Dans l’impossibilité d’investir trois à quatre millions de dollars dans la mise aux standards de la chirurgie ambulatoire du centre IVG de la basse vallée du Rio Grande où il exerçait, Lester Minto a ainsi dû se résigner, à la fin du mois de février dernier, à fermer les
Reproductive Services d’Harlingen. Faute de bénéficier de «
privilèges d’admission » dans un hôpital voisin pour parer à une éventuelle urgence grave, le médecin texan ne pouvait déjà plus y pratiquer d’IVG depuis l’automne.
Le privilège d'admission est le droit d'un médecin, en vertu de son statut de membre soignant d'un hôpital, d'admettre un patient dans un hôpital ou un centre médical afin d'y délivrer un diagnostic ou un traitement. Mains nombre de cliniques n'ont pas réussi à obtenir ce "privilège d'admission" pour leurs praticiens.
Mais comme ses homologues de Whole Woman’s Health, de l’autre côté de cette communauté frontalière d’un million et demi d’habitants, il continuait d’y recevoir les femmes ayant réussi à déclencher l’avortement en se procurant des médicaments au marché noir ou bien en consommant les herbes abortives connues de la communauté d’origine mexicaine.
Le jour de la fermeture de ce centre servant un comté frontalier pauvre à 35 %, le médecin texan a reçu le coup de fil d’un orphelinat.
« On m’a exposé le cas d’une fillette de douze ans qui avait été violée au moins cinq fois en immigrant clandestinement aux Etats-Unis et était enceinte. Pour l’instant, elle est sans-papier, donc elle ne peut pas passer les barrages douaniers au sein du pays pour se rendre à San Antonio. Et le temps qu’elle régule sa situation, elle ne pourra plus avorter. Elle est coincée. »