Pour cette étude datée d'avril 2020, l’ONG Plan International a interrogé pus de 1 100 adolescent.e.s, soignant.e.s et familles : pour moitié citoyen.ne.s libanais.e.s, pour l'autre réfugié.e.s syrien.ne.s. Sans surprise, la pandémie de Covid-19 aggrave les effets de la crise économique, la pire depuis trente ans. Une inflation galopante, un taux de chômage de 40 %, une dette nationale de 85 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter le poids de près d'un million et demi de réfugiés.
Colin Lee, directeur de Plan International au Moyen-Orient
Depuis la guerre syrienne en 2011, le Liban, petit pays de 4 millions et demi d'habitants, accueille 1 million de réfugié.e.s syrien.ne.s et plus de 180 000 Palestinien.ne.s. Fin avril, le gouvernement a adopté un vaste plan de réformes et sollicité l'aide du Fonds monétaire international (FMI) dans l'espoir de sortir de la crise économique, aggravée par la crise sanitaire. En mars, le Liban a fait défaut sur un emprunt d'environ 1 milliard d'Euros qu'il n'arrive pas à rembourser, alors que le plan de sauvetage du gouvernement vient d'être rejeté par les banques libanaises. Voilà qui augure mal d'une quelconque amélioration économique à venir.

Pour Colin Lee, directeur de Plan International au Moyen-Orient : "La pandémie de Covid-19 au Liban démultiplie l'impact négatif de la grave crise économique et elle affecte les plus fragiles. Elle aggrave de surcroît la vie des filles libanaises et réfugiées syriennes, déjà en situation de vulnérabilité, qui luttent désormais contre la faim, le risque de violence, une mauvaise hygiène et le manque d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive." Une polarisation creusée par le conflit syrien.
[Crise économique au Liban]@PlanGlobal alerte: les filles et les femmes les plus vulnérables sont la population la plus durement touchée par la crise, il leur devient difficile d’accéder aux produits d'hygiène de base.
— Le Plan des Jeunes (@Plan_des_Jeunes) May 5, 2020
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Crise économique et réfugiés
Depuis octobre dernier, les citoyens mènent un soulèvement inédit contre leur classe politique, partisane et jugée immature, qui les enfonce dans le marasme. Si les conditions de vie sont difficiles pour les Libanais, elles le sont plus encore pour les réfugiés, en majorité syriens, qui s'entassent dans les camps dans la plus grande précarité, de surcroît menacés aujourd'hui par le coronavirus. Les femmes sont en première ligne, car dans cette période d'incertitude, toutes les inégalités se creusent.
Confessionnel, le système politique libanais arrive aujourd'hui à un point de rupture. Le pays vit de longue date au rythme de fractures politiques opposant deux camps: l'un dénonçant l'ancienne tutelle syrienne et son président Bachar Al-Assad, l'autre emmené par le Hezbollah chiite, continuant de soutenir Damas.
Colin Lee, directeur de Plan International au Moyen-Orient
1) Le manque alimentaire : les 2/3 des familles libanaises déclarent manquer de nourriture pour les 15 jours à venir avec une situation aggravée pour les familles de réfugiés
2) L’impossibilité de retourner à l'école
3) Le confinement à la maison
Dans @ELLEfrance, la journaliste @MargotRuyter revient sur la situation dramatique des filles au #Liban face à la crise économique & à la pandémie de #COVID19
— Plan International France (@PlanFrance) May 5, 2020
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Chiffres éloquents
Les conditions de vie des filles libanaises et réfugiées syriennes, déjà en situation de vulnérabilité, ont empiré : ce sont les filles et les femmes qui subissent le plus gros de la crise. Les filles des communautés défavorisées du Liban ne mangent pas à leur faim mais sont aussi privées de produits de première nécessité, tels que les serviettes hygiéniques. Plus de 30% des adolescentes au Liban n’ont pas accès aux protections périodiques, un chiffre qui monte à 2 sur 3 pour les réfugiées. Quant aux services de santé sexuelle et reproductive, 83% des femmes n'y ont plus accès, par crainte de la transmission du Covid-19.
- 32 % des adolescentes signalent le harcèlement ou les discriminations comme dangers rencontrés dans les camps de refugié.e.s.
- 37 % des personnes interrogées considèrent que la violence domestique et la violence entre partenaires intimes constituent le principal risque pour les femmes et pour les filles.
- 51 % des adolescentes relèvent une augmentation du temps consacré aux tâches ménagères, quand le chiffre n'est que de 20 % chez les garçons.
Des fonds pour les filles et des adolescentes
Depuis 2017, l’ONG Plan International collabore avec des organisations nationales et internationales pour répondre aux besoins des citoyen.ne.s libanais.e.s et des enfants réfugiés au Liban. Mais face à l'ampleur de la crise actuelle, l’ONG a désormais un objectif ambitieux : lever 100 millions d'euros pour protéger les enfants les plus vulnérables au Liban et dans une cinquantaine d'autres pays. Premières visées, les filles, touchées de manière disproportionnée. Protéger, éduquer, sensibiliser aux mesures d'hygiène et de protection contre le Covid-19 constituent les priorités du programme d’urgence de Plan International.
ONG de solidarité international, Plan International intervient dans 56 pays en développement pour un monde plus juste qui fait progresser les droits des enfants et l'égalité entre les filles et les garçons. Depuis plus de 80 ans, Plan International agit dans les zones les plus pauvres auprès de millions d’enfants exclus, de filles en particulier, pour leur assurer un accès aux soins de base (santé, nutrition, eau et environnement sains), les protéger contre toutes les formes de violence et d’exploitation, leur donner une éducation de qualité et inclusive, puis une formation de qualité et les moyens de faire valoir leurs droits. Plan International conduit actuellement 2 606 projets de développement grâce aux dons de particuliers, aux parrainages d’enfants, aux mécénats d’entreprises et aux subventions publiques.
Kholud n’avait que 3 ans lorsqu'elle a dû quitter la Syrie pour le Liban.
— Plan International France (@PlanFrance) June 1, 2019
Au Liban, la vie est une lutte quotidienne pour les + d’1 million de réfugiés. Mais, grâce à Plan International, Kholud continue l’école !
Elle est déterminée à poursuivre ses rêves malgré les obstacles.
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