Hecho histórico, Petra De Sutter, es elegida ministra en Bélgica y se convierte en la primera mujer trans ministra en la historia de Europa; congratulations dear @pdsutter, you are such a pride to the trans community all over the world https://t.co/bemeSuSxHR pic.twitter.com/RY4VLZVnJO
— Carla Antonelli / (@CarlaAntonelli) October 2, 2020
En ce début d'octobre 2020, la voici, à 57 ans, nommée vice-Première ministre chargée de la Fonction publique du nouveau gouvernement belge. Quelques jours après avoir prêté serment, elle fait part de sa fierté de devenir la première ministre transgenre en Europe. "Je suis fière qu'en Belgique et dans la majeure partie de l'Union européenne votre identité de genre ne vous définisse pas en tant que personne et soit un non-problème. J'espère que mon engagement en tant que ministre et vice-Première ministre pourra déclencher un débat dans les pays où ce n'est pas encore le cas", dit-elle dans cet message épinglé en tête de son compte Twitter :
I am proud that in and in most of your gender identity does not define you as a person and is a non-issue. I hope that my appointment as Minister and deputy PM can trigger the debate in countries where this is not yet the case. #fighttransphobia pic.twitter.com/WdgHu2gyy6
— Petra De Sutter (@pdsutter) October 4, 2020
Un exemple dans le combat anti-discrimination
Gynécologue internationalement reconnue pour ses travaux sur la fertilité, Petra De Sutter dirige le service de médecine reproductive de l'université de Gand. Alors pas question pour elle de se voir réduite à sa transition, un aspect de son individualité qui appartient à son histoire strictement personnelle, explique-t-elle, même si elle assume volontier son rôle de modèle : "Beaucoup me voient comme un exemple dans le combat anti-discriminatoire. Je veux bien jouer ce rôle, car il peut aider les gens dans le combat contre la discrimination", explique-t-elle au micro de RTLinfo.En Belgique, la nomination d'une ministre transgenre n'a pas défrayé la chronique, ce qui "montre que dans notre société, nous sommes au stade où ceci n'est pas exceptionnel," se félicite-t-elle. Mais "dans beaucoup de pays dans le monde, il y a beaucoup de discrimination, d'homophobie et de transphobie. Le débat se passe dans ces pays-là pour l'instant", ajoute-t-elle.
La GPA : trouver l'équilibre
Le rapport sur la procréation médicalement assistée (GPA) que l'eurodéputée Petra Sutter dépose en 2016 à Bruxelles est resté lettre morte, tant au niveau européen qu'en Belgique. L’hôpital de Gand, où elle est cheffe de service, fait partie des quatre seuls du royaume à pratiquer la GPA. Pour Petra de Sutter, la GPA, oui, mais avec prudence et des réglementations. Elle se souvient des vives réactions contre la GPA au sein du Parlement européen : "Certains groupes ne voulaient tout simplement pas du débat. Pour eux c’était comme parler de la pédophilie. Les féministes sont également très divisées : certaines sont totalement contre la GPA comme elles le sont au sujet de la prostitution, quand d’autres l’envisagent comme un choix. Mais c’est le monde de demain, il ne faut pas résister, il faut pouvoir trouver un nouvel équilibre," cite le magazine coopératif Wilfried dans un portrait d'elle en 2018.
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Patriarcat, médecine et transphobie
Le paternalisme, Petra De Sutter l’a côtoyé dans son propre domaine d’expertise, la gynécologie et l'obstétrique. "Induction chronométrée du travail, épisiotomies non consenties, césariennes à la chaîne, 'point du mari'... En France, les révélations de violences obstétricales trop ordinaires se sont frayées une place dans les débats publics. En Belgique, Petra De Sutter confesse que le combat tarde à se faire entendre, explique-t-elle en 2018 au magazine belge Wilfried.Dans ce même portrait de celle qui devait devenir vice-Première ministre de Belgique, elle explique qu'elle fut elle-même patiente, en psychiatrie, pendant deux ans à peu près, avant d'engager sa transition. "Chaque médecin devrait passer une fois de l’autre côté et endurer le système médical. Ça m’a influencée. Je crois qu’on devient plus empathique en tant que médecin après, on écoute un peu plus les gens. Je pense que je suis devenue une meilleure médecin par la suite," raconte-t-elle. Ce sont ces "quelques années infernales qui l’ont menée à la limite, à quelques secondes près" qui l'ont conduite à faire son coming-out à l'âge de 40 ans : pour sa famille, ses collègues, elle sera désormais Petra.

Ce qu'elle veut faire, avant tout, c'est de la politique. Elle explique comment elle a développé les défenses qui lui permettent de faire face à l'intérêt suscité par cette différence qui suscite des réactions contrastées, mais dont la nouveauté ne peut laisser totalement indifférent.
"C’est certain qu’il y a des gens que ce que j’incarne dérange. Alors, soit on se laisse blesser, soit on développe une cuirasse. Aujourd’hui, moi, j’ai une peau comme ça, mesure-t-elle entre son pouce et son index. J’ai observé tout un processus pour comprendre ce qui se passait en moi. C’était une époque où il n’y avait pas Internet, où il n’y avait rien. Ça m’a pris quarante ans avant d’être persuadée que c’était comme ça, qu’il fallait que je continue à vivre avec," dit-elle à Wilfried.
Portrait très fort de la nouvelle vice-première ministre @pdsutter par @ElisabethDbrs paru dans notre n° 4 au printemps 2018. En accès libre sur notre site. https://t.co/PgXH0c6qZB pic.twitter.com/7qGxySuCPA
— Wilfried mag (@Wilfried_mag) October 2, 2020
Un gouvernement belge plus jeune, plus féminin
La nomination de Petra de Sutter s'inscrit dans le renouveau du gouvernement belge voulu par le Flamand Alexander De Croo. Le nouveau cabinet se distingue par sa jeunesse et sa diversité, mais aussi parce qu’il affiche une majorité de femmes, alors que le précédent n’en comptait que 4 pour 9 hommes. Sur les 14 nouveaux ministres, huit sont des femmes, dont l'ex-Premier ministre Sophie Wilmès, choisie pour les Affaires étrangères.
L'Intérieur, la Défense, l'Energie, l'Environnement et les Pensions sont autant de portefeuilles majeurs désormais dirigés par des femmes. Ludivine Dedonder, une socialiste francophone de 43 ans, ex-journaliste sportive à l'ascension éclair en politique, est la première femme nommée ministre de la Défense en 190 ans d'histoire de la Belgique, tandis que portefeuille associant la Coopération au développement et la politique de la ville échoit à la socialiste Meryame Kitir, 40 ans, une ex-ouvrière automobile née de parents marocains.
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