Fil d'Ariane
Chaque jour, Sonnon Palenfo part aux champs, comme beaucoup de femmes, mais elle, est propriétaire de ses terres. Depuis la mort de son mari, il y a 17 ans, elle est devenue le chef de famille et l'exploitante de ces cultures. "Tout cet espace que vous voyez, c'est moi qui l'exploite, assure Sonnon. Il n'y a pas d'homme ici à la maison."
Du mil, du maïs, du riz, quelques légumes..., les plantations sont fructueuses cette année. "Les légumes que nous avons cultivés, je les amène au marché, explique Almatou PALENFO, la fille de Sonnon. Cela nous permet d'avoir des petits revenus."
Il faut inculquer aux enfants des valeurs d'intégrité et de courage
Sonnon Palenfo
Sonnon a une quinzaine de bouches à nourrir : enfants et petits-enfants. "J'ai deux fils qui ont immigré et m'ont laissé leurs enfants, confie Sonnon. Il faut que je cultive pour les nourrir, pour ne pas qu'ils aillent voler chez les autres et aussi pour assurer leurs scolarités. Il faut inculquer aux enfants des valeurs d'intégrité et de courage."
Du courage, elle n'en manque pas. La coutume aurait voulu qu'elle se remarie à un frère de son mari pour qu'un homme s'occupe de la famille. Elle a refusé. Les agriculteurs alentour voient cela d'un mauvais oeil et voudraient l'exproprier. "C'est l'homme qui marie la femme et l'amène chez lui, assure Gnowil KAMBOU, un voisin. Donc, même quand le mari meurt, sa femme ne peut pas hériter de ses terres. Ce sont les frères et cousins du défunt qui héritent. La question de la terre ne concerne pas les femmes. Jamais."
Malgré les pressions sociales et les menaces, Sonnon tient à son autonomie. A plus de 60 ans, elle regorge d'énergie et maintient le cap. Elle aimerait tant que les hommes posent enfin un autre regard sur les femmes...