi d'un homme qui transportait le corps mutilé d'une femme – qu'il a affirmé être la sienne.
Le fléau des violences conjugales au Kenya a éclaté au grand jour avec le décès en septembre 2024 de l'athlète Rebecca Cheptegei, aspergée d'essence et immolée par le feu par son compagnon.
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Les groupes de défense des droits humains plaident depuis longtemps pour une meilleure éducation et des peines plus sévères. Selon le rapport, le taux de condamnation a augmenté de 118% par rapport à l'année précédente, "le plus haut niveau depuis 2018", avec des peines moyennes augmentées de trois ans, jusque 23 ans. Cependant, selon les données analysées, quatre ans s'écoulent en moyenne entre le dépôt de plainte et le verdict, et les incidents deviennent de plus en plus violents, avec une augmentation notamment de 7% des agressions sexuelles.
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