bell hooks, aux racines de l'afroféminisme

Pionnière du "blackfeminism", bell hooks aurait eu 71 ans ce 25 septembre. Dans son livre fondateur Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, l'autrice, disparue en décembre 2021, examinait l’impact du sexisme et du racisme sur les femmes noires, ainsi que le racisme au sein du féminisme, plaidant pour un mouvement plus inclusif.

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bell hooks
bell hooks, autrice, professeure et activiste du "blackfeminism" est décédée le 15 décembre 2021 à l'âge de 69 ans, suite à une longue maladie.
©capture d ecran
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Elle avait forgé son pseudonyme de « bell hooks » à partir des noms de sa mère et de sa grand-mère. Elle tenait à n'employer que des initiales minuscules, de manière non conventionnelle, pour elle le plus important dans ses travaux étant la « substance des livres, pas ce que je suis ».

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L’autrice féministe africaine-américaine est décédée le 15 décembre 2021 à 69 ans. Le Berea College du Kentucky, où elle enseignait depuis 2004, a précisé qu’elle avait souffert « d’une longue maladie ». 

Ne suis-je pas une femme : livre fondateur

Née Gloria Jean Watkins le 25 septembre 1952, bell hooks a publié son premier recueil de poèmes And There We Wept en 1978 et a notamment été saluée en 1981 pour Ain’t I a Woman ? Black Women and Feminism

ne suis je pas une femme
Le livre majeur de bell hooks.
©cambourakis/editions

Elle reprenait ainsi la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, lança en 1851 lors d’un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppressions de classe, de race, de sexe.

Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre paru en 1981 aux États-Unis les processus de marginalisation des femmes noires. Elle livre une critique sans concession des féminismes blancs, des mouvements noirs de ­libération, et de leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées. Elle y examinait l’impact du sexisme et du racisme sur les femmes noires, militant pour un féminisme plus inclusif. Un livre majeur du « Black Feminism », un outil ­nécessaire pour tou·te·s à l’heure où, en France, une nouvelle génération d’Afroféministes prend la parole.

La militante, écrivaine, chercheure et réalisatrice -notamment du documentaire Ouvrir la voix- Amandine Gay, a signé la préface de sa traduction en français publiée aux éditions Cambourakis. Celle-ci lui rend hommage sur sa page Facebook en la citant "Quand nous aimons les enfants, nous reconnaissons par chacune de nos actions qu'ils ne sont pas une propriété, qu'ils ont des droits, que nous respectons et défendons leurs droits." "La question de la domination adulte fait de plus en plus part de ma vie, l’envie d’écrire pour les enfants aussi et c’est une des nombreuses réalisations/explosion de cerveau que je dois à bell hooks. Ma tristesse n’a d’égale que la gratitude que je ressens pour celle à qui je dois beaucoup", écrit-elle dans sa publication.

« Pour une nouvelle forme de féminisme »

Depuis ce livre fondateur, bell hooks a publié une quarantaine d’ouvrages, de la poésie à la littérature jeunesse, explorant non seulement le féminisme, le racisme mais aussi l’amour. « Nous pouvons aimer d’une manière profonde qui transforme le monde politique dans lequel nous vivons », déclarait-elle en 2000.

« Ses écrits – critiques littéraires, poésie, mémoires – sont difficiles à ranger dans une seule case. Ils abordent le capitalisme, l’histoire américaine mais aussi l’amour et l’amitié. Elle s’est battue pour une nouvelle forme de féminisme, qui prend en compte les différences et les inégalités parmi les femmes, pour créer un nouveau mouvement, plus inclusif », écrit The New York Times pour lui rendre hommage. 

hommage ndèye fatou kane

En 1984, le Time magazine la nommait personnalité de l'année. Dans l'article qui lui était consacré, on pouvait lire : "Elle est devenue cette rock star rare d'un public intellectuel qu'elle avait dépassé en restant accessible. Pour des générations de filles noires, hooks a été un rite de passage".

Une du time bel hooks
©capture ecran/Time magazine

Tristesse et hommages sur les réseaux sociaux

Afin d’honorer sa mémoire, sa famille a mis en place une collecte de dons qui seront reversés au Christian County Literacy Council ou aux Museums of Historic Hopkinsville Christian County, un musée spécialisé dans l’héritage afro-américain.

Lorsque la nouvelle de son décès a été connue, de nombreuses personnes touchées par son travail et son héritage ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour partager leur chagrin.

"Quelle écrivaine, quelle penseuse, quelle femme !", s'exclame une internaute publiant un extrait de ses écrits afin de lui rendre hommage.