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Au cours du premier semestre 2021, 2891 femmes ont été portées disparues au Pérou, ce quit fait 16 par jour en moyenne, soit deux fois plus qu'en 2020. Les familles déplorent que la police et la justice ne prennent pas la peine d'enquêter sur ces disparitions, car derrière chaque disparition, ou presque, il y a une violence de genre.
Les disparitions de femmes continuent d'augmenter de façon alarmante au Pérou. En 2019, en moyenne cinq femmes disparaissaient par jour selon les chiffres officiels. Elles étaient huit par jour à être portées disparues pendant le confinement en 2020, et désormais 16.
Au cours du premier semestre 2021, 2 891 femmes ont été portées disparues dans ce pays de 33 millions d'habitants. Près des deux tiers sont des mineures, selon le bureau de la Défense du peuple, l'organisme chargé de veiller au respect des droits humains au Pérou. "C'est inquiétant parce que nous parlons surtout de filles et d'adolescentes, déclare Eliana Revollar, responsable adjointe des droits des femmes au sein du bureau. Ce bilan est d'autant plus alarmant qu'il existe une relation entre les disparitions de femmes et les féminicides", rappelle-t-elle.
Pérou : 2900 femmes, dont deux tiers de mineures, portées disparues depuis début 2021 https://t.co/mOCXfWSQ1s pic.twitter.com/MMawqXNwDh
— L’importante (@limportante_fr) July 26, 2021
En 2019, un dixième des 168 féminicides comptabilisés dans le pays avaient été initialement classés comme des disparitions, selon le bureau de la Défense du peuple. Au cours du premier semestre 2021, 76 féminicides ont été recensés, un chiffre similaire à celui de 2020. "Nous avons des cas où les compagnons, après avoir tué leur compagne, signalent leur disparition et (prétendent) qu'ils sont à leur recherche", explique Eliana Revollar.
Pérou : entre mars et juillet 2020, 11 000 cas de violence contre des femmes, dont 30% de mineures https://t.co/culQ1vE4c1 pic.twitter.com/gxWzdryAL9
— L’importante (@limportante_fr) May 23, 2021
Les familles déplorent que la police et la justice ne prennent pas la peine d'enquêter sur ces disparitions, partant du principe que ces femmes sont parties volontairement. "Il n'y a pas d'enquête sérieuse. Nous pensions que la police allait nous aider, mais ce n'est pas le cas", déplore Patricia Acosta, qui recherche depuis cinq ans sa fille de 23 ans et ses deux petites-filles, disparues après avoir participé à un anniversaire à Lima le 24 avril 2016. "C'est comme si la terre les avait englouties", raconte-t-elle.
Cette année-là, comme tous les ans, des dizaines de milliers de manifestant.es étaient descendus dans les rues de Lima, la capitale péruvienne, pour protester contre les violences sexuelles et sexistes. Comment dans d'autres pays d'Amérique latine, notamment au Mexique, en Bolivie, en Colombie, en Argentine et au Brésil, les militants veulent sensibiliser à la violence de genre et faire pression sur les autorités pour qu'elles s'attaquent réellement au problème.
Les victimes n'affrontent pas uniquement leurs agresseurs et une société sexiste. Elles font également face à un système judiciaire qui les remet en question et, parfois, acquitte leurs agresseurs.
Saira Luján, militante féministe
En 2019, alors que le Pérou enregistrait un record de 168 meurtres de femmes, seules quatre peines de prison pour féminicides y ont été prononcées. En octobre 2019, pour la première fois, un homme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour ce crime. "Les victimes de violences n'affrontent pas uniquement leurs agresseurs et une société sexiste. Elles font également face à un système judiciaire qui, loin d'assurer leur protection selon des lois nationales insuffisantes, les remet en question, en refait des victimes, prononce des verdicts arbitraires et, parfois, acquitte leurs agresseurs", déclarait Saira Luján, une militante de Paro Internacional de Mujeres (Grève internationale des femmes) au site d'information Salto Diario.
En février 2020, la découverte à Lima du corps mutilé de Solsiret Rodriguez, 23 ans, étudiante et militante contre la violence sexiste, disparue quatre ans plus tôt, avait indigné les Péruviens. Sa disparition avait mobilisé des associations féministes, face à la police qui affirmait qu'elle était partie dans le nord du pays avec une amie. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Carlos Basombrio, avait assuré la même chose devant le Parlement. Après la découverte du corps, il s'était excusé, reconnaissant la légèreté de l'enquête. Le beau-frère de la jeune femme et son associé ont été arrêtés pour son meurtre.
Le meurtre de Solsiret Rodríguez enfin élucidé par les autorités péruviennes, après trois ans de négligence https://t.co/5CFkEzgK1s via @GlobalVoicesFr pic.twitter.com/ne98MX8Qtr
— Alcofribas (@Yonnescaut) March 11, 2020
Dans les autres pays d'Amérique latine aussi, le confinement imposé par l'épidémie de coronavirus a fait grimper en flèche les appels au secours des victimes de violences conjugales. Comme sur l'ensemble des continents, la situation de confinement a accentué la mise en danger des femmes qui vivent sous le même toit qu'un potentiel agresseur, et les associations ont vu les chiffres des violences augmenter, des violences qui vont parfois jusqu'au meurtre.
Women from #Chile, #Peru, and #Bolivia took to the streets in several cities on Wednesday rallying for their rights as Latin American women are suffering from #violence which rose during the #coronavirus #pandemic. pic.twitter.com/O5igLCeg17
— ANews (@anews) November 26, 2020
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