Retour à la journée des femmes. Après le petit-déjeuner féministe, place au goûter révolutionnaire ! La militante Sérénad Chafik fait le point sur la situation en Egypte en, dénonçant les propositions de loi salafistes telles que l’abaissement de l’âge du mariage pour les filles ou encore, l’une des plus choquantes, la
« fornication des adieux », tandis que Samia Allalou du
Fonds pour les femmes en méditerranée raconte les dernières initiatives féministes en Algérie et Tunisie.
Logements-relais, un manque
Rapidement un dialogue s’engage avec la salle. « Vous, quelles seraient vos revendications pour le 8 mars ? », interroge Samia. Et voilà que les langues se délient et que les (graves) problèmes du quotidien ressurgissent. « Moi ce qui m’énerve c’est quand on s’étonne en France que les femmes battues restent avec leur mari ! Elles n’ont pas d’autre choix ! » s’insurge l’une des Courneuvoises. « Moi, je m’en suis sortie toute seule, réplique sa voisine. Un soir, ça hurlait tellement que les voisins ont appelé la police. Vous savez qui a dû quitter le logement ? Moi, pas mon mari, alors que son nom n’était même pas sur le bail. J’ai passé des heures au commissariat et, à 3h du matin, je me suis retrouvée toute seule dans la rue. Alors où je suis allée ? Chez moi. Heureusement, avec l’alcool, mon mari dormait à poings fermés. J’ai quand même pris un couteau de cuisine. S’il s’était réveillé, je serais morte. »
A La Courneuve, quatre logements-relais ont été aménagés pour que les femmes puissent quitter leur conjoint violent. « Ils ont le mérite d’exister, reconnaît Mimouna. On s’est mobilisées pour les avoir. Mais ce n’est rien au regard des besoins surtout que les femmes sont censées y vivre un an mais dans les faits elles restent plus longtemps et le roulement ne se fait pas. »
Pour 2013, Africa 93 a inscrit un nouvel objectif à son agenda : faire reconnaître un statut autonome pour les femmes immigrées. « Jusqu’à présent, celles qui bénéficient de la carte de séjour par le regroupement familial dépendent de leur mari. Si elles divorcent, ou si leur mari les répudient dans leurs pays, elles perdent le droit de résider en France. En raison d’accords bilatéraux, c’est le droit du pays d’origine qui prime. Ce qui fait qu’il y a des femmes en France qui subissent des codes de la famille rétrogrades ! »
L’association a déjà interpellé Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes, et compte sur l’appui de la communiste Marie-Georges Buffet, députée de la circonscription, pour monter au créneau. Une nouvelle bataille en perspective.