Fil d'Ariane
Dans un rapport paru fin mars 2021, l'organisation Human Rights Watch appelle le Qatar à cesser de restreindre la liberté des femmes. Elle dénonce des mesures de tutelle floues imposant aux femmes l'autorisation d'un homme jusque dans leurs activités quotidiennes.
Malgré des progrès, les femmes "continuent de faire face à une discrimination profonde dans presque tous les aspects de leur vie" au Qatar, affirme l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch dans un rapport, appelant à des réformes. En effet, les Qataries, selon leur âge, doivent encore obtenir l'accord d'un tuteur pour voyager et étudier à l'étranger, avoir accès à la contraception et se marier.
Lorsqu'une femme est mariée, la tutelle est transférée de son père à son mari.
Rapport Human Rights Watch
Selon des sources officielles, certaines institutions et familles n'appliquent pas des lois, mais leur propre interprétation de coutumes. Les tuteurs sont généralement des pères, frères, oncles ou cousins. Les femmes ne peuvent agir en tant que tutrices de leurs enfants, même si elles sont veuves. "Lorsqu'une femme est mariée, la tutelle est transférée de son père à son mari", précise l'organisation.
Passante devant une vitrine au centre commercial Al Hazm, à Doha, au Qatar, en avril 2019.
"Le Qatar est un ardent défenseur des droits des femmes dans le pays et à l'étranger. Le rapport de Human Rights Watch décrit de manière inexacte les lois, les politiques et les pratiques du Qatar relatives aux femmes", s'est défendu dans un communiqué le gouvernement qatari. Ces faits rapportés ne sont "pas conformes à notre Constitution, nos lois ou nos politiques. Le gouvernement enquêtera sur ces cas et poursuivra quiconque a enfreint la loi".
La Constitution de ce pays conservateur musulman prévoit "l'égalité des chances pour tous les citoyens". Selon le site Middle East Eye, le Qatar détient, dans le Golfe, le taux le plus élevé de femmes qui travaillent :
Le Qatar détient, dans le Golfe, le taux le plus élevé de femmes qui travaillent (56,64 % en 2021, contre 22,09 % en Arabie saoudite, 52,05 % aux Émirats arabes unis, 45,31 % au Koweït, 35,97 % au sultanat d’Oman et 44,91 % à Bahreïn) https://t.co/jC2FEbfsxQ pic.twitter.com/wjqa9qksuW
— Middle East Eye Fr (@MiddleEastEyeFr) April 10, 2021
Dans son rapport, Human Rights Watch estime que les lois, politiques et pratiques faisant des hommes les chefs de famille sont au coeur de "ces règles et lois discriminatoires".
Les filles sont (en permanence) en quarantaine.
Une Qatarie interrogée par Human Rights Watch
Des dizaines de Qataries ont dénoncé en 2020 sur les réseaux sociaux les mesures de tutelle, notamment l'autorisation d'un homme pour voyager. "Les filles sont (en permanence) en quarantaine. Ce que le monde entier subit actuellement, c'est la vie normale des filles" au Qatar, déplore une femme, citée dans l'étude de l'ONG qui a interrogé 50 Qataries.
"La tutelle masculine limite l'aptitude des femmes du Qatar à vivre des vies épanouies, productives et indépendantes et alimente la discrimination et les violences domestiques", dénonce HRW. L'organisation souligne toutefois que les Qataries sont parvenues à "briser des barrières et à accomplir des progrès importants", évoquant le nombre de diplômées supérieur à celui des hommes et la proportion élevée de femmes médecins et avocates.
A lire aussi dans Terriennes :
► "Sofagate" en Turquie : Ursula von der Leyen victime de sexisme ou de maladresse ?
► Faiza Heidar : première footballeuse à la tête d'une équipe masculine en Egypte
► Dubaï : la princesse Haya demande le divorce, la justice britannique se prononce
► Des femmes ambassadrices à Riyad et à Téhéran : la Belgique joue les pionnières
► #SaveRahaf : la Saoudienne a trouvé refuge au Canada après son appel sur Twitter