Fil d'Ariane
En cette mi août 2017, le Qatar a approuvé une loi, la première du genre, qui vise à protéger les dizaines de milliers d'employés de maison dans le riche émirat, en limitant leur temps de travail à 10 heures par jour et en obligeant leurs employeurs à leur délivrer un contrat de travail.
"Grande nouvelle, finalement un solution à un problème clé : l'Emir signe une loi historique pour proteger les travailleurs domestiques !" se félicite Gerd Nonneman, professeur en relations internationales à l'université de Doha.
BIG news, finally moving on a key issue: Emir signs landmark law to protect Qatar’s domestic workers- Doha News https://t.co/uUOhx0xBKa
— Gerd Nonneman (@GerdDoha) 23 août 2017
La "Loi pour l'emploi domestique" (le détail en arabe) contraint également les employeurs à verser à leur personnel un salaire à la fin du mois, à leur accorder au moins un jour de libre par semaine ainsi que trois semaines de vacances par an, a rapporté l'agence de presse qatarie QNA.
Une couverture santé obligatoire leur assurera la gratuité des soins, leur hébergement et leurs vêtements seront à la charge de leur employeur.
A la fin de leur contrat, les employés devront aussi percevoir des indemnités équivalant à trois semaines de salaire pour chaque années travaillée.
Un traitement équitable sera exigé pour maintenir leur dignité et les protéger contre les dommages physiques et psychologiques éventuels de leurs employeurs.
La loi, approuvée mardi par l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, interdit par ailleurs le recrutement d'employées dont l'âge est supérieur à 60 ans ou inférieur à 18 ans, selon QNA.
La loi concerne principalement les femmes s'occupant des enfants, de personnes âgées et du ménage mais aussi les cuisiniers, les jardiniers et les chauffeurs.
Dans un rapport publié en 2014, Amnesty International avait recensé 84 000 employées de maison venant principalement d'Asie du sud et du sud-est. Elles seraient 100 000 en 2017, pour une population de 2 millions et demi d'habitants.
L'organisation de défense des droits humains avait alors dénoncé leurs conditions de travail, soulignant qu'elles étaient exposées à "de graves abus et violences physiques et sexuelles". Des témoignages terrifiants avaient été recueillis : " Trois femmes ont raconté à Amnesty avoir été violées par leurs employeurs. L'une d'entre elles a eu les deux jambes cassées et la colonne fracturée lorsqu'elle est tombée par une fenêtre en tentant d'échapper à son employeur qui voulait la violer. Il a ensuite perpétré son viol alors qu'elle gisait au sol. Ce n'est qu'après qu'il a appelé une ambulance. Malgré ses très graves blessures, le procureur général a classé l'affaire sans suite en raison de l'"absence de preuves".
Ces femmes, violées, blessées, risquaient alors un an de prison ferme pour « relations sexuelles illicites » quand elles osaient porter plainte...
A la même époque, le Guardian avait révélé que ces femmes mises en esclavages pouvaient travailler jusqu'à cent heures par semaine, passeport retiré. Certaines d'entre elles tentaient alors d'échapper à leur condition de bête de somme en se réfugiant dans leur ambassade.
Le Qatar, qui doit accueillir la Coupe du monde de football de 2022, a déjà adopté, sous la pression internationale, des réformes destinées à améliorer les conditions des travailleurs immigrés employés sur les chantiers des stades de la compétition.
Les droits des dizaines de milliers d'employées de maison au Qatar sont désormais protégés par une loi
Rothna Begum, spécialiste des droits des femmes HRW
Mais ces réformes n'avaient pas été étendues jusqu'ici aux employés de maison.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) s'est félicitée mercredi 23 août 2017 de la nouvelle : "Une avancée bienvenue au Qatar - finalement : une nouvelle loi donne des droits aux travailleuses domestiques."
Welcome advance in #Qatar - finally: New Law Gives Domestic Workers Labor Rights https://t.co/cLMuzNOleW
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) 24 août 2017
"Les droits des dizaines de milliers d'employées de maison au Qatar sont désormais protégés par une loi", a affirmé à l'AFP Rothna Begum, spécialiste des droits des femmes au sein de l'ONG.
"Il faut toutefois que le Qatar s'assure qu'il existe des mécanismes contraignants d'application (de la loi), la clé pour faire de ces droits une réalité", a-t-elle ajouté.