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"Balancer" est-il une réponse au harcèlement sexuel ?

C'est LA tendance du week-end sur Twitter en France. En moins de 48 heures, des dizaines de milliers de tweets postés avec le mot dièse #balancetonporc. Objectif : que les victimes de harcèlement sexuel dénoncent les cas qu'elles ont subis, et leurs auteurs.
C'est une réaction en chaîne. Aux Etats-Unis, les accusations de harcèlement sexuel se succèdent contre le producteur de cinéma américain Harvey Weinstein. En France aussi, la parole se libère, sur Twitter, avec un appel on ne peut plus direct: #balance ton porc ! 

L'initiative vient de la journaliste Sandra Muller de la Lettre de l'Audiovisuel. Elle appelle à témoigner sur Twitter avec ce mot-dièse à la clé :
 
Plus de 200 retweets et une trentaine de réponse. 
Quelques heures après avoir lancé son appel, Sandra Muller donne l'exemple avec son propre témoignage qui aura encore plus d'écho: 
 
Mais le mot-dièse #balancetonporc, lui, fait fureur : il devient la tendance majeure du réseau social en France et figure en tête du palmarés pendant des heures au cours de la journée de dimanche. Même son inventrice se dit surprise : 
Plusieurs consoeurs suivent l'exemple et témoignent elles aussi de situations, gestes et propos subis venant de leurs collègues masculins, le plus souvent de supérieurs hiérarchiques. 
 

Les exemples sont légions et ils touchent tous les secteurs des médias, de l'édition, de la publicité. Mais les témoignages vont bien au-delà de ces cercles. 
 

Si dans l'esprit, l'appel est largement entendu, il n'est pas suivi à la lettre. Peu de tweets livrent un nom, et les descriptions ne permettent guère d'identifier une personne, voire une société. Difficile d'interpréter ce silence : autocensure ou peur des conséquences voire de représailles, mesure de prudence ou mesure de protection.

Au final, #balancetonporc donne lieu à une série de révélations où tous les cas de figure plus ou moins nauséabonds sont présentés.
 
Entre les tweets qui ne reçoivent aucune réponse et ceux retweetés des centaines de fois, ces témoignages rencontrent des succès d'audience divers.

Mais les réactions à #balancetonporc ne sont pas toujours positives, pour des motifs variables.


Car si beaucoup à l'instar de nombreux médias qui en parlent se félicitent de la libération de la parole des victimes, d'autres sur Twitter s'inquiètent de ses dérives possibles ou inévitables.

D'autres mots dièses ou hashtags apparaissent pour aider les femmes à évoquer les assauts subis, tel ce #Metoo, Moi aussi en français : "si toutes les femmes qui ont éte agressées sexuellement, harcelées, écrivent sur "leurs statuts" #Metoo, nous pourrions donner aux gens une idée de l'ampleur du problème."

Dans le même registre, #balancetonporc a désormais son alter ego féminin et se décline aussi en #balancetatruie. Contre les mêmes maux, les mêmes armes ? Pas vraiment car rares sont les cas de harcèlement rapportés.    

Le débat reste ouvert entre celles/ceux qui perçoivent ce phénomène comme un exutoire passager et celles/ceux qui estiment qu'il s'agit d'une prise de conscience décisive, les deux aspects ne s'excluant pas forcément. 

Sauf que, quelle que soit l'intention, "balancer" son (ou sa) harceleur sur Twitter ne rend jamais justice.

Qu'il soit réalisé de façon répétée ou occasionnelle, le harcèlement sexuel est un délit, puni jusqu'à 2 ans de prison et 30 000 euros d'amendes, voire jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amendes en cas d'abus d'autorité. Selon la loi, "vous pouvez porter plainte devant la justice pénale dans un délai de 6 ans après le dernier fait (un geste, un propos...) de harcèlement. La justice prendra en compte tous les éléments constituant le harcèlement même si les faits se sont déroulés sur plusieurs années".