Fil d'Ariane
« Le collectif pour l’égalité des femmes », c’est son nom, comprend une quinzaine de femmes et non des moindres : l’une des pionnières du féminisme au Québec, l’ancienne ministre Lise Payette ; Léa Cousineau, qui a été la première femme présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal ; et Martine Desjardins, qui s’est fait connaître en tant que leader lors de la crise étudiante du printemps 2012, le fameux printemps érable.
Nous régressons au lieu d’avancer
Pour ces femmes, il y a urgence d’agir : reculs des droits des femmes sur tous les plans, en particulier depuis que les politiques d'austérité frappent d'abord les femmes au Canada. « Nous régressons au lieu d’avancer, dit Lise Payette. Nos pertes ne sont pas insignifiantes. Elles touchent toute la démarche d’égalité qui est depuis longtemps une priorité pour les femmes ». Martine Desjardins renchérit : « Beaucoup de choses ont été faites au cours des dernières années, qui ont été défendues par différents groupes de femmes entre autres, notamment sur cette question politique. Maintenant, ce qu’on veut, c’est faire un cri du cœur avec le manifeste, pour vraiment se centrer sur ce qui se passe au Québec ».
Le collectif se veut apolitique et le plus inclusif possible en souhaitant que les femmes venant de tous les horizons de la société, incluant les autochtones, les immigrantes et les jeunes bien sûr embarquent dans ce nouveau train vers l’égalité. On souhaite aborder des questions aussi fondamentales que l’égalité salariale, la représentation des femmes en politique, l’accès des femmes à des postes de pouvoir tant au sein des entreprises que dans la fonction publique.
De même la lutte contre la prostitution ne sera pas oubliée, alors que le Canada s'engage, comme la France, dans la voie de la pénalisation des clients : "Ce sont des sujets dont on va discuter, propose encore Mme Payette. On va voir dans quel sens les femmes désirent s’orienter. Moi, j’ai des opinions personnelles, mais est-ce que j’arriverais à les faire partager par d’autres femmes ? C’est à ça que sert ce comité : à expliquer pourquoi il y en a qui sont pour, pourquoi il y en a qui sont contre, jusqu’où on est prêtes à aller et quelle est la réaction des femmes immigrantes quand on leur fait des propositions ? Est-ce qu’il y en a qui sont plus avancées en termes de réflexion que d’autres ? Ça reste à voir. On ne les connaît pas, donc on va faire connaissance. On va aller les chercher ; on va leur demander de nous éclairer. Et on prendra les décisions qui en découlent."
La récente déclaration du chef d’état-major de l’armée canadienne selon laquelle l’homme en uniforme cède parfois à des pulsions biologiques, parce qu'il est "biologiquement programmé", pour expliquer les cas d’harcèlement et d’agressions sexuelles au sein des forces canadiennes en a fait grimper plus d’une aux rideaux, et à juste titre ! "La persistance des plaintes pour inconduite sexuelle dans l'armée est due au fait que les êtres humains sont biologiquement programmés différemment" a dit le haut gradé...
Une ex-juge Marie Deschamps a récemment rendu public un rapport au vitriol sur le traitement des femmes au sein de l’armée canadienne, dénonçant un problème grave et systématique de pratiques de harcèlement et d’agression.
Un rapport qui a fait grand bruit sans toutefois en arriver à des mesures concrètes pour essayer de faire changer les choses. C’est en répondant à des questions sur ce rapport que Tom Lawson, le chef d’État-major, a lancé sa petite bombe… pour se rétracter par la suite en présentant ses excuses.
Mais c’est effectivement en entendant ce genre de commentaire surréaliste qu’on se dit que le combat pour l’égalité homme-femme est loin d’être terminé… Le collectif est en train de préparer la tenue d’un sommet prévu pour cet automne. Un manifeste est également en cours de rédaction, il devrait être prêt pour la rentrée de l'automne 2015.