Fil d'Ariane
La Cour suprême du Texas a empêché une femme de bénéficier d'un avortement d'urgence malgré le danger que représente cette grossesse pour sa santé. Son fœtus, atteint de trisomie 18, n'a aucune chance de survie, selon les médecins, et poursuivre cette grossesse pourrait la rendre infertile.
Kate Cox, une mère de deux enfants de 31 ans originaire de la région de Dallas, est enceinte de 20 semaines. Une juge de district de l'Éta a déclaré qu'elle accorderait une ordonnance temporaire qui permettrait à Kate Cox de se faire avorter parce que sa vie est en danger.
La semaine dernière, Kate Cox a reçu la confirmation que son fœtus souffrait d'une maladie mortelle : la trisomie 18, une anomalie chromosomique associée à des malformations graves. En raison de ses antécédents médicaux, ses obstétriciens-gynécologues l’ont avertie que poursuivre la grossesse pourrait mettre en danger sa santé et sa fertilité future. Âgée de 31 ans, elle vit dans la région de Dallas avec son mari et ses deux enfants âgés de 3 et 1 an. Aucune de ses deux grossesses précédentes n'a été facile et elle a subi une césarienne pour les deux accouchements.
Lors d'une audience d'urgence le 7 décembre dernier, la juge Maya Guerra Gamble lui avait accordée la possibilité d'avorter. Une décision rare dans cet Etat qui interdit l'avortement sauf très rares exceptions, une des législations les plus strictes en la matière aux Etats-Unis. Mais c'était sans compter sur l'intervention du procureur général Ken Paxton - un républicain ultraconservateur - qui a alors saisi la Cour suprême texane pour faire suspendre cette décision. L'instance a suivi cette demande en suspendant la décision de la juge tout en indiquant que la requête de Kate Cox resterait devant la Cour pour examen.
"Sans tenir compte du fond, la Cour suspend administrativement la décision du tribunal de district" qui permettait à Kate Cox d'avorter, s'insurge le Centre pour les droits reproductifs (CRR) qui représente Kate Cox devant la justice.
Il s'agit de soins médicaux urgents. Kate est déjà enceinte de 20 semaines. C'est la raison pour laquelle les gens ne devraient pas supplier (d'obtenir) des soins médicaux devant un tribunal. Molly Duane, avocate du CRR
"Bien que nous espérons toujours que la Cour rejettera en fin de compte la demande de l'Etat et qu'elle le fera rapidement. Dans cette affaire, nous craignons qu'un retard de justice ne soit un déni de justice ", explique Molly Duane, l'avocate principale du CRR dit craindre que la décision de justice, reportée, soit synonyme de refus. "Il s'agit de soins médicaux urgents. Kate est déjà enceinte de 20 semaines. C'est la raison pour laquelle les gens ne devraient pas supplier (d'obtenir) des soins médicaux devant un tribunal", a-t-elle déclaré.
En juin 2022, la Cour suprême des Etats-Unis a cassé son arrêt "Roe v. Wade", qui garantissait depuis un demi-siècle le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse. Depuis, une vingtaine d'Etats ont interdit l'avortement ou l'ont très fortement restreint, comme le Texas, qui n'autorise les IVG qu'en cas de danger de mort ou de risque de grave handicap pour la mère.
L'expert médical du Texas a estimé que Kate Cox ne remplissait pas les conditions nécessaires pour bénéficier de l'exception médicale. Le procureur Ken Paxton
"La loi texane interdit les avortements volontaires", a souligné le général Ken Paxton, affirmant que la juge avait "abusé de son pouvoir" sans "aucune preuve". "L'expert médical du Texas a estimé que Kate Cox ne remplissait pas les conditions nécessaires pour bénéficier de l'exception médicale", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, assorti d'une lettre adressée à des hôpitaux texans, Ken Paxton avait déjà mis en garde contre "les potentielles implications de long terme" si ces établissements autorisaient l'avortement. Qualifiant la juge de "militante", il avait affirmé que sa décision en faveur de la plaignante ne protègerait ni ces hôpitaux, "ni aucune autre personne, d'être tenus pour responsables au civil et au pénal pour violation des lois texanes sur l'avortement".
La loi texane ne fait aucune exception pour les anomalies fœtales. Il n'existe pas de statistiques récentes sur la fréquence des interruptions de grossesse pour anomalies fœtales aux États-Unis, mais les experts affirment qu'il s'agit d'un faible pourcentage du total des procédures.
Selon les données sanitaires de l'État, moins de 50 femmes au Texas ont subi un avortement depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction l'année dernière.
Quelques heures avant que la Cour suprême du Texas ne suspende la décision concernant Kate Cox, une femme du Kentucky, enceinte de huit semaines, a également demandé le droit à l'avortement devant un tribunal de l'État. Comme nous l'apprend le site ctv.news.ca, le procureur général de l'État républicain, Daniel Cameron, dont le bureau a défendu les lois anti-avortement de l'État, a déclaré que son bureau allait réexaminer ce dossier.
"J'aimerais vraiment avoir un autre bébé", a déclaré Kate Cox à NBC News, "Donc, j'ai bon espoir pour ma santé et pour notre famille."
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