Fil d'Ariane
Très heureuse de la réouverture de la @bibMarguerite aujourd'hui! Je vous invite toutes et tous à venir découvrir ce haut lieu du #matrimoine et sa collection unique de documents sur l'histoire des femmes et du #féminisme! https://t.co/SaERPKBYcu
— Hélène Bidard (@Helenebidard) January 14, 2020
"Une bonne nouvelle à vous annoncer: la bibliothèque Marguerite Durand restera dans ses locaux. Merci à nos nombreux soutiens. Plus que jamais on aime la BMD !", a tweetait il y deux ans l'historienne du féminisme Christine Bard, coanimatrice du collectif hostile au déménagement de l'établissement.
Une bonne nouvelle à vous annoncer : la bibliothèque Marguerite Durand restera dans ses locaux. Merci à nos nombreux soutiens. Plus que jamais on la Bmd ! pic.twitter.com/qpXy5zS5RX
— Christine Bard (@Christine_Bard) 4 décembre 2017
"Il s'avère que malgré les évolutions de notre projet et nos échanges depuis cinq mois avec le collectif, le compromis qui réunit tout le monde c'est que la bibliothèque reste dans ses locaux actuels", dans le XIIIe arrondissement, déclarait la mairie de Paris, se défendant d'avoir voulu "passer en force".
Ils avaient été nombreux à défendre ce fonds exceptionnel que la mairie de Paris veut délocaliser. Une mobilisation dont avait rendu compte Terriennes...
"Marguerite si tu savais ! Ton patrimoine est menacé !" scande sur l'air des lampions la foule rassemblée ce samedi 18 novembre 2017 devant la bibliothèque Marguerite-Durand, à Paris. Femmes, hommes, jeunes, vieux, associations, féministes, enseignants, journalistes, chercheurs...
"Seule bibliothèque publique en France exclusivement consacrée à l’histoire des femmes, du féminisme et du genre, la BMD (Bibliothèque Marguerite-Durand) ne doit pas devenir invisible puis disparaître", explique le communiqué du collectif Sauvons la BMD. C'est lui qui a appelé à la manifestation de cet après-midi gris et froid, ce collectif dont certains membres affirment qu'ils n'hésiteront pas à s'enchaîner devant l'Hôtel de Ville de Paris s'il le faut pour sauver leur bibliothèque. Car la BMD, c'est bien plus qu'un lieu de lecture.
J'ose espérer que la mémoire n'a pas un genre et ne se décline pas qu'au masculin.
Annick, enseignante
Pour beaucoup de femmes réunies ce 18 novembre, la bibliothèque Marguerite Durand est indissociable de la prise de conscience, dans les années 1960 et 1970, que les femmes, elles aussi, ont une histoire. "Des femmes de toutes disciplines s'y retrouvaient. Je me souviens de leur stupéfaction, quand l'une découvrait les lettres de Hélène Brion à Maleine Pelletier, l'autre des inédits de Rosa Luxembourg... Jusque là, tout nous était resté caché ! Sans la bibliothèque, où nous nous retrouvions, la découverte de ce 'continent noir' n'aurait pas été possible, ni le travail qui se fait actuellement sur l'histoire des femmes," se souvient Liliane.
Pour les associations présentes à la manifestation, c'est aussi le choix des autorités qui est en cause. L'Etat qui, à l'heure où la parole des femmes se libère et où l'histoire réintroduit ses illustres inconnues, choisit quelle mémoire sera encore là pour les générations suivantes. "La mairie de Paris préfère privilégier d'autres projets, comme le nouveau centre LGBT, et les met en concurrence. Moyens financiers, personnel, espace... Elle veut reprendre ses billes à la BDM qui, pourtant, fait aussi partie des mémoires culturelles," explique Damien, militant associatif.
Michelle Perrot, pionnière de l'histoire des femmes, historienne des grèves ouvrières et du monde du travail, défend la BMD haut et fort ce samedi :
Michelle Perrot pour la Bibliothèque Marguerite Durand. pic.twitter.com/QpcPBxHl3K
— Elise Thiébaut (@EliseThiebaut) 18 novembre 2017
Jouissant d’une renommée internationale, la BMD recèle un fonds unique auquel viennent puiser des étudiant du monde entier. "Que vont devenir ces travaux, ces thèses en cours ? La mairie de Paris envisage-t-elle sérieusement de ruiner des années de travail, de vie ? J'espère qu'elle n'a pas réalisé l'ampleur des conséquences immédiates de sa décision," peste Annick, enseignante.
Fondée en 1932 grâce au don de la journaliste féministe Marguerite Durand, la BMD, devrait bientôt se trouver expulsée du bâtiment qu’elle occupe dans le 13e arrondissement depuis 1989 pour faire place à une médiathèque. La Mairie de Paris envisage d'installer la BMD à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, déjà saturée. Autre idée : installer la BMD dans l'actuelle Galerie des bibliothèques, minuscule et inadaptée.
Dans un cas comme dans l'autre, l'exiguité des lieux exclut de pouvoir héberger l'ensemble du fonds et reprendre tout le personnel. Et même si une partie des archives étaient numérisées, cela empêcherait l'accès simple et immédiat aux documents : "Ce serait déjà une mise en cause du droit à l'information et à la culture pour tout le monde, mais aussi de la capacité de filiation des chercheurs, des auteurs qui ont contribué à alimenter le fonds de la BMD," déplore Monique, une militante féministe venue défendre l'institution en ce samedi de novembre gris et frisquet.
Avant la BMD, la bibliothèque féministe de Londres, elle aussi, avait dû se battre pour survivre. "Peut-être que l’aspect le plus important de la bibliothèque est de rappeler aux femmes tout ce que nous avons gagné ainsi que tout ce que nous avons à perdre," rappelait alors Emma Tatche, membre du collectif de la Feminist library.
A l'époque, les autorités avaient accordé un sursis à la bibliothèque féministe de Londres, mais au printemps 2017, elle a dû déménager dans d'anciens garages transformés en bureaux.