Banque centrale européenne : la fronde anti-machiste

Le coup est venu de là où on ne l'attendait pas, du Sud de l'Europe, souvent perçu comme plus machiste que la moitié Nord du continent. L'Espagne a en effet bloqué la nomination de Yves Mersch, directeur pressenti de la Banque centrale européenne . Même si l'on ne connaît pas les raisons précises de ce blocage : est-ce parce que M. Mersch est un partisan d'une rigueur budgétaire absolue, cette rigueur dont l'économie espagnole souffre en ce moment ? Ou bien est-ce parce qu'il est un homme ? Le parlement européen s'était en effet opposé par un vote symbolique, le 25 octobre 2012, à la BCE, pour défaut absolu de femmes dans ses instances dirigeantes.
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Banque centrale européenne : la fronde anti-machiste
Photo officielle et unisexe du Conseil des gouverneurs de la banque centrale européenne
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La nomination d'un nouveau membre du directoire de la BCE, qui suscite depuis des semaines une polémique sur l'absence de femmes, a été bloquée par l'Espagne, et doit maintenant être soumise à un sommet des dirigeants européens. Le Conseil européen avait lancé la semaine dernière une procédure écrite pour confirmer la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch au directoire de la Banque centrale européenne. Les gouvernements avaient jusqu'à lundi pour y répondre. M. Mersch est considéré comme un partisan d'une politique monétaire rigoureuse, proche des positions défendues par la Bundesbank. Pour être validée, la procédure écrite de nomination devait être approuvée à l'unanimité par les 17 pays membres de la zone euro.

Or elle "a été bloquée par au moins un Etat membre, l'Espagne, ce qui suffit à l'interrompre", ont annoncé dans un communiqué deux députés européens en pointe sur ce dossier, la libérale Sylvie Goulard et le Vert Sven Giegold.
Si aucun Etat membre n'avait bloqué le processus, M. Mersch aurait pu être désigné à une majorité qualifiée. Il était prévu qu'il prenne ses fonctions le 15 novembre. L'entrée en fonction du nouveau membre, que ce soit finalement M. Mersch ou une autre personnalité, est donc repoussée de plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

La nomination de M. Mersch, 63 ans, actuel gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg avait soulevé une sérieuse polémique, puisque le Conseil des gouverneurs et le directoire de la BCE ne comptent plus aucune femme, et ce au moins jusqu'en 2018, date du prochain renouvellement.
Le Parlement européen notamment avait rejeté sa nomination lors d'un vote consultatif.
Vendredi, Mme Sylvie Goulard et M. Sven Giegold s'étaient indignés de la volonté du Conseil, représentant les Etats, de passer en force en lançant une procédure écrite en pleine semaine de vacances de la Toussaint. "La bataille continue pour éviter un directoire de la BCE qui ne compterait que des hommes en violation des principes fondamentaux de l'Union européenne" ont-ils affirmé lundi. Ils appellent le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui en a la prérogative, à "demander officiellement au Conseil de désigner un nouveau candidat, qui serait en l'ocurence une candidate compétente".

Mme Goulard avait souligné vendredi 2 novembre 2012 que le Parlement avait suggéré pour le poste de nombreuses personnalités féminines, notamment néerlandaises et finlandaises, deux pays qui défendent des positions monétaires orthodoxes. La dernière femme à avoir été membre du directoire, l'Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell, a été remplacée en 2011 par un homme, le Belge Peter Praet, préféré à une candidate slovaque.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE, principal organe de décision de la banque centrale, est composé de 23 membres, les six membres du directoire et les 17 gouverneurs des banques centrales nationales.