Femmes artistes
Les femmes, elles, restaient cantonnées aux places d'"apprenties" dans l'ombre des grands hommes. Ainsi le travail et la renommée de ces femmes sont-ils intimement liés à ces mêmes artistes, auprès desquels elles avaient dû apprendre. Car jusqu'au début du XXe siècle, très rares étaient les académies à dispenser leurs enseignements aux femmes. C’est dans les ateliers des maîtres qui, eux, avaient pu suivre une formation académique, qu'elles avaient une chance d'en profiter.
Suzanne Valadon, par exemple, lingère, puis écuyère de cirque, s’est formée, encouragée par Edgar Degas, au gré de ses passages dans les ateliers des maîtres sur les Grands Boulevards. Dans les années 1880 à Paris, seule l’Académie Julian était ouvert "aux hommes, aux femmes et aux artistes étrangers," explique Raphaële Martin-Pigalle, la commissaire de l’exposition :
Tablettes gravées, parures, tableaux, moulages et sculptures… Des collections archéologiques jusqu'aux beaux arts, en passant par l’Antiquité, le Moyen Âge et les collections beaux-arts, l'exposition Belles de jour ne se veut pas "genrée", mais la commissaire Raphaëlle Martin-Pigalle espère qu’elle fera découvrir l’apport des artistes féminines.
Femmes modèles
De la mère de famille à la figure mondaine, de la courtisane à la muse, de la mère à l'insoumise, la femme est vue, par les peintres, comme un symbole de vérité, de fantasme et de liberté.
Les nus sont nombreux - mélancoliques, allégoriques, lascifs ou réalistes - dont la vedette reste l'immense portrait de la superbe danseuse Ida Rubinstein. La blancheur de sa peau éblouit sur un fond sépulcral et inquiétant annonciateur de la Première Guerre mondiale.
Un peu plus loin, l'Âme de la forêt (voir la galerie de photos ci-dessous), pour Edgard Maxence, est incarnée par quatre visages de femmes évoquant les légendes celtes. Au fil du parcours, on découvre aussi plusieurs liseuses, jeunes et vieilles, richement vêtues ou à demi-nues, en alcôve ou dans un cadre bucolique.
Brodeuse, marchande de poissons ou glaneuse... L'exposition illustre aussi les réalités sociales des femmes du Second Empire aux années 1930. Dans la première moitié du XXe siècle, de Soir de septembre à La Grande Plage à Biarritz en passant par Les baigneuses ou le Tennis à Dinard, se dessine l'évolution du statut de la femme dans la société avant et après le tournant de la Première Guerre mondiale.
Avec Passe-temps honnête, (voir galerie), le Néerlandais Kees Van Dongen, qui débuta sa carrière en peignant les prostituées du port de Rotterdam, ne manque pas d'humour. C'est en effet à une sage occupation que se livre son modèle : la même que celle de l'auteur. Un tableau qui révèle l'importance des femmes peintres et leur rôle longtemps sous-estimé.