La P’tite Blan, c’est une saga à deux mains en trois tomes, on ne peut plus autobiographique, du duo Blan, scénariste et son pote Galou dessinateur. Je ne résiste pas à vous présenter la série en plein débat sur le mariage gay. La seule histoire de sa génèse va énerver les Anti.
Gaël dit Galou, 38 ans, est «le seul homo de cette planète à dessiner les aventures d'une lesbienne… » dixit Blandine Lacour, auto-éditrice : « Nous sommes tous les deux homosexuels : c'est d'ailleurs la première fois qu'un tel projet commun voit le jour en BD et nos livres ne sont pas uniquement destinées à un lectorat homosexuel, bien au contraire ».
Les aventures de la petite Blan qui aime les femmes dès le berveau commencent donc à la maternité. La puéricultrice est trop jolie, P’tite Blan pas ravie de ressembler à son papa, et la fée sur son berceau lui prédit un avenir de présidente ou de lesbienne.
Attention : ici, on s’assume ! Lecteur, tu peux rire sans gêne. Dans ce monde hétéronormé et sexiste, Blan impose son style, combat la normalitude pour mieux vivre sa lesbiannitude et campe, tel un Obama fait femme, sur le dos de la norme terrassée comme le dragon.
Beaucoup de dérision : « Pas de pyjama rose, ça fait fille », une claire préférence pour la mère Noël ou encore Super-Goudou, le super-héros transgenre. Mais aussi des moments tendres avec la chatte Griffouillie, et d’autres très militants qui révèlent sans pathos le chemin à parcourir en milieu hostile, entendre une famille « coincée », quand on nait fille à fille.
Après « Coming Soon », viennent « Coming-Out » forcément sous-titrée « Une sortie du placard » et « Coming Back, le retour de la lesbienne ».
Un Coming-Out qui fraichit l’atmosphère. Bien que dans la même veine distanciée et pleine d’un humour très astringent, la vie de la P’tite Blan se corse. Elle a dit au revoir à papa-maman et à leur vie hétéropoussive et trace désormais un chemin pas précisément bordé de roses. Il faut tuer l’hétéro en soi pour faire vivre l’homo, et où crier son homosexualité à la face d’un si grand monde pour être entendue ? Chez le psy, seul praticien à se sentir mieux que le patient après la consultation ? A ses parents pour être vraiment out (devant la porte, ses valises à la main) ? Heureusement, il y a Galou, le confident dessinateur (vous suivez ?) qui lui aussi se cherche un peu : « et si j’étais lesbienne ??? ».
Blan, c’est un point de vue. L’homosexualité, c’est politique. Un avis partagé par Galou, Blan, et moi. Et manifestement par tous ceux qui ont défilé dans la rue, les Pour et les Contre le mariage homo et l’homoparentalité. C’est politique parce que choisir sa sexualité, cette affaire infiniment privée, c’est enfreindre le prêt à penser, la pression de conformité, la fausse bienveillance, la religion…. Bref, c’est déplaire à une large partie de la société pour se plaire à soi-même. Le plus dur, c’est pas d’être lesbienne, dit comiquement notre héroïne, c’est de vivre avec.
Au 3ème tome, en route pour Lesboland (autrement dit Le Marais, quartier gay parisien pour ceux qui ne connaîtraient pas) pour une séance de rattrapage sexo-affectif. Après l’ère du doute, l’ère de l’Eclate, avec alcool et conquêtes à gogo jusqu’à la rencontre de l’Amour avec un grand A. Fin de l’histoire et Happy End.
Je le confirme. La P’tite Blan, c’est pas réservé aux homosexuels, c’est pour tout le monde puisque c’est, en mode cocasse, l’histoire de la conquête de soi. Une problématique, vous me l’accorderez, qui transgresse les genres.