Des milliers de Brésiliens ont manifesté dans les rues jeudi 15 mars 2018 leur indignation au lendemain de l'assassinat d'une conseillère municipale noire de Rio de Janeiro qui incarnait la lutte contre le racisme et la violence policière.
Marielle Franco, 38 ans, avait été abattue la veille, en plein centre-ville, alors qu'elle revenait d'un rassemblement pour la promotion des femmes noires. La voiture dans laquelle elle se trouvait a été criblée de balles, après avoir été prise en chasse sur quatre kilomètres par un autre véhicule. Un assassinat ciblé, mûrement préparé.
Une guerre sans fin
La presse nationale brésilienne lui rendait aussi hommage. "Marielle est là ! Tant d'hommages dans le pays." crie O Globo. Tandis que Estado De Minas reprend l'une des dernières phrases de la jeune femme : "Combien faudra-t-il de morts pour que cette guerre se termine ?"

Pas vraiment étonnant alors qu'une fois en politique elle soit devenue la porte-parole de ces habitants. Mais pas seulement : infatiguable activiste des droit humains, elle incarnait aussi un nouvel espoir, le renouveau d'une classe politique corrompue.
Marielle Franco dénonçait depuis un accroissement de la violence policière dans les favelas, quartiers populaires où vit un quart de la population de Rio et où les autorités mènent une guerre sans merci contre le trafic de drogue.
"Combien de gens vont devoir mourir pour que cette guerre prenne fin", avait-t-elle publié dans l'un de ses derniers messages, le 14 mars sur son compte twitter, après une nouvelle tuerie.
Mais um homicídio de um jovem que pode estar entrando para a conta da PM. Matheus Melo estava saindo da igreja. Quantos mais vão precisar morrer para que essa guerra acabe?
— Marielle Franco (@mariellefranco) 13 mars 2018
Une sorte d'indifférence au sommet de l'Etat
Le président Michel Temer, devant les caméras, d'un ton légèrement indifférent, a qualifié cet assassinat "d'inadmissible", évoquant un "attentat à la démocratie et à l'Etat de droit", à l'issue d'une réunion avec plusieurs ministres à Brasilia. Avant de redresser la barre sur son compte twitter : "Je suis solidaire de sa famille et de ses amis, et je les soutiens dans leurs efforts pour que les auteurs de ce crime soient punis." On voudrait y croire...Lamento esse ato de extrema covardia contra a vereadora Marielle Franco. Solidarizo-me com familiares e amigos, e acompanho a apuração dos fatos para a punição dos autores desse crime.
— Michel Temer (@MichelTemer) 15 mars 2018
"Nous exigeons une enquête rigoureuse et immédiate sur l'assassinat de la conseillère de Rio de Janeiro et militante des droits de l'homme, Marielle Franco." #JusticaParaMarielle #JusticeforMarielle pic.twitter.com/GdJm0qSnFf
— Claude El Khal (@claudeelkhal) 16 mars 2018
Marielle Franco, militante brésilienne engagée notamment contre les violences policières & crimes militaires visant la jeunesse noire des favelas, a été exécutée mercredi à Rio. Un cortège #JusticePourMarielle rejoindra la Marche des Solidarités prévue ce 17 mars. RDV 14h Opéra. pic.twitter.com/gReFjcaW4b
— Sihame Assbague (@s_assbague) 16 mars 2018
> Honduras : assassinat de la militante écologiste Berta Caceres
> Jo Cox, une femme, féministe, députée britannique, a été tuée
> Shaima Al-Sabbagh tuée la veille des 4 ans de la révolution égyptienne #JeSuisShaima
> Daphne Caruana Galizia, femme, journaliste, assassinée pour son combat anti-corruption
> En Inde, la journaliste Gauri Lankesh assassinée. Comme Kim Wall ou Anna Politkovskaïa
> Kim Wall : quand le meurtre d'une femme, journaliste, se transforme en polar médiatique
> Qui a tué Anna Politkovskaïa ?