Au Soudan, jupe ou pantalon, même sanction

Au Soudan, 10 femmes risquent la flagellation pour "tenue indécente". Leur crime ? Porter une jupe ou un pantalon… 
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femmes soudanaises
Des Soudanaises se rendent au bureau de vote lors des dernières élections présidentielle et législatives, le 13 avril 2015, près de Khartoum.
©AP Photo/Mosa'ab Elshamy
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Voici donc ce qui ressemble bien à un nouvel épisode de la série "la jupe".  
Après l'Algérie où une jeune aspirante avocate avait été empêchée de passer son examen pour cause de jupe "trop" courte, et l'expulsion en France d'une lycéenne de son école pour jupe "trop" longue, voici une nouvelle affaire où ce vêtement porte préjudice à celle qui le porte. Mais cette fois-ci, le pantalon est aussi concerné.
 
C'est Amnesty International qui relaie ce dossier sur son site, cette semaine, mais l'affaire remonte au 25 juin dernier Au Soudan, devant une église évangélique baptiste, 12 femmes se font interpeller par la police alors qu'elles sortaient d'une cérémonie religieuse.

Toutes sont étudiantes de confession chrétienne, originaires des monts Nouba du Kordofan du Sud, une région déchirée par la guerre.  Toutes portaient soit des jupes soit des … pantalons. Deux d'entre elles ont été libérées peu après leur arrestation. Les 10 autres ont été inculpées et seront jugées courant juillet. Elles risquent 40 coups de fouet.  

Porter des vêtements indécents ?

 Elles ont été arrêtées au nom de la loi sur l'ordre public. Selon l'article 152 du Code pénal, qui date de 1991, du Soudan, "quiconque commet un acte indécent, un acte qui viole la moralité publique ou porte des vêtements indécents" peut être condamné à être flagellé en place publique et à payer une amende. A aucun moment, le terme "vêtement indécent" n'est défini plus précisément. De quoi laisser une latitude sans limite aux membres de la police. Ils peuvent ainsi, en toute impunité, juger de ce qui est ou non "indécent" et dont les femmes sont les premières victimes.  
 
En 2009, une jeune Soudanaise de 16 ans avait reçu 50 coups de fouet. Son tord ? Avoir porté une jupe jugée "indécente". La même année, une journaliste soudanaise devenue activiste, Loubna Ahmed al-Hussein était arrêtée avec 12 autres femmes pour avoir porté... des pantalons. La journaliste avait été condamnée à une amende de 200 dollars. Refusant de la payer, elle avait été conduite en prison pour être finalement libérée après le règlement de son amende par une association de soutien. 

La tenue vestimentaire devant la justice

Ces affaires de jupes ou de pantalons soi-disant "indécents" semblent se multiplier depuis quelques années et surtout au cours de ces derniers mois. Au Maroc, le procès de deux jeunes femmes pour "outrage à la pudeur" parce qu'elles portaient une jupe a suscité une vague d'indignation et de mobilisation sur les réseaux sociaux. Sanae et Sihame, toutes deux coiffeuses, avaient été arrêtées le 16 juin sur le marché d'Inezgane, dans le sud-ouest du pays sur le chemin de leur travail. Elles avaient été encerclées par une foule en colère jugeant leurs jupes trop courtes. En vertu de l'article 483 du Code pénal marocain elles risquaient entre un mois et deux ans de prison. Jugées le 13 juillet à Agadir, elles ont été finalement innocentées de leur "crime".  
 
Pour mémoire, en France, la loi interdisant le port du pantalon pour les femmes n'a été officiellement abrogée qu'en janvier 2013. Cette ordonnance, datant du 7 novembre 1799 visait à limiter l'accès des femmes à certains métiers. En 2012, une certaine Cécile Duflot, alors ministre, avait été chahutée pour la robe bleue qu'elle portait lors d'une séance à l'Assemblée nationale.  
 
Au Soudan, au Maroc jusqu'en France, en jupe, robe ou en pantalon, pour les femmes, le combat pour les droits et la liberté passe aussi par la tenue vestimentaire.