Belgique : plus de pauvreté chez les femmes, moins chez les hommes

Pourquoi les femmes sont-elles toujours en première ligne quand il s'agit de pauvreté ? Voilà la question qui s'impose à la lecture de ce rapport par l'Institut Eurostat sur la Belgique. Si le risque de pauvreté a baissé ces dernières années chez les hommes, il a augmenté chez les femmes.
Image
Femmes restau du coeur
En Belgique ou en France, de plus en plus de femmes ont recours aux aides, comme ici dans un centre des Restos du Coeur.
©DR
Partager3 minutes de lecture
59 000 : c’est le nombre de femmes qui sont passées dans la catégorie "risque de pauvreté ou d’exclusion sociale", en Belgique, entre 2014 et 2016, selon les tous derniers chiffres publiés par Eurostat, l’institut européen de statistiques.

Ce "risque de pauvreté" peut s'exprimer de trois façons différentes : si vous êtes en situation de privation matérielle sévère ; si vous vivez dans un ménage à très faible intensité de travail ou si vous êtes pauvre après des transferts sociaux. C'est la définition européenne.

En 2014, 1 204 000 femmes se trouvaient dans cette catégorie, soit 21,5% des femmes résidant en Belgique. L’an dernier, en 2016, ce chiffre est monté à 1 263 000 femmes (22% de la population).

Une augmentation de 59 000 personnes alors que, dans le même temps, le nombre d’hommes en situation de "risque de pauvreté ou d’exclusion sociale" est, lui, en baisse. En 2014, 1 135 000 hommes (20,9%) étaient en situation de "risque de pauvreté ou d’exclusion social". Deux ans plus tard, ce chiffre recule de 63 000, 1 072 000 personnes (19,4% de la population masculine).

Comment expliquer cette différence entre hommes et femmes ?
Pour John Crombez, le président des socialistes flamands, qui a réagi sur Twitter, c’est le résultat du travail du gouvernement fédéral actuel.
Sur dix ans, ça descend par à-coups, mais très loin de l’objectif européen

Lorsqu’on additionne hommes et femmes, on constate une baisse du nombre d’habitants belges en risque de pauvreté : de 2 339 000 à 2 335 000, de 21,2% à 20,7%, entre 2014 et 2016. Sur les dix dernières années, ce pourcentage est le plus bas, après l’année 2009 (20,2%). Mais ces dernières années (2010-2012, 2014-2015), ce chiffre est reparti à la hausse. Mais là où les statistiques peuvent être trompeuses, c’est que si les taux descendent, la démographie en vigueur en Belgique provoque, au final, une hausse du nombre de personnes en situation difficile, un chiffre qui a son importance…

Dans le cadre de la stratégie "Europe 2020", comme le rappelle dans ce rapport le Bureau du Plan, la Belgique s’est engagée à réduire la population des personnes exposées à "un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale" de 380 000 personnes entre 2008 et 2018. En 2008, ce chiffre était de 2 194 000 personnes. En 2016, pour rappel, il est de 2 335 000 personnes.

Plus d'un demi-million de personnes exposées

Depuis 2008, ce chiffre a donc augmenté de 141 000 personnes. Il y a donc plus d’un demi-million de personnes exposées à "un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale" en plus par rapport à nos engagements européens qui arrivent à échéance à la fin de l’année prochaine. Le bureau du Plan prévoit le chiffre de 2 232 000 personnes encore exposées en 2018. Encore loin, très loin de l’objectif "Europe 2020".